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Notre dossier Europe


Mieux connaître la république de Finlande, présidente de l’Union européenne


La Finlande assure la présidence semestrielle de l'Union européenne. L'occasion de mieux la connaître.

Bon à savoir

Chef de l’État : Monsieur Sauli Niinistö (parti du rassemblement national) - rien à voir avec la tonalité française du même nom - élu le 5 février 2012, réélu le 28 janvier 2018
Langues officielles : finnois et suédois
Monnaie : Euro (introduit en janvier 2002)
Fête nationale : 6 décembre (déclaration de l’indépendance, 1917)

Après la présidence Roumaine, avant la présidence Croate, et pour la troisième fois depuis son adhésion en 1995, l’Union européenne est présidée par la République de Finlande depuis juillet 2019 et jusque fin décembre.

Politique intérieure

La Finlande est une République dont la constitution combine un parlement monocaméral élu au scrutin proportionnel tous les quatre ans, avec un président élu au suffrage universel direct pour un mandat de six ans, renouvelable une seule fois.

Le conservateur Sauli Niinistö (ancien président du parlement) a été élu à la présidence de la République le 5 février 2012 avec 62,6 % des voix. Cette élection a marqué un tournant dans l’histoire politique finlandaise puisque la présidence de la République a échappé au parti social-démocrate pour la première fois depuis 1982 et est revenue à un conservateur, également pour la première fois depuis 1956.

Le président voit ses pouvoirs fortement restreints par rapport à ses prédécesseurs, suite à la révision de la Constitution de 2000. La principale évolution concerne les questions européennes qui sont désormais du ressort unique du gouvernement, alors que le président continue de mener la politique étrangère du pays en collaboration avec le gouvernement.

Jouissant d’une forte popularité, le président Sauli Niinistö, a été réélu (64,3 %) dès le premier tour pour un second mandat le 28 janvier 2018.

Le 14 avril 2019, les sociaux-démocrates, menés par Antti Rinne, remportent les élections législatives (ce qui n’était pas arrivé depuis 1999) avec 17,7% des voix. Ils sont suivis de très près par le parti d’extrême droite Vrais Finlandais, avec 17,5% des voix.

Le 6 juin 2019, Antti Rinne a pris la tête d’un gouvernement de coalition composé de quatre autres partis : le Parti du centre du Premier ministre sortant, Juha Sipilä, la Ligue verte, l’Alliance de gauche et le Parti du peuple suédois en Finlande.
L’êxtrème droite les « Vrais Finlandais » a obtenu 17,5 % des voix. Le Rassemblement national suit avec 17 %.

Situation économique

Après trois années de récession (2012-2014) et une année de croissance atone en 2015 (+ 0,3 %), la Finlande a renoué avec la croissance à partir de 2016 (+ 1,9 %).

En 2017, l’économie finlandaise a bénéficié du dynamisme de la demande interne et du commerce extérieur. La croissance du PIB a été de 2,8 %, faisant de la Finlande l’État membre le plus dynamique de la zone euro. L’investissement continue de bénéficier d’un effet de rattrapage dans le secteur de la construction après plusieurs années de report de projets et les entreprises semblent profiter de la conjoncture économique positive pour investir.

Le gouvernement Sipilä a annoncé des initiatives douloureuses pour tenter de restaurer la compétitivité prix à l’export de la Finlande, avec notamment une réduction des dépenses publiques destinée à financer la baisse des charges patronales et un appel à la modération salariale. Le gouvernement a finalement atteint son objectif en matière d’emploi de 72 %.

Géographie

Superficie : 303 919 km² (France métropole 550 000)
Capitale : Helsinki (570 000 hab.)

Démographie

Population : 5 514 997 hab. (juin 2018)
Densité : 18,14 hab. / km² (2017)
Croissance démographique : +0,3 % (2016)
Espérance de vie : 81 ans
Taux d’alphabétisation : 100 %
Religions : protestants luthériens (84 %), orthodoxes (1,1 %), hors confession (13 %)
Indice de développement humain : 23e (2015)

Économie

PIB en milliards d’€ (prix courants) : 234 (2018)
PIB en € par habitant : 40 638 (2017)
Croissance du PIB : +2,9 % (2018)
Taux de chômage : 8,0 % (2018)
Indice des prix (CPI) en % : +1,1 (2018)
Dette publique en % du PIB) : 60,0 (2018)
Balance commerciale (2017) : -2,5 milliards d’€ (exportations : 59,6 et importations 62,1)
Principaux clients en 2017 : Allemagne (14,2 %, 8,5 milliards) ; Suède (10,3 %, 6,1milliards), Pays-Bas (6,9 %, 4,1 milliards)
Principaux fournisseurs en 2017 : Allemagne (15,5 %, 9,6 milliards) ; Russie (13,2 %, 8,2 milliards), Suède (11 %, 6,8 milliards).
Exportations de la France vers la Finlande : 2,1 milliards d’€ en 2017).
Importations françaises depuis la Finlande : 2,4 milliards d’€ en 2017
Part de marché de la France : 4,9

Présence française}}

Communauté française en Finlande : 2 558 inscrits en août 2012 + env. 500 personnes depuis
Communauté finlandaise en France : env. 7 000 personnes

La politique européenne et étrangère de la Finlande

Depuis son adhésion en 1995, la Finlande se veut élève modèle de l’Union européenne. Elle a adopté l’ensemble des politiques européennes, dont la monnaie unique. Elle a appliqué à la lettre les critères du Pacte de stabilité et de croissance après la mise en place de l’euro, et a veillé à respecter strictement les critères posés par le Pacte en matière de déficit budgétaire et d’endettement.

