Pour une agriculture durable et attractive 5/5
Pour clore ce dosser, Fil Bleu a interrogé Franck Tivierge, secrétaire national de la fédération CFDT Agri-Agro et membre du Conseil économique, social et environnemental (CESE).
Sommaire du dossier
Fil Bleu. Que signifie votre slogan « Pour une agriculture saine et durable » ?
Franck Tivierge. Notre slogan c’est « Du social dans nos assiettes », et cela passe par une agriculture durable et attractive qui doit permettre l’accès à une alimentation saine et durable accessible pour tous.
Nous sommes à l’heure des choix d’une politique globale permettant l’accompagnement à l’adaptation du modèle alimentaire aux enjeux globaux, en sortant des schémas de réponses court-termismes à des crises qui s’enchaînent. Le réchauffement climatique est un défi de taille pour notre agriculture. Il est installé dans un temps long.
Les politiques publiques doivent soutenir la transformation vers un emploi agricole désirable et valoriser la haute valeur humaine, via une certification sociale. La CFDT Agri-Agro propose de promouvoir l’emploi partagé et la gestion prévisionnelle des emplois et compétences au niveau des territoires. La CFDT Agri-Agro propose ainsi d’enrichir le diagnostic d’exploitation proposé dans la loi d’un module dédié à la durabilité sociale. L’intensité et la qualité du travail, le recours au travail mutualisé, le développement des compétences, la formation, sont autant d’éléments qui apportent résilience aux systèmes d’exploitation.
Quels critères sociaux souhaitez-vous soutenir dans la nouvelle PAC ?
À compter du 1er janvier 2023, le versement des aides de la PAC aux exploitations agricoles, employeuses de main-d’œuvre salariée, sera conditionné au respect d’exigences relatives à la formalisation de la relation de travail (contrat de travail) et à la santé et sécurité au travail.
La CFDT Agri-Agro a intégré les groupes de travail de la PAC afin d’y négocier notamment les sujets ci-dessous et les niveaux de sanctions :
– L’emploi agricole fait l’objet d’un contrat de travail ;
– L’employeur doit établir le document unique d’évaluation des risques professionnels ;
– L’employeur doit fournir aux salariés les informations et la formation adéquate pour la santé et sécurité au travail et la prévention des risques, et prévoir la consultation des travailleurs à ce sujet ;
– L’employeur doit prendre les dispositions afin de garantir que les équipements de travail soient adaptés au travail à effectuer sans compromettre la santé et la sécurité des travailleurs ;
– L’employeur doit mettre en place un dispositif de prévention et de protection des risques (premier secours, incendie, etc.).
Quelles sont vos pistes pour améliorer l’adaptation de la transition des modèles agricoles et alimentaires ?
– Mieux répartir la valeur tout au long de la chaîne de production et de distribution alimentaire en créant des filières plus équitables, avec une meilleure répartition de la richesse ;
– Activer les leviers identifiés pour soutenir la création de filières au niveau des territoires ;
– Veiller à des politiques publiques cohérentes accompagnant un cap clair fixé sur la durée ;
– L’Europe, un échelon essentiel pour notre agriculture : le repli sur soi serait dramatique pour notre agriculture ! La Politique agricole commune devrait prendre une dimension alimentaire européenne : harmoniser les cahiers des charges environnementaux et sociaux de la fourche à la fourchette, instaurer une traçabilité européenne des produits, se donner les moyens du contrôle. Des clauses miroirs extra-européennes sont légitimes pour élever les standards tout en préservant la santé planétaire.
Entretien réalisé par Danielle Rived
Pour en savoir plus Le projet de loi sur le site du CESE