UNION CONFÉDÉRALE CFDT DES RETRAITÉS

Notre activité


Le témoignage d’un chef de service d’une unité de soins palliatifs (2/2)


Claude Grange, chef de service d’une unité de soins palliatifs pendant vingt-cinq ans, a accompagné des milliers de patients en fin de vie.

« Au fond, je suis devenu au fil du temps une sorte d’accoucheur. On en a fini avec le “tu enfanteras dans la douleur”. […] Donnons-nous la chance d’accoucher les gens de leur mort, sans douleur et, ainsi, d’améliorer les conditions du mourir, sans pour autant donner la mort. »

Tout au long d’un petit livre d’une centaine de pages, à travers des cas concrets et d’histoires à chaque fois singulières, le médecin aborde des questions d’actualité telles que l’euthanasie ou le suicide assisté, mais aussi les rapports avec la famille, l’explication des différents soins à donner en fin de vie. Où est-il préférable de mourir en fin de vie, à l’hôpital ou à la maison ? Comment sauver la dignité du malade ? Comment supprimer ou diminuer sa souffrance ?

Comment mettre fin aux préjugés ? « La morphine ne tue pas, elle endort, dans la phase terminale, le patient n’a ni faim ni soif et donc pas de souffrance liée à ce manque. Le seul symptôme gênant est une sécheresse dans la bouche. Faut-il ou non arrêter les traitements en fin de vie ? »

L’importance des directives anticipées

Ne pas attendre que le résident perde ses fonctions cognitives pour s’enquérir de ses volontés, en parler avec les familles, se référer aux directives anticipées. Les trois besoins d’une personne en fin de vie doivent être respectés : ne pas souffrir, ne pas être abandonné, ne faire que ce qui fait sens pour le malade.

Le droit à la sédation profonde et continue est autorisé par la législation française, mais elle est souvent difficile à faire accepter à certaines familles suivant leur religion, car faire dormir est pour certains déjà faire mourir. « Si l’intention première est de soulager une souffrance majeure, alors le risque d’abréger la vie est acceptable. C’est la notion du double effet. Un acte ayant à la fois un bon et un mauvais effet peut se réaliser à condition que le bon effet soit supérieur au mauvais. » « On le dit au malade, à la famille, cela ne pose aucun problème car notre intention première est le soulagement. Ce n’est pas la même chose que d’injecter un produit avec l’intention de faire mourir. Cela reste une démarche individuelle. »

Danielle Rived

Du livre au film Costas-Gavras, 92 ans, s’inspire du livre Le Dernier souffle de Claude Grange pour réaliser un film sur la mort, pour réfléchir et livrer ses sentiments : « J’ai pris des libertés avec la gravité du sujet, comme dans une tragédie grecque où il arrive très souvent qu’on sourie, voire qu’on rie. Aujourd’hui, la mort se cache. Elle est marginalisée, alors que jadis, elle était intégrée à la vie. »

Pour Régis Debray, « la mort sépare, mais elle rassemble aussi. Je suis absolument pour les enterrements et les funérailles. Ce sont les derniers moments de retrouvailles dans notre société. »