Les raisons d’un engagement
Né en 1940, Philippe Herzog passe sa jeunesse en Lorraine où son père est directeur de recherches aux Aciéries de Pompey et de Pont-à-Mousson.
Après Polytechnique, il entre au service de la comptabilité nationale de l’Insee. Il est ensuite affecté au service des études économiques et financières. Il est également professeur de sciences économiques à l’université de Nanterre.
Sa vie le conduit à adhérer au parti communiste en 1965 : membre du comité central en 1972 puis du bureau politique en 1979, il est qualifié « d’homme de grande valeur ».
Négociateur du « programme commun » de la gauche, il dirige la section économique du PCF qui est alors une ruche et un lieu de débats avec des personnalités comme Henri Jourdain et Paul Boccara.
La distance s’installant entre la section économique et le bureau politique, il finit par quitter le PCF en 1996 et son engagement européen prend le dessus. On découvre aussi un cheminement politique un peu particulier pour un responsable communiste de l’époque.
Philippe Herzog déclare : « J’ai voté Giscard d’Estaing en 1981 pour gagner du temps et mieux préparer les communistes à la mondialisation. » Des considérations assez voisines le conduisent à voter Sarkozy en 2007.
Son engagement s’illustre dans deux directions : le dialogue conflictuel dans la société civile et l’engagement européen. Ainsi la création de l’association Confrontations Europe en 1992 (avec Michel Rocard, Jean Peyrelevade, Jean-Christophe Le Duigou et Jean-Pierre Brard) est « fondée délibérément sur la diversité des sensibilités et de professions dont les idées peuvent diverger mais qui veulent soumettre à la “confrontation” leurs recherches et leurs expériences ».
Présidée par Marcel Grignard depuis juin 2014, elle réunit à la fois des représentants des entreprises, des fonctionnaires, des syndicalistes, dans un esprit constructif européen. L’engagement de Philippe Herzog se traduit par les mandats successifs de parlementaire européen (de 1989 à 1999 puis de 2000 à 2004) et de conseiller spécial (de 2010 à 2015) du Commissaire européen Michel Barnier.
Ces deux piliers, associatif et institutionnel, permettent de développer un travail intellectuel européen créatif qui se poursuit aujourd’hui et à alimenter de nombreuses publications. Il ressort de cet ouvrage une véritable volonté de « dialogue participatif » et un esprit européen constructif.
Jean-Pierre Moussy
D’une révolution à l’autre – Mémoires, Philippe Herzog, Éditions du Rocher, 376 pages, 21,90 €.