Mobilisation pour le droit au logement
Alors même qu'elle célèbre son vingtième anniversaire, la Fondation Abbé Pierre a présenté son rapport 2012 sur « l'état du mal-logement en France ». Avec à la clé un constat accablant pointé d'emblée « loin de régresser, le mal-logement s'est développé et est profondément enraciné. »
Les chiffres défilent au fil des pages, têtus, obsédants comme autant de constats d’échec des choix politiques mis en œuvre. Des choix dont le rapport souligne par ailleurs qu’ils sont « depuis trop longtemps ni justes ni solidaires ». 3,6 millions de personnes sont non ou très mal logées. Si l’on y joint celles en situation de fragilité de logement à court ou moyen terme, on atteint un total de 10 millions de personnes touchées par la crise du logement.
Autres données alarmantes 1 220 000 ménages sont en attente d’un logement social et 1 305 200 locataires se trouvent en difficulté de paiement. Concernant plus particulièrement les conséquences du mal-logement dans son rapport à l’emploi, une récente enquête du Credoc estime à près de 500 000 le nombre de salariés obligés de renoncer à un emploi faute d’un logement approprié.
En bout de chaîne, pauvreté et précarité ont un effet dévastateur. Ainsi 100 000 personnes font annuellement l’objet de décisions d’expulsion dont 11 000 sont mises à exécution. Alors même que le président de la République déclarait il y a peu que plus personne ne dormirait dans la rue, 400 personnes y meurent toujours chaque année, victimes notamment des grands froids hivernaux ou d’un renoncement aux soins.
Aux difficultés liées au coût du loyer lui-même, (le taux d’effort allant parfois jusqu’à 40% ou 50% des ressources), s’ajoute de façon de plus en plus pesante une précarité énergétique, nombre de ménages ne pouvant plus faire face au montant des factures d’eau, de gaz ou d’électricité.
Situation insupportable
La situation du logement inquiète de plus en plus fortement les citoyens au point que désormais 3 sur 4 pensent qu’il est devenu difficile de se loger. Une préoccupation renforcée dans la région capitale où c’est le sentiment partagé par 9 Franciliens sur 10. De même plus de 8 personnes sur 10 déplorent la faiblesse de la cohésion sociale.
Dans ce contexte particulièrement défavorable la Fondation appelle donc à la mobilisation générale pour le logement en insistant sur le fait que « le logement n’est pas qu’un problème de logement. Avec la crise du logement, c’est aussi l’espérance d’un avenir meilleur qui s’évanouit ».
En cette année d’élection présidentielle, la Fondation Abbé Pierre a choisi de s’adresser aux différents candidats sous une forme originale. Elle propose à chacun d’eux un engagement personnel par la signature d’un contrat social quant à la politique « logement » à engager une fois élu. Ce texte repose sur quatre grands axes : « produire suffisamment de logements accessibles », « réguler les marchés et maîtriser le coût du logement », mettre « plus de justice sociale et de solidarité », « construire une ville équitable et durable ».
Chacun de ces axes se décline lui-même en de multiples propositions comme réaliser une programmation pluriannuelle de 500 000 logements dont 150 000 logements sociaux par an, éradiquer les 600 000 logements indignes, encadrer les loyers, mettre en place un véritable « bouclier énergique », impulser une réelle prévention des expulsions locatives.
Les périodes préélectorales sont riches en promesses de toutes sortes souvent difficiles à tenir une fois les échéances électorales passées. Gageons que face à cette situation insupportable qu’est le mal-logement le ou la futur(e) président(e) de la République aura à cœur d’en saisir les enjeux et d’y remédier.
Jean-Paul Rueff
Signez la pétition sur www.mobilisationlogement2012.com