UNION CONFÉDÉRALE CFDT DES RETRAITÉS

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Le siège de Paris, prélude à la Commune


Paris a connu de nombreux sièges au cours de son histoire, le dernier eut lieu voilà 150 ans, pendant la guerre de 1870. Les Prussiens encerclent Paris du 19 septembre 1870 au 28 janvier 1871, date de l’armistice. La Commune, cette insurrection parisienne, tentative de démocratie directe et sociale, trouve des éléments déclencheurs dans les épreuves traversées par la capitale durant ce long siège.

Après la défaite de Sedan et la capture de Napoléon III, la population parisienne proclame la République à l’Hôtel de Ville, le 4 septembre 1870, et met en place un gouvernement de Défense nationale. Alors que les armées prussiennes déferlent sur la France, Paris organise sa défense. La capitale est une ville fortifiée avec un mur d’enceinte et des forts. Des canons sont installés sur les points élevés. Les forces militaires semblent importantes, près de 500 000 hommes. En fait, une partie seulement est composée de régiments aptes au combat, les autres forment la Garde nationale, cette organisation du peuple en arme, initiée lors de la Révolution française et constituée d’ouvriers, d’artisans, de bourgeois peu disciplinés et peu entraînés. C’est devant une ville forte de deux millions d’habitants que Bismarck fait mettre le siège en espérant la faire plier par la faim.

Paris isolé

Dès le début de l’encerclement, les Prussiens détruisent les lignes de chemin de fer et coupent les câbles télégraphiques. Les Parisiens utilisent pour leurs communications divers stratagèmes plus ou moins efficaces. Des boules métalliques ou en verre, formant des sphères légères et étanches, portées par le courant de la Seine et dans lesquelles on met des messages, mais les Prussiens mettent des filets pour les récupérer. Et les nombreux pigeons voyageurs sont attaqués par des faucons que l’ennemi a fait venir d’Allemagne. Plus de soixante ballons dirigeables vont quitter Paris de nuit, avec documents et passagers. Quelques-uns vont se perdre dans l’Atlantique ou atterrir en Allemagne, mais un certain nombre vont réussir. Ainsi Gambetta quitte Paris en ballon pour organiser les armées de province. Cependant, malgré ses efforts, les contre-attaques échouent les unes après les autres. Paris n’arrive pas à desserrer l’étreinte. Les tentatives de percées du blocus (batailles de Champigny, du Bourget, de Buzenval) se soldent par de sanglants échecs. À partir de fin décembre, les canons Krupp envoient des milliers d’obus sur la capitale. Les Parisiens se réfugient dans les caves, de nombreuses maisons sont détruites, des hôpitaux et des monuments sont endommagés.

Souffrance et abandon des assiégés

La famine menace. On mange les nombreux chevaux, les chats, les chiens, tous les animaux du Jardin des plantes, éléphant compris. Dès novembre, le rat se vend deux francs pièce, alors que la solde d’un garde national est de 1,50 franc par jour. L’hiver est particulièrement rigoureux avec des températures jusqu’à moins 20 degrés et la Seine est prise par les glaces. Il n’y a plus ni bois ni charbon. Mais malgré la faim, le froid, le chômage, l’élan patriotique est intact et l’effervescence politique ardente. Multiplication des journaux, clubs révolutionnaires, débats enflammés sur la conduite de la guerre, journées insurrectionnelles. Sur le territoire, les défaites s’accumulent, les armées prussiennes sont sur la Loire et le gouvernement de Jules Favre entame des négociations qui aboutissent à un armistice le 28 janvier 1871. La population parisienne, qui a enduré le siège avec héroïsme, se sent humiliée, abandonnée par la province, trahie par ses dirigeants. Dans ce climat explosif, quelques semaines plus tard, le peuple de Paris se soulève, c’est la Commune.

Françoise Berniguet

La Garde nationale devant la colonne Vendôme avec femme et enfant au sol, Commune de Paris.
Auguste Bruno Braquehais, CC0 Paris Musées / Musée Carnavalet