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Les Français et la vaccination anti-Covid, réticences et engouement !


Un sondage publié en novembre 2020 montrait la réticence des Français face au vaccin anti-Covid, mais un revirement s’est produit depuis le démarrage de la vaccination. Pourquoi ces réticences ? Pourquoi l’engouement actuel ?

Un sondage Ipsos, publié en novembre 2020, montrait que seulement 54 % des Français se feraient vacciner contre la Covid-19 lorsqu’un vaccin serait disponible, autrement dit, le taux le plus bas des 15 pays testés par l’institut. Pourquoi une telle réticence ? 35 % des sondés disaient craindre que les essais cliniques n’aient été faits trop rapidement. 32 % s’interrogeaient sur d’éventuels effets secondaires. 13 % mettaient en avant une réticence aux vaccins de manière générale. 12 % avaient des doutes sur la réelle efficacité d’un tel vaccin.

Une confiance à reconstruire

De façon plus générale, les études montrent que la France est l’un des pays les plus hostiles à la vaccination. Il est vrai qu’un certain nombre de scandales médicaux ont affaibli la confiance. On peut citer la Dépakine, le thalidomide, le Mediator, le sang contaminé, ou les soupçons de liens entre sclérose en plaques et vaccin contre l’hépatite B.
Pourtant, pour que le vaccin constitue un tournant dans l’épidémie, il faut que la couverture vaccinale soit suffisamment élevée. En effet, pour atteindre l’immunité collective, il faut qu’environ 80 % de la population soit vaccinée. Cela suppose donc transparence sur le vaccin et pédagogie quant à la stratégie mise en place telle que la priorisation des publics à vacciner ou la simplification du parcours vaccinal.

Un revirement aussi important qu’inattendu

Dès le démarrage de la vaccination, les standards téléphoniques sont pris d’assaut, les plannings d’inscriptions se remplissent. Cet engouement s’explique notamment par le fait que les équipes des Ehpad se sont rapidement attelées à la recherche du consentement des résidents et ont cherché à rassurer les familles en leur fournissant des documents d’information pour désamorcer leurs inquiétudes. En parallèle, les médecins coordonnateurs ont organisé des consultations pré-vaccinales. De même, des chartes éthiques ont été rédigées, s’appuyant sur les modalités mises en place dans le guide Organisation de la vaccination en Ehpad publié par le ministère des Solidarités et de la Santé.
Ce revirement a d’autres causes : la gravité de la maladie et la virulence du virus, mais aussi la nécessité de faire face à un triple désastre à la fois social, économique et sociétal. Combien de grands-parents souffrent de ne plus voir leurs petits-enfants, combien de petits-enfants souffrent de ne pouvoir embrasser leurs parents et grands-parents. Combien d’étudiants craignent de ne pouvoir poursuivre leurs études faute de petits boulots ou de perdre leur année faute de pouvoir se concentrer lorsqu’ils sont en télé-enseignement. Sans oublier tous ceux qui ne peuvent travailler et voient leurs conditions de vie devenir de plus en plus précaires et les nombreuses entreprises qui vont devoir stopper leur activité.

Annie Kuhnmunch

Pourquoi le développement des vaccins contre la Covid-19 est-il allé si vite ?

L’élaboration d’un vaccin prend plusieurs années. Mais l’urgence sanitaire a mobilisé des moyens financiers et scientifiques sans précédent dans le monde entier. Pour ne citer que l’Union européenne, elle a annoncé avoir investi plus de 50 millions d’euros. De même, plusieurs milliards ont été débloqués aux États-Unis pour accélérer le développement des vaccins. Ces moyens financiers ont permis d’avancer vite.
Par ailleurs, les phases des différents essais cliniques, habituellement espacées, ont pu être menées rapidement et conjointement, ce qui a été rendu possible par les progrès de la recherche couplés à la maîtrise des nouvelles technologies telles que l’ARN messager. De même, des procédures souples et accélérées ont été utilisées, permettant de lancer très tôt la production des vaccins.

L’urgence sanitaire a mobilisé les scientifiques du monde entier.
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Une charte éthique vaccinale proposée aux Ehpad

Elle a été élaborée par la Cellule de soutien éthique Covid-19 de l’Espace de réflexion éthique Bourgogne-Franche-Comté (EREBFC). Cette charte décline les principes éthiques à prendre en compte dans la pratique vaccinale adoptée en Bourgogne-Franche-Comté. Délivrer aux résidents une information faisant état des bénéfices et des risques de la vaccination, en conformité avec l’état des connaissances scientifiques actuelles. Rappeler que les gestes barrières ainsi que les mesures de distanciation sociale devront être maintenus. Recueillir le consentement lors d’une consultation effectuée par le médecin traitant habituel du résident. Concernant les résidents atteints de troubles cognitifs, il est précisé que la personne de confiance ou la famille joue un rôle consultatif et non décisionnel. Informer, au moment de l’acte vaccinal, le résident que la vaccination va être faite.

Le fonctionnement de l’ARN messager

La communauté des chercheurs travaillant sur l’ARN messager annonce depuis vingt ans qu’en cas de pandémie, cette technologie permettrait d’obtenir un vaccin dans des délais très courts. L’épidémie de coronavirus a fourni l’opportunité de confirmer ce potentiel en conditions réelles. En effet, alors que la technique traditionnelle des vaccins consiste à injecter un virus inactivé (ou atténué) pour que le corps apprenne à s’en défendre, la technique de l’ARN messager consiste à envoyer un message à l’organisme sous la forme d’un morceau d’ADN. Son but est d’inciter l’organisme à fabriquer lui-même une fraction inactive du virus, puis les anticorps pour lutter contre ce virus.

Le paradoxe du vaccin

Professeur émérite de la chaire d’histoire de la santé à l’École des hautes études en santé publique (EHESP), Patrick Zylberman évoque d’abord les épidémies récentes dans le monde occidental, comme celle de la rougeole, qui ont pu se développer parce qu’un certain nombre de personnes n’avaient pas été vaccinées. Il étudie les causes du scepticisme à l’égard des vaccins, analyse les mouvements anti-vaccin, leur histoire, leur influence sur l’opinion publique, les réactions de l’État lors de crises sanitaires. L’auteur met en lumière le paradoxe du vaccin : quand il fait défaut, sa nécessité est évidente parce que les gens meurent ; quand on en dispose, certains en ont plus peur que de la maladie dont il protège, et partent en croisade... contre la vaccination.

La Guerre des vaccins, Patrick Zylberman, Odile Jacob, 352 pages.