UNION CONFÉDÉRALE CFDT DES RETRAITÉS

Actu revendicative


Marcel Gonin, un militant de grande envergure et de fort rayonnement


C'est avec beaucoup de tristesse que nous avons appris le 22 mars 2009 le décès de Marcel Gonin, ancien secrétaire général de l'UCR pendant neuf années. Un militant syndical de grande envergure et de fort rayonnement nous a quittés.

Il n’est pas possible de retracer en quelques lignes la riche action syndicale de Marcel, mais il est cependant nécessaire d’en faire émerger certains aspects importants. Nous ne revenons pas sur ses débuts dans le syndicalisme car ils sont déjà retracés dans l’article qui lui a été consacré à l’occasion du 22e congrès UCR organisé à Saint-Etienne (Marcel Gonin : un stéphanois d’exception).

Nous ne développerons pas non plus son activité au niveau confédéral (et fédéral), notamment au moment de l’évolution de l’organisation dans laquelle Marcel a joué un rôle majeur et que la confédération a rappelé dans son communiqué.

Marcel Gonin en avril 2007

Par contre, il nous paraît indispensable de souligner la grande place qu’il a tenue à l’Union confédéral des retraités (UCR).
En quittant ses fonctions de secrétaire confédéral en 1980, Marcel s’investi à l’UCR. Pour lui, militer chez les retraités n’était pas déchoir. Il y arrivait, avec sa modestie habituelle, fort d’une grande expérience syndicale au niveau national s’accompagnant d’une compétence remarquée sur les questions de protection sociale et imprégnée d’une réflexion approfondie sur les grands problèmes de société notamment l’allongement de la durée de vie, la place des femmes et l’européanisation croissante.

Au début des années 80, l’UCR traversait de grandes difficultés. L’équipe nationale avait été décimée par le décès brutal et les graves maladies de plusieurs militants et ceci à un moment où de profonds bouleversements politiques et sociaux marquaient le pays et où des réformes structurelles importantes étaient mises en place.

C’est dans cette situation difficile que Marcel Gonin, entouré d’autres militants nouvellement retraités, assume dès 1982 (14e congrès de l’UCR) la responsabilité de secrétaire général de l’UCR. Lors de ce congrès, Edmond Maire, secrétaire général de la confédération, souligne « le caractère nouveau de l’UCR, son dynamisme et la pente qu’elle remonte ». Pour lui, ce congrès « n’est pas seulement un attachement à une organisation c’est aussi se sentir partie prenante aujourd’hui du combat de la classe ouvrière ».

Dès cette période, l’UCR s’est structurellement mieux organisée. Les nouveaux statuts adoptés au congrès de 1982 ont constitué une des étapes importantes de la place et du fonctionnement de l’organisation retraités au sein de la confédération.

Au cours de ces années 80, l’UCR, sous l’impulsion de Marcel, a œuvré pour une meilleure connaissance et une prise en charge plus efficace des problèmes des retraités en particulier grâce à la présence active de militants formés dans les Coderpa ainsi qu’au CNRPA, organismes mis en place en 1983.

Pendant le même temps, l’UCR élabore la revendication relative à la création d’une prestation légale d’aide à domicile. Après beaucoup d’atermoiements, elle a abouti à l’instauration de l’APA (allocation personnalisée d’autonomie). Simultanément, l’UCR intensifie son action pour une amélioration spécifique des basses pensions à partir notamment, dans le régime général, de la revalorisation du minimum contributif créé en 1983.

Pour atteindre ses objectifs, l’UCR-CFDT a recherché dès 1982 l’action commune avec les organisations syndicales de retraités.

Ce bref survol d’une période de l’action UCR permet d’affirmer que Marcel Gonin a contribué à donner une dimension plus vaste au syndicalisme retraité confédéré, certes au niveau national, mais aussi international par l’entrée en 1988 de l’UCR-CFDT au Comité de coordination des retraités et personnes âgées (future Ferpa - Fédération européenne des retraités et personnes âgées) créé par la CES (Confédération européenne des syndicats).

Gilbert Billon

Marcel Gonin en mai 2006

Marcel Gonin est né syndicaliste, il meurt syndicaliste

Le nom de Marcel Gonin ne peut être dissocié du mot Syndicat. Marcel est né syndicaliste, il meurt syndicaliste.
D’autres ont dit tout son passé riche de militant ; au nom de la petite structure syndicale des retraités du Forez, je voudrais témoigner de son engagement dans la dernière partie de sa vie.
La veille de ses obsèques s’est tenu à Roanne le congrès de notre Union territoriale. Et bien Marcel m’avait téléphoné pour me demander de l’inscrire comme participant, il voulait en être !
Ce n’est qu’il y a trois semaines, que j’ai su qu’il ne serait pas dans notre délégation.
Pour Marcel, être syndicaliste était aussi naturel qu’être citoyen, libre ou démocrate.
Être syndicaliste c’est non seulement défendre ses camarades dans les entreprises et bien sûr que c’est le plus important ; mais c’est aussi une façon de le faire en toute intelligence, après réflexion et analyse d’une situation, c’est voir ce qui est possible et ce qui ne l’est pas, c’est surtout le faire en toute autonomie syndicale, sans pression politique ou religieuse.
Cette attitude, il l’avait dans tous les grands débats de société et parfois quand l’un de nous avait un jugement un peu trop rapide, Marcel, toujours en fond de salle de réunion, rappelait à la réalité, ne jamais s’enflammer, ne jamais s’emballer, regarder les choses en face.
C’était un lecteur infatigable et lorsqu’il voyait un flottement dû à une absence d’information du groupe, il ressortait de sa sacoche les articles du Monde ou de la presse syndicale.
Nous l’avons vu reprendre le chemin des réunions d’information, lorsque les débats sur les retraites commençaient de passer dans le rouge. Toujours avec le même calme, il savait rappeler le possible et mettait le doigt sur la démagogie. Son sens de l’humain l’éloignait du dogmatisme et des attitudes simplistes. Il était respecté car ses analyses étaient fondées et difficilement attaquables.
Marcel était un homme simple, n’aimant pas les paillettes. Il n’aimait pas les devants de la scène, mais il savait très bien que souvent ses positions l’étaient.
A Jeanne et ses filles, les adhérents du Forez disent toute leur amitié.

Georges Goubier