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Notre système de retraites a montré une nouvelle fois sa robustesse


Le récent rapport annuel du Conseil d’orientation des retraites (COR) met plutôt à mal le discours politique sur l’urgence d’une réforme structurelle des régimes. Si l’année 2020 affiche un déficit record sous l’effet de la crise sanitaire, notre système par répartition montre une nouvelle fois sa robustesse.

Le COR confirme que la crise a bien un impact ponctuel sur le système, mais elle ne remet pas en cause son équilibre financier à long terme. Alors que le système des retraites était quasiment sur la ligne de flottaison il y a deux ans, le déficit s’est creusé « très massivement » en 2020 pour se situer à - 18 milliards d’euros (- 13 milliards, si l’on prend en compte un « transfert exceptionnel » de ressources du Fonds de réserve vers le régime général). Le besoin de financement est donc substantiel, mais il s’avère moins important que celui anticipé par le COR dans son précédent rapport annuel : les calculs effectués tablaient sur un « trou » de - 23,4 milliards d’euros.

Un financement robuste

Après 2030 et jusqu’en 2070, le COR montre que les dépenses rapportées au PIB devraient baisser progressivement, quels que soient les scénarios économiques retenus. Ces projections confirment donc que notre système de retraite est robuste sur le plan financier. À législation stable, il n’y a pas de dérapage incontrôlé des dépenses à moyen ou long terme par rapport à la richesse produite en France. Si ce constat peut étonner, il est largement partagé depuis plusieurs années.

Ce résultat est dû au fait que les évolutions démographiques défavorables seront contrebalancées par la baisse à venir de la pension moyenne rapportée aux revenus d’activité, à législation inchangée. Ceci est particulièrement dû à l’indexation du système de retraite sur les prix, qui fait que les retraités ne bénéficient pas des gains de productivité, contrairement aux actifs.

Niveau de vie des retraités

Globalement stable depuis vingt ans, le niveau de vie relatif des retraités a commencé à diminuer en 2018 alors que celui des actifs et de l’ensemble de la population augmentait.

Tout d’abord, les pensions ont augmenté moins vite que les prix en 2018 et 2019, après avoir été désindexées de l’inflation de manière dérogatoire. S’agissant des pensions complémentaires, les revalorisations cumulées en 2018 et 2019 en moyenne annuelle ont été inférieures à l’inflation.

Enfin, les calculs du COR tiennent compte du poids de la fiscalité, notamment de la hausse non compensée de 1,7 point de la CSG intervenue en 2018.

Au final, le niveau de vie des retraités reste encore légèrement supérieur à celui de l’ensemble de la population. Mais cette situation ne va pas durer en raison de la baisse relative attendue des pensions. Elles devraient en effet augmenter trois fois moins rapidement que les revenus d’activité qui bénéficieraient pleinement des gains de productivité.

Selon les différents scénarios envisagés, le niveau de vie relatif des retraités s’établirait entre 90,2 % et 94,6 % en 2040 et entre 77,2 % et 86 % en 2070 estime le COR. Le niveau de vie des retraités retrouverait alors des valeurs comparables à celui des années 1980.

Au niveau individuel, les pensions ont connu au cours des vingt-cinq dernières années une érosion de leur pouvoir d’achat différente selon la génération, d’autant plus importante que leur pension est élevée. Ainsi, étudié sur cas type, le pouvoir d’achat d’un retraité non cadre du secteur privé a diminué d’environ entre 3 et 4 % selon les générations, entre l’année de leur départ en retraite et 2020 ; celui d’un retraité cadre né en 1932 a enregistré une baisse de près de 14 %. Ces baisses s’expliquent principalement par les mécanismes d’indexation des pensions et par la hausse des prélèvements sociaux sur les retraites, notamment celle de la CSG.

Benoit Prince

Le niveau de vie des retraités a commencé à diminuer en 2018.
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