UNION CONFÉDÉRALE CFDT DES RETRAITÉS

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Nelly Evrard : Conserver et faire vivre la mémoire ouvrière de Fougères, un engagement au long cours


Nelly Evrard, alors secrétaire générale de l’Union de Pays de Fougères, en Ille-et-Vilaine, s’était dit, en voyant l’ensemble des archives entreposées au grenier du local : « Quand je serai à la retraite, je m’occuperai de cela, c’est une richesse inestimable. »

L’ensemble de ces documents ont été rassemblés dès le début du XXe siècle. Ce sont des témoignages précieux de la vie ouvrière de Fougères. « Capitale de la chaussure » durant de nombreuses années, la ville a aussi été une référence dans l’industrie du verre, de l’habillement et, dans les alentours, de la taille du granite.

Militante, tout au long de sa vie

Nelly a commencé comme « petite main » chez Barbier, fabricant de chaussures. Ensuite, elle a fait du montage d’émetteur à la Sagem, puis elle est revenue « à la chaussure » en intégrant l’entreprise JB. Martin où elle est restée jusqu’en 2008.
Elle a adhéré à la CFDT suite à un différend avec son employeur. Rapidement, elle a pris des responsabilités. D’abord déléguée du personnel, elle a été défenseure syndicale, conseillère prud’homale, secrétaire générale d’Hacuitex 35 (habillement, cuir, textile), et enfin, secrétaire de l’Union de Pays de Fougères.

Création de La Sirène

Lors de la préparation des 40 ans de la CFDT, trier les documents, les mettre en valeur et découvrir des aspects méconnus de la situation des ouvriers, ces actions ont donné à Nelly et à son mari, Michel, une idée. Créer un musée des industries fougeraises pour témoigner d’un passé ouvrier qui compte de nombreux exemples de luttes et de solidarité.

Dès son arrivée chez les retraités, Nelly a pris la dimension de la tâche. Aussi avec Michel et quelques compagnons, il leur a semblé judicieux de créer une association. Rapidement, cette association a connu le succès et les adhésions se sont multipliées.
Au fil des ans, les Fougerais avaient vu les usines fermer et ils sont profondément attachés à l’histoire ouvrière de leur ville.

Le nom de l’association « La Sirène » veut traduire symboliquement la caractéristique de la vie fougeraise. Dans les années 1960, la plupart des usines déclenchaient une sirène afin d’appeler les ouvriers au travail. Ainsi, plus d’une dizaine de sonneries se faisaient entendre à heures régulières.

Transmettre la richesse de la vie ouvrière

Nelly, présidente de cette association, a dû gérer plusieurs projets avec un conseil d’administration motivé. Recueil de témoignages filmés, parution de livres de photos, organisation de conférences sur l’histoire ouvrière de Fougères, projets avec des scolaires, animations très appréciées dans des Ehpad, interventions en médiathèque, etc. Grâce aux dons, l’association a enrichi son patrimoine. 100 machines, 500 paires de chaussures, 600 pieds (une seule chaussure) et d’autres métiers sont représentés par l’apport d’outils et d’objets.

La Sirène a pu ponctuellement organiser des expositions ou ouvrir un petit musée éphémère près du château de Fougères. Mais le projet initial d’un musée pérenne n’a toujours pas abouti. Financement, contraintes liées à la sécurité repoussent sa mise en œuvre. Les militants de La Sirène veulent un musée vivant, avec des démonstrations, des animations tout public.

Nelly précise qu’il ne s’agit pas de faire un musée pour enterrer le passé, mais d’offrir un lieu de transmission où les plus anciens mais aussi leurs enfants et leurs petits-enfants pourront retrouver les caractéristiques des métiers disparus. Défendre la richesse d’une vie ouvrière, c’est ce qui rassemble beaucoup de retraités à Fougères.
Nelly a transposé son investissement syndical dans la préservation d’une fierté ouvrière partagée avec ses anciens compagnons de la CFDT. D’autres sont venus les rejoindre parce qu’ils apprécient la valorisation des anciennes activités industrielles.

Françoise Marchand

D.R.