Dès 1992, une directive européenne donnait obligation de remplacer l’amiante par d’autres matériaux présentant les mêmes garanties techniques et un risque moindre pour la santé. On a mis de la cellulose, des fibres synthétiques pour armer les ciments. On a commencé à remplacer l’amiante dans les revêtements par des fibres de verre. Mais ce n’est qu’après 1997 que cette obligation a été effective.

Nous avons donc maintenant un certain recul sur ces produits de substitution de l’amiante. Leurs effets sur la santé ont été étudiés parallèlement à leur mise en œuvre. Mais l’information au grand public est inexistante. On est en train de renouveler les mêmes erreurs que précédemment. Par exemple, un très bon rapport du Sénat paru en 2005 traite du drame de l’amiante pour « mieux tirer des leçons pour l’avenir ». Toutefois, il reste très en retrait sur des recommandations claires pour mieux protéger les travailleurs, le public et l’environnement.

Les produits de substitution de l’amiante

Le remplacement de l’amiante fait appel à des solutions diversifiées, en fonction des besoins techniques, car aucun matériau n’a les mêmes avantages que les fibres d’amiante. La plupart sont des fibres soit d’origine naturelle, soit d’origine artificielle de composition minérale ou organique (voir tableau pour les divers produits).

Les grandes familles de substitut à l’amiante sont :
– les fibres naturelles organiques dont surtout la cellulose ;
– les fibres minérales artificielles (ou FMA) qui regroupent les laines de verre, les laines de roche, les laines de laitier (issues des laitiers sidérurgiques), les filaments continus de verre, les microfibres et les fibres céramiques réfractaires ;
– des fibres dites minérales comme les fibres de carbone ;
– des fibres organiques synthétiques comme les fibres d’aramide.

Laines et fibres dangereuses

Actuellement les laines de roches et de laitier ainsi que les fibres céramiques sont quasiment reconnues par tous comme potentiellement dangereuses. Toutes les précautions réglementaires devraient être rapidement mises en place pour éviter que ne se reproduisent les drames connus avec l’amiante. Quant aux autres fibres où les études manquent cruellement, il faudrait que celles-ci soient effectivement et rapidement conduites, bien qu’onéreuses.

La toxicité dépend de la taille et de la composition

Pour savoir si un matériau est toxique, la dimension est importante. En effet, il faut que la fibre soit suffisamment petite pour être inhalée. On pourra ensuite déterminer la quantité des fibres susceptibles de pénétrer l’arbre bronchique puis d’atteindre l’arbre profond, ou d’être ingérées dans le système digestif. La nature chimique des fibres est le second facteur, tout aussi important, car elle intervient selon le milieu biologique où les fibres vont séjourner.

De nombreux travaux pour évaluer la toxicité de ces fibres existent : tests biologiques in-vitro et in-vivo, expérimentation animale, suivi de populations... Mais pour conclure à un risque important sur la santé il faut des recoupements et un suivi dans le temps, de plusieurs années, en particulier pour des études épidémiologiques qui se font sur des cohortes de travailleurs pendant de longues années. Ceci explique la difficulté à établir des données sûres de toxicité.

Des fibres sont dangereuses

Le risque pour la santé apparaît malgré tout déjà relativement élevé selon une évaluation du Centre international de recherche contre le cancer de 2002 :
« - au plan dermatologique au moins un ouvrier sur deux présente une dermite irritative au début de l’emploi,
– pour les pathologies respiratoires chroniques, les fibres minérales artificielles peuvent être à l’origine d’irritation des voies respiratoires supérieures,
– pour les risques de cancer, un risque accru de cancer broncho-pulmonaire apparaît chez les salariés de production de laine de verre, de laine de roche et de laine de laitier. En ce qui concerne les fibres céramiques, un risque de cancer a été démontré chez l’animal. »

Compte tenu des données connues, des valeurs limites d’exposition professionnelle ont été définies par le ministère du Travail. Mais des experts comme le professeur Got, Daniel Bouige, président du laboratoire Hygiène et contrôle des fibres et Henri Pezerat, toxicologue, estiment, compte tenu des travaux effectués, qu’il est légitime de mettre en œuvre une démarche maximale de prudence vis-à-vis des fibres céramiques en particulier et qu’il faut les interdire. Une réglementation très restrictive doit au moins être adoptée très rapidement précise le rapport du Sénat.

Soyons prudents avec laines et fibres

En conclusion, il faut être très prudent dans l’emploi ou la manipulation des fibres céramiques, des laines de roche et des laines de laitier. Aucune obligation n’est faite aux fournisseurs de ces matériaux de mentionner le risque. Malheureusement les études sont insuffisantes, faute de moyens appropriés, la plus grande prudence s’impose, non seulement pour les travailleurs utilisant ces matériaux, mais aussi pour le non professionnel qui peut les employer librement. Le principe de précaution exige de bien se renseigner sur la présence de ces produits dans de nombreux matériaux présents dans la vie courante.

Les substituts à l’amiante

Familles de matériaux amiantés et techniques de substitution.