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Les Françaises et le droit de vote


Pour cette élection présidentielle, 52,2 % des inscrits sur les listes électorales sont des électrices. Et pourtant, ce n’est que le 21 avril 1944 que le droit de vote et d’éligibilité leur est conféré sous l’impulsion du général de Gaulle et du député communiste Fernand Grenier. Mais cette reconnaissance de leur statut de citoyennes à part entière est l’aboutissement d’une longue lutte des femmes.

La Révolution de 1789, pourtant matrice des idées de liberté et d’égalité, est résolument misogyne et évince les femmes de la vie politique. Dans un texte intitulé « Sur l’admission des femmes au droit de cité », le mathématicien et philosophe Condorcet est l’un des rares révolutionnaires à réclamer des droits pour les femmes. Ses idées, en avance pour son temps, le conduiront à la prison et à la mort. Olympe de Gouges connaît le même sort funeste. En septembre 1791, la « Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne » veut faire écho à la « Déclaration des droits de l’homme et du citoyen ». Ses revendications féministes vont la conduire à la guillotine avec ce commentaire : « Elle voulut être Homme d’État et il semble que la loi a puni cette conspiratrice d’avoir oublié les vertus de son sexe. »

Les arguments

Pour écarter les femmes du droit de vote, un double argumentaire est omniprésent. Il repose sur leur prétendue spécificité. Tout d’abord, on affirme que les femmes valent mieux que les luttes politiques, elles y compromettraient leur dignité d’épouse et de mère ! Mais aussi, dans un autre propos, contradictoire du précédent, et parfois tenu par les mêmes, elles sont influençables et immatures et ne peuvent prendre une part intelligente à la vie du pays.

À ces arguments spécieux s’ajoute, sous la Troisième République, un calcul politique. Le poids du catholicisme est important et les sénateurs qui appartiennent majoritairement à la gauche anticléricale redoutent que les femmes soient inféodées à l’Église et renforcent la droite et les cléricaux. Par quatre fois, dans l’entre-deux-guerres, le Sénat bloque un projet de loi voté par la Chambre des députés accordant l’électorat aux femmes. Même en 1925, quand les députés proposent un droit de vote restreint aux élections locales, même en 1936 avec le Front Populaire !

Activisme des luttes suffragistes

Au XIXe siècle, en France, les luttes suffragistes sont actives sous la forme de journaux et d’associations. Hubertine Auclert (1848-1914) fonde, dès 1876, la Société du Droit des femmes qui soutient le droit de vote et lutte contre la rétention du pouvoir par les élites masculines. À partir de 1903, le terme suffragette pour désigner ces femmes engagées se popularise. Les associations, nombreuses, veulent rendre leur combat visible. En 1908, des urnes sont renversées dans des bureaux de vote. En avril 1914, un référendum sauvage est organisé posant la question : « Mesdames, Mesdemoiselles, désirez-vous voter un jour ? ». Réponse : plus de 500 000 oui, pour une centaine de non. En juillet, une grande marche féministe a lieu à Paris vers la statue de Condorcet. Après la guerre, dès 1918, la lutte reprend.

Louise Weiss (1893-1983), journaliste qui sera élue députée au Parlement européen à 86 ans, est une figure importante du mouvement des suffragettes entre les deux guerres, faisant avancer sa cause par des provocations et des actions spectaculaires destinées à attirer l’attention de la presse. Et le 29 avril 1945, pour la première fois, 12 millions de femmes se rendent aux urnes pour les élections municipales. La France est l’un des derniers États d’Europe à faire accéder les femmes à l’égalité des droits civiques.

Françoise Berniguet

Louise Weiss, devant le micro, lors d’une manifestation à Paris en 1937.
gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France