Les enjeux du dossier « retraites »
Tous régimes confondus, la France comptait 15,6 millions de retraités au 31 décembre 2013, soit 280 000 de plus qu'un an plus tôt. La retraite constitue le premier poste de dépenses de la protection sociale. Les prestations servies représentent un montant de 307,5 milliards d'euros, soit un septième du PIB. Mais quelles sont leurs évolutions ?
Le comité de suivi des retraites a remis en juillet au Premier ministre son second avis annuel qui lui-même prend appui sur le rapport du Conseil d’orientation des retraites rendu public le 10 juin dernier. Trois grands axes sont retenus dans cet avis : le montant des retraites et le niveau de vie des retraités, l’équité entre assurés, la pérennité financière du système.
En moyenne, en décembre 2013, les retraités perçoivent 1 216 euros nets de pension de droit direct, soit une évolution de + 3,6 % en euros constants par rapport à 2008. Cette « progression » relative s’explique par l’indexation des pensions sur les prix et par l’arrivée à la retraite de générations ayant eu des carrières plus longues et de meilleures rémunérations.
Inégalités entre retraités
Le taux de remplacement (montant de la pension par rapport au dernier salaire net) s’élève à 75 % pour la génération 1953 qui atteint en 2015 l’âge d’ouverture des droits. Mais les taux de remplacement devraient baisser à partir des générations 1950. Ce ratio va repasser sous 60 % autour de 2025. Le montant de la retraite par rapport au dernier salaire baisse au fil des générations.
Le niveau de vie des retraités s’avère légèrement supérieur par rapport à celui de l’ensemble de la population (+3 %), mais inférieur à celui des seuls actifs (-4 %). Du fait de l’indexation des pensions sur l’inflation et non pas sur les salaires, le niveau de vie relatif des retraités va de fait baisser par rapport aux salariés. Du coup, le niveau de vie des retraités ne sera plus que de 81 % à 94 % de celui des actifs en 2040.
Le taux de pauvreté des retraités a, lui, fortement baissé au cours des 40 dernières années. Les retraités sont plutôt mieux lotis avec un taux de pauvreté de 8 % contre 14 % dans l’ensemble de la population. Il subsiste toutefois de fortes inégalités entre retraités.
Négociations cruciales
Le taux de cotisation est passé de 19,6 % pour la génération 1940 à 26 % pour la génération 1962. Il résulte une certaine dégradation du « rendement » du système de retraite entre les générations. Il faut veiller à limiter les « à-coups » entre générations, en partageant les efforts.
Les femmes ont, en moyenne, une pension inférieure de 39,5 % à celle des hommes. L’écart était de 45,4 % en 2004. Même s’ils se réduisent, ces écarts persistent en raison principalement des différences de salaire, et ce, malgré l’effet redistributif des droits familiaux.
Le retour à l’équilibre financier des régimes ne paraît pas possible en 2018. À l’échéance 2020, le solde global du système est principalement dépendant de la trajectoire financière des régimes complémentaires, et des négociations en cours. Notre système de retraite reste d’un bon niveau dans les comparaisons internationales. Une attention particulière doit être portée sur les pensions les plus modestes et sur la répartition de l’effort entre générations.
Les négociations sur les retraites complémentaires doivent se conclure avant fin 2015. Aboutir à un accord sur les retraites complémentaires Arrco-Agirc avant la fin de l’année 2015 est cruciale. Et la réflexion doit se poursuivre pour rendre notre système de retraite moins dépendant de la croissance.
Ombretta Frache
En suivant les régimes
Le régime général des salariés du privé (Cnav) est le plus important avec 13,5 millions de bénéficiaires. Suivent le régime agricole des salariés (MSA salariés) avec 2,5 millions de retraités, la fonction publique d’État (civile et militaire) avec 2,2 millions de retraités et le régime agricole non-salariés (MSA non-salariés) avec 1,6 million de retraités.