Rencontre franco-espagnole de retraités
Dix-neuf militants de la CFDT Retraités d'Aquitaine ont débattu avec des militants de l'UGT Retraités de la Communauté Autonome de La Rioja (Espagne). En Espagne, pour le secteur privé, il n'existe qu'un régime de retraite unique, donc sans complémentaires. L'assurance maladie dépend entièrement de l'Etat. Un système privé parallèle se développe pour faire face aux insuffisances. Une rencontre enrichissante, y compris sur le plan amical.
Poursuivant les échanges réguliers établis depuis plus de trois ans, une délégation de 19 militants de l’URR CFDT Aquitaine s’est rendue à Logroño pour y débattre avec des militants retraités de la Communauté Autonome de La Rioja (Espagne) affiliés à l’UGT. Ces journées ont donc bénéficié de l’expérience acquise depuis septembre 2000 lors des rencontres précédentes : connaissance réciproque, recherche de sujets pouvant amener à un débat...
Plusieurs thèmes préparés de part et d’autre depuis plusieurs mois au cours de réunions préparatoires ont été abordés au cours des séances de travail qui se sont déroulées lors des deux premières journées de la rencontre.
Organisation des retraités au sein d’une Confédération
Les camarades espagnols, ayant eu connaissance de l’évolution de l’UCR-CFDT depuis le congrès de Cherbourg, avaient souhaité échanger sur la place des retraités au sein d’une confédération. Ce fut l’occasion pour la délégation CFDT d’expliquer tout l’intérêt qu’il y avait à ce qu’une structure locale puisse parler au nom de tous les retraités quel que soit leur mode d’adhésion. La nécessité d’intervenir sur le champ local au-delà de toute ancienne appartenance professionnelle justifie que les retraités s’organisent localement de façon à être un interlocuteur reconnu par les pouvoirs publics locaux. Au contraire, les retraités espagnols de l’UGT sont confrontés au fait que les fédérations professionnelles gardent leurs retraités et que, par manque d’esprit d’ouverture, elles regardent avec méfiance les retraités qui ne se sont organisés en tant que tels que tardivement. Ainsi l’UJP (Union des Retraités et Pensionnés équivalente de ce que pourrait être une UTR en France) ne regroupe que peu de retraités et les problèmes des retraités sont peu abordés, même si un progrès a été noté lors de leur 38ème congrès.
Pensions de retraite
En Espagne, pour le secteur privé, il n’y a pas de système de retraites complémentaires obligatoires.
Il n’existe qu’un régime unique pour les pensions contributives. Ce régime est géré par un organisme unique et centralisé dépendant du Ministère du travail. Les organisations syndicales (comme les employeurs) y exercent un droit de contrôle par l’intermédiaire de leurs représentants. La perception des cotisations et le versement des prestations sont assurés par la trésorerie générale.
A côté de ce régime existe des pensions non-contributives et, depuis 1987, des plans et fonds de pension complémentaires du système de sécurité sociale.
Ce système que les camarades espagnols jugent plus simple que le système français est un système étatique dans lequel les organisations syndicales n’ont qu’un droit de contrôle et de contestation. C’est très différent du système paritaire français défendu par la CFDT et dans lequel les organisations syndicales exercent un syndicalisme d’engagement et contribuent à la démocratie sociale, complément de la démocratie politique.
En Espagne, les pensions de retraite sont généralement plus faibles qu’en France bien que le minimum de retraite (environ 450 €) y soit voisin du minimum vieillesse en France.
Actuellement, l’âge théorique de départ en retraite est fixé à 65 ans avec des possibilités d’anticipation pour les métiers pénibles ou insalubres et des possibilités, en fin de carrière, de cumul de travail à temps partiel et de retraite partielle. La tendance est à l’allongement du nombre d’années prises en compte pour le calcul de la pension de retraite.
De plus, il est craint qu’une privatisation du système soit engagée après les élections législatives de 2004 en Espagne.
Assurance Maladie
Là aussi, c’est un système étatique auquel les espagnols ont affaire bien différent du système français soutenu par la CFDT avec un rôle actif des partenaires sociaux.
En Espagne, l’accès aux soins apportés par un système public est gratuit tant pour les soins à domicile qu’à l’hôpital. Les médicaments sont remboursés suivant des taux variables. Pour pouvoir bénéficier de ce système, les salariés et les entreprises versent des cotisations basées sur les salaires Les difficultés liés aux retard dans les hospitalisations et dans les possibilités de rendez-vous sont à l’origine de la mise en place d’un système privé de soins en parallèle, réputé pour apporter de meilleurs soins car il dispose de plus de moyens.
Les retraités dispensés de toute cotisation bénéficient, en outre, de la gratuité des médicaments.
On voit que ce système espagnol est loin du système paritaire français et de la revendication CFDT basée sur une contribution de tous basée sur l’ensemble des revenus.
Déclaration finale
En fin de rencontre, une conférence de presse a réuni 8 journalistes de la presse écrite, de 2 chaînes de télévision et de plusieurs radios. Les 2 délégations ont expliqué le sens de cette rencontre et présenté officiellement un communiqué commun dans lequel :
– elles dénoncent l’injustice sociale due à l’existence de pensions de retraite anormalement faibles tant en Espagne qu’en France, à l’heure où la construction d’une Europe sociale se développe ;
– elles demandent à leurs organisations nationales de continuer à mettre l’accent sur cette priorité et de faire en sorte que la FERPA ( Fédération Européenne des Retraités et des Personnes Agées) revendique prioritairement l’établissement d’un minimum de pension égal à court terme à 100% du salaire minimum interprofessionnel de chacun des pays ;
– elles demandent que la FERPA continue à revendiquer une amélioration de la Charte Sociale Européenne des Droits Fondamentaux à la suite de son intégration dans la constitution européenne ;
Une convivialité pleine de chaleur humaine
Une rencontre de ce type, prolongation de plusieurs contacts antérieurs, ne peut pas se vivre en dehors de moments de convivialité. Les repas pris en commun en donnèrent déjà l’occasion. Ce fut également le cas lors de la visite du site d’Enciso située dans la zone montagneuse de la Basse Rioja. De nombreux restes permettant de connaître le paysage et la faune de cette région à l’époque Crétacé y ont été trouvés, en particulier des empreintes de pas de dinosaures carnivores et herbivores. L’abondance et la variété de ces empreintes font probablement de cette région le plus grand gisement du monde de cette nature. Une visite exceptionnelle qui a clôturé la rencontre avant le repas d’adieu.