Les personnes âgées et la santé
Un mouvement se dessine actuellement dans les médias et dans les milieux gouvernementaux, pour considérer que l'augmentation du nombre de personnes âgées va faire augmenter les dépenses de santé, et, de ce fait, accroître le trou de la sécurité sociale. Où en est exactement la situation des personnes âgées et de la santé ?
Les personnes âgées ne forment pas un bloc homogène. L’âge de 60 ans pris comme seuil est entré dans les mœurs, souvent lié au passage de l’activité salariée à une inactivité professionnelle, pour les 4/5 de cette tranche d’âge. Mais dans ce "troisième âge" il y a plusieurs tranches, qui évoluent au fil des ans. L’amélioration de la santé des personnes de plus de 60 ans, l’allongement de la durée de vie, ont conduit à un "quatrième âge ", au-delà de 80 ans.
Par ailleurs hommes et femmes ne sont pas identiques au cours du vieillissement. Les hommes se soignent moins que les femmes, mais ils coûtent plus cher lorsqu’ils sont contraints de le faire. L’espérance de vie d’une femme de 75 ans était de 13 ans en 2000, alors que celle d’un homme n’est que de 10 ans. De ce fait il y a davantage de veuves que de veufs, et les femmes sont plus nombreuses que les hommes, mais leurs ressources financières sont souvent plus faibles. Les femmes vivant plus longtemps sont naturellement davantage atteintes par les troubles mentaux et les dérèglements de l’âge, de sorte que les années gagnées ne sont pas toutes des années autonomes ou conscientes.
Les atteintes à la santé
Une enquête publiée en 2000 fait état de caractéristiques de santé et de recours aux soins des personnes âgées où l’on peut noter les points suivants.
En moyenne alors que tous âges confondus une enquête fait état de 3,2 affections déclarées (y compris les problèmes dentaires et de vue), plus de sept affections sont déclarées par les personnes âgées de plus de 65 ans.
Si l’on exclut les problèmes dentaires et visuels, au premier rang arrivent les affections cardio-vasculaires (70%), les affections ostéo-articulaires (56%) et les troubles endocriniens et du métabolisme (55%).
La gravité des problèmes dentaires déclarés est très forte ; selon les enquêtés, 37% des personnes de 65 ans et plus ont perdu toutes ou presque toutes leurs dents. 53% de cette classe d’âge porte une prothèse amovible de type dentier.
Maintien à domicile
Le maintien à domicile reste de plus en plus fréquent jusqu’à 80 ans et plus. Mais se pose le problème des aides.
Plus d’un quart des personnes âgées de 60 ans ou plus, soit 3,2 millions d’entre elles, reçoivent une aide en raison d’un handicap ou d’un problème de santé. Le recours à une aide concerne la moitié des personnes âgées de plus de 75 ans. Les personnes âgées dépendantes, classées en équivalent-GIR 1 à 5 sont pratiquement toutes aidées afin de permettre leur maintien à domicile.
Parmi les personnes âgées qui bénéficient d’une aide, près de la moitié d’entre elles sont aidées uniquement par leur entourage. Une aide professionnelle associée à une aide de l’entourage bénéficie à 29 % d’entre elles et une aide uniquement professionnelle à 21 %.
Les aides dispensées concernent le plus souvent les tâches ménagères (pour 80 % d’entre elles) et les soins personnels qui vont, avant tout, aux personnes les plus dépendantes.
Parmi les non professionnels déclarés comme aidants principaux, la moitié sont les conjoints et un tiers les enfants. L’aidant principal est une femme six fois sur dix.
L’hospitalisation
Le taux d’hospitalisation augmente très rapidement après 70 ans tant en matière de recours à l’hôpital que de durée d’hospitalisation, mais une tendance à la diminution de la durée des séjours est assez marquée. En soins de courte durée, trois séjours sur 10 concernaient des plus de 65 ans.
Les maladies de l’appareil circulatoire sont le principal motif de recours à l’hôpital quels que soient l’âge et le sexe. Elles sont à l’origine d’un séjour sur cinq. Par ailleurs elles représentent la principale cause de décès, loin devant les tumeurs et les pathologies respiratoires dont la part augmente cependant régulièrement.