La crise des dettes souveraines dans la zone euro a provoqué un durcissement sensible de la position du pays face aux demandes d’assistance émanant d’États en difficulté, perçus comme moins vertueux. En juillet 2015, le gouvernement finlandais a soutenu l’option d’un « Grexit temporaire », avant de se rallier au compromis final.

Helsinki a publié en juin 2013 un livre blanc sur l’UE. Il plaide pour une intégration plus étroite, juste et équitable, solidaire et responsable, dans le cadre des traités existants. Plus qu’une union économique et un marché unique, le pays voit l’UE comme une communauté de valeurs, respectueuse de ses propres règles. Il met l’accent sur la croissance, la compétitivité et l’emploi, le modèle social, mais aussi la politique énergétique et climatique, la liberté de mouvement et le renforcement d’une défense commune intégrée.

La Finlande et l’Union européenne

La Finlande est partie intégrante de l’espace Schengen depuis le 21 mars 2001. Elle a 13 députés au Parlement européen, 9 conseillers au Comité économique et social européen et 9 également au Comité des régions, 1 commissaire européen, 1 membre de la Cour de justice européenne et 1 membre de la Cour des comptes (l’une et l’autre étant à Luxembourg.

La Finlande et le syndicalisme

Trois organisations sont membres de la Confédération européenne des syndicats (CES) : AKAVA, SAK, STTK.

Dans le secteur privé, la principale organisation patronale est la Confédération des industries finlandaises (EK) regroupant 42 organisations patronales représentant le secteur de l’industrie aussi bien que le secteur des services. Il existe aussi la Fédération des entreprises finlandaises (SY), la Fédération des employeurs du secteur agricole (MTL)

Dans le secteur public les acteurs qui négocient des conventions collectives sont la Commission pour les employeurs des collectivités locales (KT), le Service des employeurs de l’Etat (VTML) et la Commission des employeurs de l’Église (KiT). La KT, qui est l’organisation la plus importante représentant les employeurs du secteur public, couvre 431 municipalités et 208 fédérations de municipalités employant au total environ 422 000 personnes. Le VTML conclut des conventions collectives pour 124 000 employés et fonctionnaires de l’État

La Finlande, sa défense et sa sécurité

Du fait de sa non-appartenance à l’OTAN, la Finlande est un fervent défenseur de la Politique de Sécurité et de Défense Commune (PSDC), à laquelle elle contribue activement depuis son adhésion à l’Union, à la mesure de ses moyens.

Elle a ainsi été le premier État membre à répondre à une demande d’assistance au titre de l’article 42-7 du TUE (clause de défense mutuelle).

La Finlande a rejoint en novembre 2018 l’Initiative européenne d’intervention (initiée par la France en 2017), qui vise à favoriser l’émergence d’une culture stratégique européenne et à développer des coopérations opérationnelles et stratégiques pragmatiques.

La Finlande participe aux opérations de maintien de la paix, essentiellement dans le cadre des Nations unies. Elle est aussi présente dans le cadre de l’OSCE (missions de terrain) et du Partenariat pour la paix de l’OTAN.

La crise ukrainienne a relancé le débat sur une éventuelle adhésion à l’OTAN, mais le sujet divise l’opinion et la classe politique. Elle a participé au plus important exercice de l’Alliance « Trident Juncture » qui s’est principalement déroulé en Norvège à la fin de 2018.

La Finlande a également mis en place une coopération de défense renforcée avec la Suède.

Sur le plan bilatéral, une déclaration commune franco-finlandaise a été signée sur la défense européenne en août 2018.

Elle entretient avec les États-Unis une coopération sur les questions de sécurité et de défense, et elle participe à la lutte contre Daech. Elle a octroyé 10 millions d’euros pour la reconstruction des zones libérées, l’aide humanitaire et des activités de déminage en Irak pour l’année 2016-2017. Considérant essentiel pour sa stratégie de défense le rôle du renseignement pour faire face aux menaces hybrides, elle a créé en 2017 un Centre européen de défense contre les menaces hybrides, auquel la France s’est associée.

Sur le plan international, la Finlande s’emploie activement à renforcer la coopération multilatérale, notamment dans le cadre des Nations unies, et le droit international en général.

Elle entretient une relation bilatérale étroite et complexe avec la Russie (frontière commune d’environ 1 300 km) et cherche à développer une politique régionale à vocation septentrionale, baltique et arctique. Bien que non-côtier de l’Océan arctique, un tiers de son territoire se trouve au nord du cercle polaire. La région arctique constitue un enjeu de politique intérieure pour la Finlande du point de vue économique, environnemental, sociétal et scientifique.

L’attitude menaçante de la Russie dans la région de la Baltique suscite son inquiétude, malgré la persistance d’un dialogue bilatéral régulier de haut niveau. La Russie est en outre son premier partenaire commercial et fournit 85 % de son énergie. Les autorités finlandaises adoptent désormais avec leur grand voisin oriental une ligne associant fermeté et dialogue, dans un cadre qualifié de « neutralité active » (abandon de sa conception stricte de la neutralité en 1994). La crise russo-ukrainienne a contribué à rapprocher la Finlande de l’OTAN et de la Suède (signature d’un plan d’action entre les deux pays en mai 2017).

Jean-Pierre Bobichon