Les artistes souffrent des restrictions budgétaires
Les restrictions budgétaires impactent tous les milieux culturels. Les régions prévoient presque toutes une baisse des subventions pour la culture. Plusieurs milliers d’emplois sont directement menacés. L’accès à la culture est pourtant un droit fondamental.
Gaëtan Levêque est inquiet. Ce responsable du pôle artistique du Plus Petit Cirque du Monde (PPCM), installé à Bagneux, se demande si sa structure aura les moyens de développer de nouveaux projets. « Si du jour au lendemain on n’a plus d’argent, on ne fait plus… », confie-t-il. Il travaille souvent sur des projets qui impliquent directement les habitants des quartiers environnants, notamment dans le cadre de créations artistiques collaboratives.
« Tout le monde a peur de perdre une subvention, tout le monde s’autocensure, a peur de heurter un élu parce qu’un projet évoque un sujet sensible comme la Palestine, le féminisme, les personnes transgenres, etc. À la moindre étincelle, on justifie une réduction de subvention culturelle », constate Gaëtan.

De vives inquiétudes
Les milieux culturels souffrent. Le 17 janvier, le syndicat des cirques et compagnies de création dénonçait un amendement gouvernemental du projet de loi de finances 2025 visant à supprimer 130 millions d’euros au budget du ministère de la Culture. Des régions prévoient presque toutes une baisse des subventions pour la culture. Seules la Bretagne et la Normandie vont continuer à soutenir les acteurs culturels au même niveau qu’en 2024. D’autres régions ont différé le vote de leur budget dans l’attente des décisions quant aux économies demandées.
La réduction de 10,59 millions d’euros dans le budget culturel de la région Pays de la Loire, qui représente environ les deux tiers de l’enveloppe initiale prévue pour la période 2025-2028, a suscité de vives inquiétudes parmi les acteurs du secteur culturel et les collectivités locales, note, entre autres, Le Figaro. Selon le Conseil économique, social et environnemental de la région, plusieurs milliers d’emplois sont directement menacés.
« Un métier passion »
En Île-de-France, le budget voté le 19 décembre prévoit une baisse de 20 % des crédits pour la culture, soit un peu plus de 20 millions d’euros. En Provence-Alpes-Côte d’Azur, la baisse est de 7,8 %. En Nouvelle-Aquitaine, c’est -5,6 % soit 4,4 millions d’euros en moins qui s’ajoutent aux coupes déjà opérées en 2024. En Auvergne-Rhône-Alpes, les crédits pour la culture, amputés depuis 2022, vont encore baisser de -3,5 % en 2025. Enfin, en Centre-Val de Loire, ce sera -3 %.
Même problème du côté de certaines villes. Ainsi, Toulouse « ne va verser que 60 % du montant de la subvention qui est accordée à une structure culturelle et va geler les 40 % restants par mesure de précaution, ne sachant pas quel budget sera alloué à la collectivité », explique Aurélie Hannedouche, directrice générale du Syndicat des Musiques Actuelles (SMA).
« Nous exerçons un métier passion, nous sommes prêts à sacrifier notre confort familial et personnel et à défendre les intérêts du milieu culturel auprès des pouvoirs », affirme Gaétan, pour qui l’accès à la culture est un droit fondamental.
Pour la CFDT, soutenir la culture c’est lutter contre les fractures sociales, s’assurer que tout le monde, quelle que soit sa condition, puisse participer à la vie culturelle, c’est nourrir la capacité des citoyens à analyser, débattre et participer activement à la vie démocratique. La culture protège contre la censure et l’uniformisation des idées. En favorisant l’accès à l’art et au savoir pour tous, elle contribue à réduire les inégalités sociales et territoriales.
[Denis Ritzenthaler
Les revendications de la CFDT pour la culture
– Un financement public suffisant permettant de soutenir la diversité et l’accessibilité culturelle.
– Des conditions de travail décentes contre la précarité des professionnels du secteur culturel.
– L’accès pour tous afin de réduire les inégalités géographiques et sociales dans l’accès à la culture.