Les autres causes de pathologies sont plus diversifiées selon le sexe. Pour les femmes, trois groupes de pathologies dominent dans des proportions voisines : les maladies du système nerveux (12%), les maladies de l’appareil respiratoire (10,5%), les traumatismes (10%) en raison surtout de la fréquence des fractures du col du fémur.
Pour les hommes, les tumeurs constituent la deuxième cause d’hospitalisation (13%) suivies par les maladies de l’appareil digestif (10%).
Des problèmes de santé spécifiques
Plus que l’âge lui-même, ce sont des maladies ou affections spécifiques comme les pathologies cardio-vasculaires, l’ostéoporose, la dénutrition, les atteintes sensorielles, l’état bucco-dentaire défectueux, mais aussi les troubles de la santé mentale qui altèrent les grandes fonctions et la qualité de la vie.
La prévention de ces affections et de leurs conséquences devient une priorité à cet âge de la vie.
La prévention du vieillissement
Elle relève de deux domaines, l’approche médicale et l’approche sociale.
L’information médicale passe une éducation sanitaire, pour prévenir l’approche de la maladie, mais il apparaît au travers d’études de la CNAV que, s’il est facile d’améliorer les connaissances des problèmes de santé, il est beaucoup plus difficile de faire évoluer les habitudes de vie.
L’évaluation médicale est nécessaire régulièrement, mais souvent négligée par les personnes âgées en bonne santé, et aussi pour des raisons de coût.
L’approche sociale de la prévention relève de trois domaines : l’activité physique, à maintenir en tenant compte des possibilités de l’âge, la lutte contre la solitude et le maintien d’une activité intellectuelle.
Trop de personnes âgées, méconnaissant les possibilités offertes pour participer à des activités peu onéreuses, restent confinées dans leur isolement. La prévention c’est aussi leur faire connaître ce qui existe, dans leur quartier, dans leur commune, au sein d’associations, de clubs santé...
La mise en place des CLIC (Comités locaux d’information et de coordination gérontologique) ou l’existence de comités de coordination gérontologique dans un grand nombre de communes, doivent être largement communiqués à toutes les personnes âgées, pour qu’elles puissent s’y renseigner. Il existe des commissions d’usagers, qui ont des représentants dans les comités de pilotage de ces instances, où il faut que des personnes âgées soient présentes pour demander et organiser l’information et les actions de prévention en direction du grand public âgé.
La maladie d’Alzheimer, problème majeur de l’orée du siècle
La maladie d’Alzheimer fait aujourd’hui l’objet d’une approche évolutive. C’est de loin la première cause d’entrée en institution. Elle a également un retentissement majeur sur les proches, conjoint et enfants, en raison de son caractère particulièrement éprouvant : le retentissement sur "l’aidant" est autant physique (mortalité accrue de 50%) que psychologique ou financier.
Si aucun progrès n’est réalisé dans la prévention d’ici à 2010, la prévalence actuelle de 600 000 cas de démences et 430.000 maladies d’Alzheimer pourraient atteindre respectivement 800.000 et 500.000. A la veille de l’an 2000 le coût pour la collectivité approchait déjà les 8 milliards d’euros.
C’est une maladie triplement injuste : par le niveau de revenu qui permet ou non de payer une aide à domicile, une femme de ménage, etc. ; par le niveau socio-culturel avec une "prime" aux familles les plus revendicatrices ; par l’éloignement géographique des centres experts à même de délivrer une information utile.
La malvoyance des personnes âgées
L’ensemble des études disponibles montre que la prévalence de la déficience visuelle augmente de façon exponentielle avec l’âge, à partir de 50 ans.
Les plus de 75 ans, déficients visuels sont au moins 250 000. A partir de 85 ans, 10 à 15% de la population est concernée, et même 25% en institution.
Le traitement chirurgical de la cataracte est aujourd’hui de très bon pronostic.
La dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) atteint 30% des personnes après 50ans et peut évoluer vers une déficience grave.
La prévention du glaucome chronique repose sur un dépistage systématique.
Publications consultées
– Recensement 1999 : données régionales INSEE
– Données sur la situation sanitaire et sociale en France en 1999. DRESS Collection études et statistiques.
– Les aides et les aidants. Etudes et résultats (n°142) 2001 DRESS
– Vivre actif pour prévenir les effets de l’âge. Document CNAV (1995)
– La santé des français (3ème bilan du haut comité de la santé publique) (2002)Edition la découverte