Les retraites dans les pays de l’OCDE sous l’angle économique
Le panorama des pensions 2023, publié par l’OCDE* et le G20**, observe l’évolution des pensions dans les 38 pays qui composent ces organisations. Il aborde cette question sous quatre angles (indexation, âge de départ en retraite, écart homme/femme et professions dangereuses). Henri Lourdelle, conseiller spécial auprès de la Ferpa***, a commenté ce panorama pour Fil Bleu.
Sur la question de l’indexation des pensions, le panorama constate que, dans la moitié des pays concernés, une indexation sur les prix ou sur les salaires – et parfois les deux – protège les retraités de l’inflation. Les experts observent que cette protection s’avère coûteuse mais suggèrent que les plus hautes pensions acceptent une revalorisation moindre pour alléger l’effort des salariés. « La Ferpa ne choisit pas une indexation plutôt qu’une autre, elles ont chacune leur intérêt selon les années », commente Henri Lourdelle. « L’important, c’est que les retraités puissent vivre dignement et profiter des fruits de la croissance. »
Le document de l’OCDE établit l’âge moyen de départ en retraite pour les hommes à 64,4 ans, mais il passera dans le futur à 66,3 ans, avec des disparités selon les pays, de 62 à 70 ans. La Suède a opté pour un âge de départ ajusté sur l’évolution de l’espérance de vie. La Slovaquie reculera l’âge de départ d’une année pour chaque année d’espérance de vie gagnée !
« Cet indicateur ne distingue pas l’espérance de vie moyenne de l’espérance de vie en bonne santé qui importe vraiment, analyse Henri Lourdelle. En s’alignant sur cet indicateur, on ne pourra jamais jouir de la retraite. C’est pourquoi, la Ferpa tient à un âge légal auquel il ne faut pas toucher. Après une vie de travail, il est légitime qu’on ait droit à une autre vie avec des ressources à la hauteur. »
Ambiguïté sur l’employabilité des personnes âgées
Le panorama précise que « seuls la Colombie, le Costa Rica, la Hongrie, Israël, la Pologne et la Turquie conserveront encore un âge normal de départ différencié pour les hommes et les femmes ». Par ailleurs, le niveau des pensions des femmes est toujours inférieur de celui des hommes. « Pour le mouvement syndical, explique Henri Lourdelle, le principe intangible est : à cotisations égales, prestations égales ! Mais derrière cela, il y a l’enjeu de la qualité de l’emploi et des rémunérations. Les femmes ont souvent des carrières fragmentées et des salaires moins élevés. »
Une quinzaine de pays appliquent des dispositions spéciales pour les retraités ayant exercé des professions dangereuses. Le panorama préconise d’améliorer les conditions de travail et de faciliter les transitions professionnelles pour permettre aux salariés de terminer leur carrière. « C’est une bonne idée mais ça reste souvent difficile à mettre en œuvre, affirme Henri Lourdelle, il vaut mieux éliminer à la base toutes les pénibilités, en lien avec les partenaires sociaux. La clé, c’est la prévention et le rythme de travail. Au-delà de ce débat, il y a une ambiguïté sur le terme d’employabilité des personnes âgées. Ça signifie-t-il qu’il faut éviter que les salariés soient éjectés du travail à 55 ans ou bien qu’il faut travailler après l’âge légal ? »
Si le syndicaliste juge ce panorama intéressant, il estime qu’il « oublie la dimension sociale de la retraite, soit la nouvelle vie que méritent les retraités. Il y a une responsabilité de la nation par rapport aux retraités qui ont fait la nation d’aujourd’hui. Il est donc normal que les pouvoirs publics garantissent des pensions décentes au-delà des cotisations. »
[Didier Blain
*OCDE, Organisation de coopération et de développement économique (38 pays membres).
**Le G20 est le Groupe des 20 pays les plus riches.
***Ferpa, Fédération européenne des retraités et personnes âgées.