Réfugiés en Europe : des paroles aux actes. Et en urgence !
Depuis des mois, l’Union européenne est toujours embourbée dans des débats à n’en plus finir pendant que des populations grandissantes de femmes, d’hommes et d’enfants errent sur les routes.
À l’origine de ce flot incessant, huit millions de personnes sont déplacées en Syrie. Et environ quatre millions ont fui vers les pays voisins. Sans compter les situations d’errances, dans les conditions dramatiques, provenant d’Irak, d’Afghanistan, d’Erythrée.
Deux millions de réfugiés se retrouvent en Turquie, un million au Liban. On évalue à environ 16 millions, le nombre de réfugiés dans le monde… Et l’Union européenne débat à n’en plus finir pour savoir comment accueillir 160 000 réfugiés… dans 28 États membres !
Le 24 septembre dernier, avec bien du mal, les dirigeants européens se sont mis d’accord sur les grandes lignes d’un plan étalé sur deux ans qui devrait permettre à l’UE d’organiser un accueil contrôlé de ces populations. Un Conseil européen s’est tenu à la mi-octobre. L’aide apportée au Liban, en Jordanie, en Turquie sera renforcée. Au moins un milliard d’euros supplémentaire sera dégagé et attribué via le Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR) et le Programme Alimentaire Mondial (PAM).
Il est de la responsabilité de l’Union européenne de gérer et de contrôler, dans le respect des droits existants, les frontières extérieures de l’Union européenne. Cette nécessité concerne des États membres, comme l’Italie ou la Grèce. Plus de 245 000 réfugiés sont arrivés en Grèce, via les îles proches de la Turquie, et environ 116 000 en Italie.
Belles intégrations
La France qui s’est fixé sur deux ans le chiffre de 24 000 personnes dont il faut organiser l’accueil, l’insertion, l’apprentissage de la langue, les besoins de première nécessité, etc., a budgétisé 1 000 euros par réfugié accueilli. L’Allemagne a décidé de débloquer quatre milliards d’euros pour aider les Länder (régions) à faire face à l’arrivée massive de réfugiés – 800 000 demandes d’asile pour l’année en cours. Dans ce cadre, le gouvernement fédéral verserait à chaque Land 670 euros par mois et par demandeur d’asile.
Dans ce contexte, la Commissaire Corina Cretu, chargée de la politique régionale, souhaite vivement que des fonds européens contribuent davantage à résoudre la situation des populations réfugiées. Il faut surtout que tous les États membres de l’Union européenne jouent le jeu et respectent le Traité, tout le Traité, rien que le Traité.
Sinon, il convient de mettre en œuvre l’article 7 du Traité qui stipule, notamment, que « le Conseil statuant à l’unanimité sur proposition d’un tiers des États membres et après approbation du Parlement européen, peut constater l’existence d’une violation grave et persistante par un État membre ». Lorsque cette étape est franchie, « le Conseil statuant à la majorité qualifiée, peut décider de suspendre certains des droits découlant de l’application des traités envers l’État membre en question ».
Lors du 13e congrès de la Confédération européenne des syndicats (CES), une motion d’urgence a été votée. La CES « condamne les gouvernements qui refusent une approche commune pour la réinstallation des demandeurs d’asile en Europe […] et appelle à une coopération plus efficace en faveur du développement des pays d’origines. »
À cette occasion, deux témoignages ont marqué le congrès. Celui de Aida Hadzialic, aujourd’hui ministre suédoise de l’Enseignement secondaire, de l’Éducation des adultes et de la formation, qui a fait partie en 1992 des 82 000 réfugiés en Suède, lors du conflit en Bosnie (ex-Yougoslavie). Et celui de Oumar Diakhaby, guinéen, demandeur d’asile en Belgique en 1999 – obtenu en 2008 –, un militant du Comité des travailleurs sans-papiers de la Confédération des syndicats chrétiens de Belgique. Belles intégrations !
Jean-Pierre Bobichon