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Bilan alarmant sur vingt ans du mal logement


La Fondation Abbé Pierre a rendu public en février dernier son 20e rapport annuel sur le mal-logement. Une occasion de revenir sur vingt années de politique du logement avec, au centre, le constat amer d’une situation qui s’est largement dégradée au fil du temps.

Afin de retracer au plus près ce qu’ont été les politiques du logement dans cette période, quatre anciens ministres du logement étaient appelés à témoigner de leurs actions respectives pour sinon résoudre du moins atténuer ce qu’on appelle désormais la crise du logement.

Tour à tour Louis Besson, Gilles de Robien, Benoist Apparu, Cécile Duflot ont rappelé les dispositifs qu’ils avaient mis en place en défendant bec et ongles leurs choix respectifs. Si chaque politique mise en œuvre a effectivement produit du logement et plus particulièrement du logement social, le constat final s’est révélé néanmoins sans appel.

À aucun moment de cette période les objectifs fixés de construction n’ont pu être atteints. D’où un fossé qui n’a cessé de se creuser face aux besoins grandissants notamment des populations les plus démunies. Autre faiblesse marquante, le manque de cohérence sur le long terme marqué d’un empilement de dispositifs et de changements de caps, fruits des fréquents changements ministériels – onze ministres en 20 ans – avec à peu près autant de réformes à la clé. Une situation d’autant plus frappante que l’actuelle ministre, Sylvia Pinel, invitée à répondre aux nombreuses interrogations de l’Assemblée était à son tour porteuse de nouvelles orientations.

Et en dépit de la multiplication d’annonces ministérielles on ne voit pas s’inverser les tendances à la baisse de la construction amorcées de longue date. L’étude de la Fondation Abbé Pierre estime la demande potentielle de logements par an entre 330.000 et 360.000 jusqu’en 2020 à laquelle il faut ajouter un déficit cumulé évalué autour de 800.000. Cela amène nombre de spécialistes à prôner la nécessité de produire 500.000 logements par an pour sortir de l’ornière. Or 2014 pourrait être, en l’état des premières données, la pire année en ce domaine depuis 2002 avec seulement 300.000 constructions.

Conséquences pénalisantes

Côté logements sociaux, si indéniablement le rythme de production s’est accru assez nettement durant la même période, le nombre de logements produits actuellement – 117.000 – reste encore éloigné de l’objectif fixé de 150 000. Résultat en années cumulées, le manque de logements sociaux s’avère crucial. Ainsi, l’année passée seulement 467.000 logements sociaux ont pu être attribués face à 1,8 million de demandes en attente.

La situation est encore plus alarmante concernant les situations d’urgence. Ainsi le 115 totalement débordé n’est plus du tout en mesure de répondre à l’ensemble des demandes. Durant l’hiver 2013-2014 seules 138 000 nuitées d’hébergement d’urgence ont été attribuées sur 355 000 demandes.

Quant au recours Dalo (Droit au logement opposable) il n’a permis le relogement que de 75 000 personnes sur 147 000 reconnues prioritaires dont certaines depuis plus de… 5 ans.

Nombre d’études en attestent, le mal-logement engendre des conséquences pénalisantes sur l’ensemble de la vie des personnes concernées, cela dans de multiples domaines : santé, accès à l’emploi, éducation des enfants, vie familiale… Plus que jamais en période de crise, l’accès de tous à un logement décent apparaît comme une exigence.

Jean-Paul Rueff

Pour la présentation de son 20e rapport, la Fondation Abbé Pierre avait invité quatre anciens ministres du logement : Benoist Apparu, Louis Besson, Gilles de Robien et Cécile Duflot, ici entourés par Christophe Robert (à gauche) et Patrick Doutreligne (à droite) de la Fondation Abbé Pierre. ( photo Séb Godefroy/fap)