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Notre-Dame de Paris, un monument emblématique


Le 15 avril 2019, des flammes géantes dévorent et effondrent la voûte et la flèche de Notre-Dame.

Les images dantesques de cet incendie soulèvent une vague d’émotion et une incroyable manifestation de solidarité financière en France et à travers la planète. En effet, si Notre-Dame est un édifice catholique, c’est aussi une cathédrale visitée par des millions de touristes et un monument associé à l’histoire de France.

Entre le XIIe et le XIIIe siècle, les villes de France se lancent dans des chantiers gigantesques : la construction de cathédrales de plus en plus hautes. Ce spectaculaire élan bâtisseur résulte de la convergence de plusieurs faits. D’abord un apport technique au service de la foi : l’abbé Suger invente pour la basilique Saint-Denis la croisée d’ogives. Elle permet l’ouverture de vitraux qui exaltent la spiritualité médiévale pour laquelle Dieu est Lumière.

Un deuxième élément est une réforme politique : les évêques ne seront plus nommés par les rois. Indépendants, leur pouvoir grandit. Enfin, un extraordinaire essor démographique développe les villes, en trois siècles la France passe de 6 à 18 millions d’habitants !

Ainsi, le pouvoir épiscopal, l’immense richesse de l’Église, la prospérité croissante de la bourgeoisie, la rivalité entre les villes créent une émulation architecturale qui bénéficie à ces monuments démesurés, spectaculaires et symboliques que sont les cathédrales.

Une cathédrale parmi d’autres

En 1163, Maurice de Sully pose la première pierre de Notre-Dame de Paris. Dans le même temps, dans des dizaines de villes surgissent des cathédrales : Beauvais, Laon, Amiens, Chartres, Bourges… Les cités rivalisent entre elles pour avoir l’édifice le plus grand, le plus haut.

Et si Paris est devenue capitale, si des cérémonies royales ont lieu à Notre-Dame, les rois se font sacrer à la cathédrale de Reims et enterrer dans la basilique Saint-Denis.

Puis, lors de la révolution en 1793, Notre-Dame est vandalisée et va servir d’entrepôt. La cathédrale, qui n’est plus entretenue, menace ruine. Une démolition est même envisagée pour la revente des pierres !

Notre-Dame monument national

Pourtant, au XIXe siècle, le grand vaisseau de pierres va renaître. Napoléon 1er la rouvre au culte puis s’y couronne empereur en 1804. Mais c’est le roman de Victor Hugo Notre-Dame de Paris publié en 1831 qui décuple la gloire du monument. À la même époque, le roi Louis-Philippe crée un poste d’Inspecteur des monuments historiques confié à Mérimée, et dès 1844, il décrète le sauvetage de Notre-Dame.

Deux architectes, Lassus et Viollet-Le-Duc, vont entreprendre une œuvre de restauration de grande ampleur, une cathédrale rêvée, réinventée dans l’esprit médiéval. Et Haussmann va la magnifier en créant le parvis qui la libère de sa gangue urbaine. La cathédrale va devenir le lieu des grandes célébrations nationales, même sous la très anticléricale IIIe République, même après la séparation de l’Église et l’État par la loi de 1905 : Te Deum de la victoire en 1918, en 1944, lieu de toutes les funérailles nationales (ainsi Thiers, Foch, Leclerc, De Gaulle, Mitterrand…), lieu de recueillement après les attentats de novembre 2015.

Au XXe siècle, inspirés par le roman hugolien, films, théâtres, médias s’emparent du mythe de Notre-Dame. Elle prend alors une dimension nouvelle : ce n’est plus seulement une architecture extraordinaire ou bien le lieu de cérémonies où s’exprime la sacralité républicaine, Notre-Dame devient, pour le monde entier, un monument iconique de la France.

Françoise Berniguet

La croisée d’ogives de Notre-Dame de Paris.
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