Le rapport 2021 du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat
Le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental (Giec) présente le tableau le plus complet et le plus à jour de la situation climatique mondiale. C’est le fruit de trois ans de travail de 234 auteurs de 66 pays. Ce document est le premier volet du sixième rapport. Les deux autres parties, portant sur les impacts et sur les solutions, seront achevées en 2022.
L’impact de l’homme sur le changement climatique est « sans équivoque »
Les activités humaines sont à l’origine du changement climatique mondial avec l’effet réchauffant des gaz à effet de serre. Avec + 1,1 °C depuis 1850-1900, elles ont fait grimper la température mondiale à un rythme sans précédent depuis au moins 2 000 ans.
« Il apparaît que l’influence humaine est le principal facteur de recul généralisé des glaciers, du recul de la glace de mer près de l’Arctique, du recul du manteau neigeux, de la montée du niveau des mers depuis les années 1970 ou encore du réchauffement en profondeur de l’océan sur les premiers 700 mètres », précise Valérie Masson-Delmotte, coprésidente du groupe 1 du Giec depuis 2015.
Les événements extrêmes sont aussi favorisés par l’homme
Plus aucun doute non plus, Homo sapiens affecte de nombreux événements météorologiques et climatiques (vagues de chaleur, pluies torrentielles, sécheresses, cyclones tropicaux…), rendus plus fréquents et plus intenses. « Certains événements récents, typiquement comme les vagues de chaleur en juin 2019 en France, auraient été très improbables sans l’influence de l’homme sur le climat. » Cette tendance va se poursuivre au cours des prochaines décennies. Par exemple les pluies extrêmes vont grimper de 7 % à chaque degré supplémentaire.
Ce rapport est « l’avertissement le plus sévère jamais lancé sur le fait que le comportement humain accélère de manière alarmante le réchauffement climatique », souligne le président de la prochaine Conférence des Parties des Nations unies (COP26).
Toutes les régions du monde sont concernées
Au cours des prochaines décennies, les changements climatiques s’accentueront partout sur la planète. La publication 2021 du Giec s’accompagne d’un atlas interactif pour visualiser tous les dérèglements en cours et à venir. Le pourtour méditerranéen est particulièrement affecté. Les conditions sèches, chaudes et venteuses qui favorisent les feux de forêt vont s’accentuer à mesure de l’ampleur du réchauffement.
Dans tous les scénarios d’émissions de gaz à effet de serre (à l’exception du plus optimiste), le seuil de réchauffement mondial de + 1,5 °C sera dépassé dans un avenir proche (entre 2021 et 2040) et la planète restera au-dessus de ce seuil symbolique jusqu’à la fin du siècle. La trajectoire actuelle se situe à près de + 3 °C par rapport à l’ère préindustrielle, soit au-dessus des 2 °C visés par l’accord de Paris.
Tout n’est pas (complètement) perdu
Les glaciers des montagnes et des pôles sont condamnés à fondre pour encore des décennies voire des siècles, mais il est possible d’atténuer la montée du niveau des mers ou l’intensification des vagues de chaleur en limitant le réchauffement, assure Valérie Masson-Delmotte. « Si l’on réduisait fortement, rapidement et durablement les émissions de gaz à effet de serre, on en verrait les bénéfices dans 10 ou 20 ans. » En tête des préoccupations, le dioxyde de carbone (CO2), mais également les émissions de méthane (CH4) dont les réductions substantielles et immédiates limiteraient l’emballement des températures et amélioreraient la qualité de l’air.
Nicole Chauveau
La hausse inquiétante des émissions de méthane
S’il reste présent moins longtemps dans l’atmosphère que le dioxyde de carbone, le méthane a un pouvoir de réchauffement bien supérieur.
40 % des émissions de méthane sont naturelles, le reste est émis par les activités humaines :
– élevage de bétail ;
– combustion de la biomasse ;
– biocarburants ;
– décharges et déchets ;
– production, transport utilisation des énergies fossiles.