UNION CONFÉDÉRALE CFDT DES RETRAITÉS

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Mayotte : « Les priorités sont la construction ou reconstruction pour scolariser tous les enfants »


Catherine Nave-Bekhti, secrétaire générale de la CFDT Éducation Formation Recherche Publiques (EFRP), répond aux questions de Fil Bleu sur la situation des enfants scolarisés à Mayotte.

Fil Bleu : Depuis le cyclone Chido, la CFDT, deuxième syndicat enseignant à Mayotte, se mobilise pour soutenir ses adhérents. Quel bilan provisoire dresses-tu de ces actions ?

Catherine Nave-Bekhti. La fédération CFDT EFRP est en contact régulier avec le syndicat de l’Académie de Mayotte et, dès le lendemain du cyclone, les échanges avec l’exécutif du syndicat sont devenus quotidiens. Une militante qui avait quitté Mayotte, juste avant le cyclone pour ses congés, a pu participer avec moi à deux réunions au ministère sur le suivi de la situation.

Nous avons organisé, du 20 décembre au 10 janvier, une campagne d’appel vers les adhérents avec une quinzaine de militants de la fédération. Nous avons pu avoir un contact direct par téléphone avec la moitié des adhérents, d’autres répondant aux mails du syndicat académique. À chaque fois, les adhérents étaient contents que leur syndicat prenne directement de leurs nouvelles, leur communique des informations qu’ils n’avaient pas sinon.

Rares sont les adhérents qui n’ont pas subi de dégâts matériels, nombre d’entre eux ont un traumatisme profond d’avoir vécu un cyclone aussi dévastateur et une telle inquiétude pour eux-mêmes, leurs proches et la population de l’île. Ils ont décrit la lenteur de l’arrivée de l’aide en eau potable et vivres alimentaires, la difficulté à accéder au réseau téléphonique et à Internet. Encore aujourd’hui, des adhérents manquent d’eau potable et n’ont pas été aidés pour financer les travaux pour que leur logement redevienne habitable.

Enfin, la situation des adhérents contractuels de nationalité étrangère est délicate faute de pouvoir renouveler à temps leur titre de séjour. Nous avons demandé au ministère de sécuriser nos collègues.
Ce lien direct avec le syndicat et ses adhérents nous a permis des interventions les plus en prise avec la réalité locale auprès du ministère.

Comment s’est déroulée la rentrée prévue au 13 janvier ?

Les personnels de l’Éducation nationale sont nombreux à avoir aidé dès le lendemain du cyclone : nettoyage des établissements, préservation du matériel, encadrement des enfants qui passaient du temps aux abords des établissements. La rentrée administrative des personnels a eu lieu le 20 janvier, retardé par la tempête Dikeledi. Il s’agissait de faire un état des lieux, de construire la démarche éducative au moment de la reprise des élèves. Depuis le 27 janvier, c’est la rentrée scolaire, mais pas la rentrée comme si rien ne s’était passé. C’est un moment délicat pour tous, tant l’île est défigurée, tant la population est éprouvée et reste, pour une grande partie, dans une urgence humanitaire.

Dans un département où 50 % de la population a moins de 20 ans, quelles sont les priorités pour la CFDT EFRP ?

Avant le passage du cyclone, le système éducatif sur l’île ne fonctionnait déjà pas de manière optimale. Dans de nombreuses écoles, les enfants ont classe selon un système de rotation : les uns le matin, les autres l’après-midi. Le nombre de salles de classe n’est pas à la hauteur du nombre d’enfants d’âge scolaire. Dans le second degré, les établissements dépassent presque tous leur capacité d’accueil et reçoivent plus de 2 000 élèves.

Dans cette académie plus qu’ailleurs, le système éducatif ne pourrait pas fonctionner sans les personnels contractuels. Les priorités sont la construction ou reconstruction des établissements pour pouvoir scolariser tous les enfants, mais aussi l’attractivité de l’île afin que davantage de personnels soient des titulaires, tout en sécurisant les contractuels. Il faut aussi penser le développement de l’université de Mayotte afin que le système d’éducation, de formation et de recherche soit efficace, de la maternelle à l’université.

Propos recueillis par Nicole Chauveau