UNION CONFÉDÉRALE CFDT DES RETRAITÉS

Notre activité


Notre Sécu à 80 ans, bon anniversaire


La Sécurité sociale en France a été créée le 4 octobre 1945 par une série d’ordonnances prises par le Gouvernement provisoire de la République française, dirigé par le général de Gaulle. Jean-Marie Spaeth, syndicaliste CFDT, a été président du Conseil d’administration de la Caisse nationale d’assurance vieillesse (Cnav) de 1991 à 1996 puis, de 1996 à 2004, de la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam).

« Pour envisager le futur, il faut bien connaître son passé. Quelle était en 1945 la philosophie de notre sécurité sociale ? Il s’agissait d’ancrer une sécurité sociale pour tous  », explique Jean-Marie Spaeth. Bien sûr, les cheminots et les mineurs résistaient. Ils disposaient déjà de régimes de protection sociale.

Il fallait enraciner une solidarité entre bien portants et malades, entre retraités et actifs, entre ceux qui ont des charges d’enfants et ceux qui n’en ont pas. Les artisans de ce projet défendaient trois principes : l’universalité, la solidarité et une gestion confiée aux représentants des salariés et des employeurs.

L’universalité, cela signifie que « tous les citoyens peuvent en bénéficier ». La solidarité : tout le monde paie selon ses revenus, tout le monde reçoit selon ses besoins. Le Conseil national de la résistance avait promu, pendant la guerre, la démocratie politique. Il y a donc eu des élections pour désigner les administrateurs de la Sécurité sociale, notamment pour les représentants des usagers. C’était il y a 80 ans.

Le travail était la base de la vie en société

Le financement reposait sur la masse salariale. À l’époque, beaucoup de résistance chez les agriculteurs, des commerçants et des artisans. L’assurance maladie, au moment de sa création, finançait essentiellement des indemnités journalières et les arrêts de travail.

Après les années 1950, la part des soins représentait les dépenses essentielles. Pour la vieillesse, on a créé un système par répartition. La philosophie était la suivante : lorsque la force physique ou intellectuelle ne permettait plus d’assurer par vous-même votre autonomie financière, la société finançait cette période, c’est une question de dignité des personnes.

L’âge légal d’ouverture des droits à la retraite avait été fixé à 65 ans. L’espérance de vie était en moyenne bien inférieure à celle d’aujourd’hui où l’on bénéficie de la retraite, en moyenne jusqu’à plus 80 ans pour les hommes et 85 pour les femmes.

L’État a accaparé la démocratie sociale

En 1967, la réforme de la Sécurité sociale sous le gouvernement de Georges Pompidou a supprimé le suffrage direct pour élire les administrateurs. La CFDT a quitté ses responsabilités dans les conseils d’administration. Les représentants syndicaux ont été désignés par les organisations respectives et non par les cotisants. Les élections ont été rétablies en 1983 et à nouveau supprimées en 1990.

La Sécurité sociale a fait l’objet de plusieurs réformes, la dernière en date est celle de la loi Douste-Blazy. Avant cette réforme, le Conseil d’administration avait un vrai pouvoir. Le président négociait les conventions médicales. L’idée de la démocratie sociale a disparu au profit d’une étatisation.

On est aussi passé d’une Sécurité sociale financée par la masse salariale à l’instauration de la contribution sociale généralisée (CSG) en 1991 pour financer la branche famille. La CSG a progressivement financé d’autres branches de la Sécurité sociale, notamment la vieillesse et la maladie. À cela s’ajoute l’affectation d’une partie de la TVA.

Un système de retraite et de protection sociale doit évoluer en permanence. L’espérance de vie en bonne santé a augmenté, des filières industrielles ont disparu, de nouvelles technologies sont arrivées. On est plutôt bien soigné en France. Notre système est plutôt bon, mais pour le préserver, il faut faire bouger les lignes.

Propos recueillis par Denis Ritzenthaler