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Pour comprendre bitcoin, crypto-monnaies et blockchain


Décryptage des monnaies virtuelles, dont la plus célèbre d’entre elles, le bitcoin, a mis en émoi la planète finance et suscité un engouement populaire.

De l’or au papier-monnaie, les formes monétaires évoluent. À côté des monnaies officielles apparaissent des monnaies complémentaires, locales, une trentaine en France comme l’eusko au Pays basque, la Miel (Bordeaux et alentours), le Sol-Violette (à Toulouse). De plus, Internet permet l’émergence de monnaies virtuelles : les crypto-monnaies dont la plus connue est le bitcoin né en 2008.

Monnaies virtuelles et bitcoin

Ces monnaies n’ont pas de cours légal, ne sont pas régulées par une Banque centrale et ne sont pas délivrées par des établissements financiers. Elles se caractérisent par l’utilisation des potentialités technologiques et la désintermédiation (se passer des banques).

Elles sont liées à l’évolution de l’ordinateur, apparu en 1944, et du web qui, de simple architecture technique à ses débuts en 1994, s’enrichit à un web des contenus (blogs), un web marchand (e-commerce), un web « social » (Facebook – Instagram), puis l’ubérisation (BlaBlaCar, Airbnb) et la blockchain, sorte de grand livre comptable qui stocke et transfère de la valeur ou des données via Internet.

Le bitcoin

Le « bitcoin » provient de la contraction des termes anglais bit (unité d’information binaire) et coin (pièces de monnaie). Le bitcoin désigne à la fois un protocole informatique à travers le réseau Internet et l’unité de compte utilisée comme système de paiement.

Le bitcoin est une monnaie numérique qui permet de réaliser des transactions via Internet. Ce système comporte avantages et inconvénients. Les avantages : une rapidité des transactions, des frais diminués. Les inconvénients : l’épargne placée en bitcoins ne sert pas au financement de l’économie, risque d’alimenter des circuits de financement illicites et comporte une extrême volatilité des cours, conduit à une consommation très importante d’énergie – le bitcoin serait responsable au niveau mondial de l’équivalent de la consommation d’électricité du Maroc. Quant à la sécurité, elle peut être prise en défaut : la plus grande plate-forme de bitcoins – Mt. Gox – a été déclarée en faillite début 2014, le site ayant été victime d’un logiciel malveillant.

Innovation/régulation : un couple difficile

Les révolutions industrielles successives ont amené d’importantes innovations : la première, à partir de 1771, a été marquée par la machine à vapeur et les chemins de fer ; la seconde, à partir de 1875, par l’acier, l’électricité et l’industrie lourde ; la troisième, à partir de 1971, par l’informatique et les télécommunications.
Une révolution technologique est dite de « rupture » lorsque deux conditions sont remplies : de fortes interconnexions et une capacité à transformer profondément le reste de l’économie et la société.

Les crypto-monnaies sont-elles cette technologie de rupture alors que la monnaie n’est pas un produit marchandise comme les autres ?

Les signaux envoyés par les pouvoirs publics sont confus : Bruno Lemaire, ministre de l’Économie et des Finances, confie, en janvier 2018, une mission sur les crypto-monnaies à Jean-Pierre Landau, ex-sous-gouverneur de la Banque de France, et dans le même temps, le gouvernement envisage des dispositions fiscales allégées pour les plates-formes.

Il ne s’agit pas ici de discréditer une innovation technologique mais d’en maîtriser les évolutions et plutôt que de satisfaire des « enragés de l’informatique » de développer des innovations qui s’intéressent à satisfaire les besoins d’une large partie de la population.

Au moment où se développent des cyber-attaques et où est soulevée la maîtrise des données personnelles, la régulation des crypto-monnaies se pose avec acuité.

Jean-Pierre Moussy

Le bitcoin risque d’alimenter des circuits de financement illicites.
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