Les profondes mutations de l’emploi en 50 ans
En cinq graphiques (diaporama en fin d'article), vous constatez les changements dans l'emploi depuis les années 50 ! Nous le savions, nous l'avons vécu, les études récentes le démontrent.
Au début des années 1960, la main-d’œuvre est très majoritairement masculine, plutôt ouvrière et peu qualifiée. Souvent, seul le chef de ménage exerce une activité hors du domicile. C’est le règne de la grande entreprise industrielle marquée par le travail à la chaîne, avec surtout des contrats de travail à durée indéterminée et à temps plein.
Aujourd’hui, l’emploi apparaît plus « éclaté », qu’il s’agisse des statuts et des situations d’activité entre l’emploi et le chômage, des durées et rythmes de travail, des modes de rémunération ou des unités productives. Au cours de ces cinquante dernières années, l’emploi s’est féminisé, tertiarisé et urbanisé, il est devenu plus qualifié mais aussi moins jeune. Les contraintes associées au travail ont progressivement changé de nature avec la montée des flexibilités : moins de fatigue physique mais davantage de stress au travail.
Au recensement de 1962, le nombre de personnes occupant un emploi en France métropolitaine était de l’ordre de 19 millions, dont les deux tiers étaient des hommes. Quarante-cinq ans plus tard, en 2007, et toujours d’après le recensement de la population, il avoisine 26 millions et se partage presque à parts égales (53 % - 47 %) entre hommes et femmes.
Moins d’ouvriers, plus d’employés
La féminisation de l’emploi va de pair avec un bouleversement de la structure sociale. Ainsi, plus de quatre ouvriers sur cinq sont des hommes, tandis que près de quatre employés sur cinq sont des femmes. Les premiers ont peu à peu laissé la place aux secondes alors que, pendant plus d’un siècle, l’ouvrier a été la grande figure de notre société. En 1962, ils sont 7,4 millions (dont 0,8 million d’ouvriers agricoles), soit 39% de la population en emploi. Aujourd’hui, on en recense moins d’un emploi sur quatre. C’est la composante la moins qualifiée qui a été la plus touchée, du moins jusqu’au milieu des années 1990 : les mesures d’allègement des charges sociales pour les bas salaires alors prises, ainsi que le développement du travail à temps partiel, ont favorisé l’emploi non qualifié, employé ou ouvrier.
Les professions salariées non ouvrières ont progressé de façon continue. La part des employés s’accroît de dix points (18,3% en 1962, 28,4% en 2007). Le poids des professions intermédiaires progresse de près de 14 points (de 11,1% à 24,8%) et celui des cadres de plus de 11 points (de 4,7% à 15,8%).
Évolution du travail féminin
Les femmes accèdent, beaucoup plus souvent qu’auparavant, à des postes d’encadrement. Mais par ailleurs, elles occupent fréquemment des emplois faiblement qualifiés dans les secteurs des services. Le développement de ces emplois de service, souvent assurés autrefois dans la sphère domestique, a d’ailleurs été une condition de l’accès des femmes aux postes les plus qualifiés, en élargissant les possibilités de garde d’enfants, de prise de repas à l’extérieur du domicile...
Alors que les inégalités entre sexes régressent très progressivement, se sont ainsi ajoutées de nouvelles formes d’inégalités entre les femmes elles-mêmes : d’un côté, les femmes bénéficiant d’une carrière intéressante et bien rémunérée, pouvant concilier le modèle masculin de réussite professionnelle avec la vie de famille et les contraintes domestiques, de l’autre celles qui connaissent la précarité de l’emploi, le temps partiel contraint, les bas salaires et qui ne peuvent se faire aider dans la sphère domestique.
Source : Insee Première n°1312, septembre 2010.