Respecter les besoins alimentaires des personnes âgées
L'avis du Conseil national de l'alimentation contient quelques vérités dures à entendre ! À domicile, un tiers des femmes mangent seules, sans aucune compagnie. En établissement, on laisse jeûner plus de douze heures entre le repas du soir et le petit déjeuner. À activité équivalente, les besoins énergétiques sont supérieurs à ceux des sujets plus jeunes. Il faut tout faire pour que s'alimenter soit un plaisir.
À la demande des ministères de tutelle, un avis sur les besoins alimentaires des personnes âgées et sur leurs contraintes spécifiques a été élaboré par un groupe de travail sous la responsabilité du Conseil national de l’alimentation (CNA). Cet avis a été adopté le 15 décembre 2005 (avis n° 53).
Les personnes âgées ont besoin d’une alimentation abondante, variée et de qualité et, à activité équivalente, leurs besoins énergétiques sont supérieurs à ceux des sujets plus jeunes. Adoptées dès 55 ans, voire plus tôt, des recommandations alimentaires simples permettent de prévenir ou de retarder la survenue de nombreuses maladies et de maintenir un bon état de santé général.
Cet avis constate qu’en France, 350 000 à 500 000 personnes vivant à domicile et 100 000 à 200 000 personnes vivant en institution gériatrique sont dénutries.
Les personnes âgées mal nourries
À domicile, un tiers des personnes de plus de 60 ans bénéficient d’une aide régulière en raison d’un problème de santé. C’est pourquoi l’avis met l’accent sur la formation des intervenants qu’ils soient familiaux ou professionnels.
En établissement, l’alimentation ne devrait poser aucun problème. Or, dans la plupart des cas, il n’en est rien. Le manque de formation et les contraintes budgétaires engendrent des déficits alimentaires graves. Ainsi, une étude menée auprès de 40 établissements en Poitou-Charentes a montré notamment que 85% des établissements n’ont pas de plan alimentaire correct ou que 40% ne proposent pas assez de légumes ou de fruits au déjeuner.
Les horaires de repas sont trop rapprochés dans la journée et la durée du jeûne entre le repas du soir et le petit déjeuner du lendemain est excessive et dépasse 12 heures. C’est pourquoi le CNA recommande l’intervention d’une diététicienne financée sur le budget soins, la tenue de commissions menus et la formation du personnel.
L’alimentation, un plaisir à conserver
S’alimenter doit rester un plaisir ! Cela passe par la socialisation et le respect des choix de vie et des habitudes alimentaires. Bon nombre de personnes vivent dans l’isolement et la solitude. Les services de proximité s’amenuisent, disparaissent. Une étude récente fait apparaître que 33% de femmes n’ont jamais pris un repas en compagnie de quelqu’un au cours d’une année. Les hommes sont plus souvent invités, ou vont plus facilement au restaurant.
Les voies d’amélioration passent par la connaissance des besoins nutritionnels avec l’âge afin que s’alimenter soit un plaisir. Il est nécessaire de favoriser le développement d’une image positive du vieillissement, de développer la prévention et le dépistage. Les règles d’attribution de l’Allocation personnalisée d’autonomie devraient être modifiées pour tenir compte de ces besoins.
Pour l’alimentation à domicile, plusieurs solutions sont à mettre en œuvre : faciliter les achats alimentaires par les personnes âgées, mieux encadrer le portage des repas. Cela passe aussi par le développement de la professionnalisation de l’aide à domicile et la formation permanente de tous les acteurs.
Pour l’alimentation en établissement, la conception et la préparation des repas, tout comme l’organisation de la restauration, doivent être repensées dans le cadre d’une démarche concertée d’amélioration de la qualité des prestations.
Pour l’alimentation à l’hôpital, en plus des recommandations concernant les établissements, un menu spécifique pour les personnes âgées avec choix basé sur les apports nutritionnels conseillés devrait être systématiquement proposé, y compris hors des services gériatriques.
Trois facteurs sont essentiels contre la dénutrition, ce sont la connaissance des besoins et des conditions de vie, une information large et spécifique et une meilleure formation du personnel qui est en relation avec les personnes âgées.
Source : Avis n°53 du Conseil national de l’alimentation.