Pandémie, des repères éthiques pour les Ehpad
La crise sanitaire fait naître des questionnements relatés par l’espace de réflexion éthique d’Île-de-France. Suite à un travail d’enquête, un « document repère » a été rédigé à la demande de Brigitte Bourguignon, ministre déléguée chargée de l’Autonomie. Il met en évidence les faiblesses mais aussi les forces des établissements accueillant des personnes âgées, et propose des repères pour les professionnels.
Cette pandémie, selon les auteurs, conduit à mieux percevoir le rôle crucial joué par les professionnels, les familles et les bénévoles.
Le sentiment d’une dérive sécuritaire, l’âgisme et les discriminations sont évoqués. Les restrictions de liberté doivent être strictement encadrées et limitées au maximum.
Les contraintes des visites pour les familles interrogent le droit à une vie intime et affective avec son proche. Les situations d’invisibilité des proches, les efforts demandés aux résidents et à leur proche paraissent disproportionnés. Un sentiment de double peine pour le résident est mis en avant par certains répondants. Il est de l’intérêt des résidents que familles et équipes se connaissent et se fassent confiance.
Dix repères éthiques pour les professionnels
Élaboré en deux mois et demi, le document se compose de dix chapitres qui signalent autant de points d’attention pour les professionnels :
– lutter contre le virus sans renoncer à accompagner de manière globale et personnalisée ;
– favoriser autant que possible l’information, l’expression et le libre choix des résidents ;
– préserver les liens et la confiance avec les familles ;
– réduire au maximum les contraintes et les restrictions de liberté ;
– prendre en compte les spécificités des personnes ayant des troubles neurocognitifs ;
– accompagner les mourants, honorer les défunts, prendre soin des endeuillés ;
– soutenir les collègues, prendre soin des équipes ;
– privilégier les décisions fondées sur des savoirs, collégiales et associant les usagers ;
– assumer ses responsabilités dans un contexte anxiogène et incertain ;
– préserver un espace pour la pensée et inscrire le questionnement éthique dans la durée.
Dans cette approche, « les conseils de la vie sociale (CVS) vont être une chance et une opportunité, y compris de façon dématérialisée, pour échanger sur les décisions », souligne l’une des professionnelles enquêtées. « Ils peuvent être associés aux décisions sur la façon dont les recommandations nationales sont appliquées localement », précise un autre enquêté.
Pour les réseaux Inter-CVS, comme pour la CFDT Retraités, la réflexion éthique est nécessaire.
Le CVS peut y contribuer et susciter une approche éthique dans l’établissement. Les résidents, leurs familles et le personnel doivent être inclus dans ce processus réflexif pour trouver de bonnes réponses. En mars, le ministère a allégé les restrictions, ce n’est qu’une étape. Le retour à une vie sociale complète est à ce prix.
Jacques Rastoul
Le conseil de la vie sociale à l’ordre du jour d’une rencontre ministérielle
En janvier dernier, la CFDT Retraités a été reçue par le directeur de cabinet de Brigitte Bourguignon. Un des sujets de cette rencontre concernait le rôle des CVS. Un document argumenté sur le rôle et l’évolution nécessaire de cette instance a été remis. La CFDT Retraités a rappelé combien les CVS, quand ils étaient consultés, avaient permis d’apaiser les situations de tension au sein des Ehpad, dans le contexte sanitaire de la pandémie.
Le Conseil d’État suspend une mesure restrictive
L’interdiction de sortie des résidents d’Ehpad en famille et à l’extérieur, recommandée par le ministère le 28 janvier, a été jugée en référé le 3 mars par le Conseil d’État « disproportionnée » au moment où la vaccination produit des effets positifs. Cet avis conforte le caractère illégal de la restriction des libertés.