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Patrimoine, des inégalités qui s’accroissent


Le patrimoine est une valeur refuge pour un grand nombre de Français, mais il est très inégalement réparti.

Le patrimoine brut des ménages est principalement constitué de biens immobiliers (61 %) et d’actifs financiers (20 %). Les petits épargnants privilégient l’achat d’un logement et la possession d’un livret A. Si les seniors ont un patrimoine immobilier supérieur à celui des actifs, ils ont un niveau de vie qui baisse après 75 ans, car ils puisent dans leur réserve au fur et à mesure de leur vieillissement.

Une poignée d’ultra-riches

Depuis les années 1970, le patrimoine des Français a plus que doublé, mais savez-vous que près de la moitié des individus n’ont rien ou presque, car les 10 % les plus riches détiennent à eux seuls plus de la moitié des richesses privées. La moitié la plus pauvre de la population n’en possède que 2 %. L’âge est un déterminant majeur, puisque le patrimoine net moyen (déduction faite des emprunts en cours) passe de 38 500 euros pour les ménages dont la personne de référence a moins de 30 ans à 315 200 euros pour les ménages sexagénaires.

Une propriété immobilière inégalement répartie

58 % des Français sont propriétaires de leur habitation principale. Cependant, cette situation cache bien des inégalités, inégalités de catégories sociales, territoriales, d’âge mais aussi d’origine. Les descendants d’immigrés sont moins souvent propriétaires. Par ailleurs, si l’accession à la propriété s’est considérablement développée en 30 ans, la part des propriétaires en charge de remboursement est passée de 28 % à 38 %. L’accès à la propriété constitue désormais une nouvelle source d’inégalité. La part des ménages modestes parmi les accédants récents n’a cessé de décroître au cours des quinze dernières années, reflétant l’augmentation du « droit d’entrée » pour obtenir le statut prisé de propriétaire.

Les femmes travaillent mais capitalisent moins que les hommes

L’écart de richesse s’accroît régulièrement avec les hommes. Il était de 9 % en 1998 et de 16 % en 2015. Les femmes travaillent mais elles consacrent beaucoup d’énergie dans le travail domestique gratuit et dans l’éducation des enfants tandis que les hommes se concentrent sur leur carrière. Il en va de même pour le patrimoine professionnel détenu par le tiers des femmes dans le commerce, 13 % dans les entreprises de plus de 10 salariés et seulement 1,5 % dans l’artisanat.
Le statut matrimonial joue lui aussi un rôle important. Pour les couples mariés, la hausse récente du recours à la séparation des biens a contribué à augmenter les inégalités de patrimoine entre hommes et femmes. À titre d’exemple, 46 % des couples mariés depuis moins de 10 ans, dont le mari fait partie des professions libérales, et 57 % de ceux dont le mari est chef d’entreprise ont signé un contrat de séparation de biens, ce qui permet le maintien des patrimoines familiaux aux bénéfices des hommes. Séparation, retraite, veuvage accroissent également les inégalités de patrimoine entre sexe. Après une séparation, le revenu médian des femmes se détériore de 31 % contre 6 % pour les hommes.
Les femmes vivant plus longtemps que les hommes, elles sont davantage confrontées aux aléas financiers du grand âge : difficultés à financer les travaux d’adaptation de leur logement, financement de leur place en maison de retraite… Les prestations retraite sont, en moyenne, plus faibles pour les femmes qui n’ont pas toutes des carrières complètes et/ou ont été moins bien rémunérées durant leur carrière. Les pensions de réversion ne suffisent pas toujours à rattraper le niveau de vie antérieur des veuves.

Danielle Rived

Pour en savoir plus :

Les Nouveaux Héritiers de Nicolas Frémeaux, Seuil.
Insee Première n° 1722, décembre 2018.
Insee Focus n° 176, décembre 2019.

Les femmes sont confrontées aux aléas financiers du grand âge.
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