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Quelle inclusion sociale après les Jeux paralympiques ?


Les Jeux olympiques et paralympiques de l’été 2024, à Paris, ont suscité un engouement extraordinaire. Dans un monde en proie aux guerres et aux problèmes politiques, les exploits des sportifs sont apparus comme une parenthèse enchantée.

Pour les athlètes valides perdure la magie du souvenir, cependant la parenthèse se referme. A contrario, l’admiration devant les exploits des athlètes paralympiques peut avoir un prolongement. Elle a donné une visibilité au handicap qui peut être un accélérateur pour un avenir social et sportif plus inclusif.

L’épisode fondateur des Jeux paralympiques.

Les Jeux paralympiques sont nés d’une initiative médicale. Ludwig Guttmann (1899-1980) est un neurochirurgien d’origine juive allemande qui se réfugie en Angleterre pour fuir l’Allemagne nazie. En raison de ses recherches sur les lésions médullaires, il est nommé, par le gouvernement britannique en 1943, directeur du Centre national des blessés de la moelle épinière au sein de l’hôpital de Stoke Mandeville à proximité de Londres.

Il soigne les blessés de guerre devenus paraplégiques. Il s’intéresse à la rééducation psychologique et sociale de ses patients souvent jeunes, et il imagine une thérapie fondée sur le sport. Quand Londres, après la guerre, en 1948, accueille les Jeux olympiques, il crée, le même jour à l’hôpital, ce qu’il appelle une « journée sportive ». Seize invalides (quatorze hommes et deux femmes), se déplaçant en fauteuil roulant, s’affrontent dans des épreuves de tir à l’arc. Cette compétition est l’épisode fondateur des Jeux paralympiques.

Vers des jeux internationaux

À partir de cette date, les Jeux de Stoke Mandeville, organisés chaque année, vont prendre de l’ampleur grâce au docteur Guttmann. Ardent défenseur du sport comme outil de réadaptation, il fait connaître ses méthodes par des voyages, des écrits, des conférences. Dès 1952, les Jeux deviennent internationaux avec des anciens combattants néerlandais qui se joignent aux Britanniques. Créés à l’origine dans une logique médicale de rééducation, les Jeux deviennent des compétitions à part entière et les épreuves sportives se diversifient.

En 1960 se tiennent à Rome, pour la première fois, les Jeux paralympiques avec 23 nations et 400 athlètes. Olympiques ou paralympiques, les jeux se font maintenant sur les mêmes lieux avec les mêmes installations et sont de plus en plus médiatisés. À Paris, en 2024, 4 400 athlètes représentant 169 délégations se sont affrontés dans 22 sports différents, et ont suscité un immense enthousiasme dans le public.

Après les Jeux

Selon la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), la France compte 7,6 millions de personnes souffrant d’un handicap. Le 11 février 2005 a été promulguée la loi pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées. L’État a donc légiféré sur l’accessibilité, les ressources et le droit à une compensation, l’intégration scolaire, l’insertion professionnelle, mais 20 ans après, beaucoup reste à faire.

Le taux de chômage des handicapés est important, les deux tiers des commerces ou établissements recevant du public restent inaccessibles, énormément de transports aussi, l’accès à l’enseignement est inégal, peu de clubs sportifs sont adaptés. Pourtant, la perception du handicap change. Ainsi, la télévision a assuré 300 heures d’émissions en direct sur les Jeux paralympiques (il n’y en avait eu que 10 heures à Londres en 2012). Cette visibilité nouvelle peut modifier la perception du handicap pour des millions de personnes et participer à l’amélioration du quotidien des personnes handicapées.

[Françoise Berniguet