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Secours Catholique : la précarité alimentaire s’est accrue


Le nombre de personnes ayant recours à l’aide alimentaire en France est passé de 2,6 millions en 2009 à près de 7 millions en 2020, soit 10 % de la population, souligne le rapport annuel du Secours Catholique.

Les contours d’une pauvreté, installée et complexe, sont révélés à partir des données remontées par 72 antennes de l’association. Les jeunes actifs et les jeunes parents y sont majoritaires, surtout s’ils élèvent seuls leurs enfants. Figure également une forte proportion d’étrangers au statut légal précaire (près de la moitié des personnes rencontrées sont étrangères). La crise sanitaire a amplifié cette réalité.

La demande alimentaire a augmenté de 54 % en un an. L’insécurité alimentaire a de lourdes conséquences. Plus de 80 % des ménages concernés se disent préoccupés pour leur santé. Elle est aussi source de stigmatisation du fait de ne pouvoir manger comme tout le monde.

Un niveau de vie en baisse

En 2020, le niveau de vie médian des ménages rencontrés au Secours Catholique est de 537 euros. Il baisse de 6 euros par rapport à 2019. Deux ménages accueillis sur trois vivent sous le seuil d’extrême pauvreté. Parmi eux, c’est le cas pour 77 % des enfants en bas âge (moins de 5 ans). La part des familles monoparentales (29 %) est trois fois plus importante que dans la population générale (9 %).

Les ménages étrangers ont un moindre accès aux ressources formelles (travail, prestations sociales), y compris lorsque leur situation administrative leur ouvre des droits. D’où un niveau de vie nettement plus faible que celui des ménages français. Plus de la moitié des étrangers rencontrés n’ont aucun revenu. La médiane du niveau de vie mensuel atteint 460 euros pour ceux en situation régulière.

Quant à l’accès au travail, sur cinq personnes rencontrées, une seule est en emploi, deux sont au chômage (indemnisées ou non) et deux en inactivité. Rappelons que les étrangers sans statut légal stable n’ont pas le droit de travailler.

Une réponse sociale plus large attendue

Environ un tiers des ménages rencontrés qui sont éligibles au RSA (revenu de solidarité active) n’y ont pas recours. Pour les allocations familiales, le taux de non-recours est de 26 %, en légère baisse par rapport à 2019. Le renouvellement automatique de certains droits et l’assouplissement temporaire lié à la déclaration des ressources, pendant la crise sanitaire, ont sans doute joué un rôle positif.
La précarité alimentaire, mise en lumière dans ce rapport, est, pour le Secours Catholique, intrinsèquement liée à l’isolement social et au sentiment d’exclusion. « La réponse ne peut donc pas être une approche simplement nutritionnelle, la dimension sociale est essentielle à prendre en compte face à la précarité alimentaire », conclut l’association.

Si l’aide alimentaire repose en grande partie sur la redistribution des produits invendus et dans le cadre de fonds européens, le Secours Catholique, dans ses propositions, considère que donner des « restes » à ceux qui se sentent exclus est incompatible avec l’égale dignité des personnes et avec le principe de fraternité !
Jacques Rastoul

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Le rapport complet : Faim de dignité

Chiffres clés 2020

 7 millions de personnes ont eu recours à l’aide alimentaire, soit 10 % de la population.
 27 % des ménages rencontrés ne mangent pas pendant une journée entière voire davantage et ce de manière régulière.
 537 euros : niveau de vie des ménages rencontrés ; 6 euros de moins qu’en 2019.
 22 % des personnes accueillies n’avaient aucune ressource financière.
 56 % des personnes accueillies étaient issues d’un logement précaire.

La demande alimentaire a augmenté de 54 % en un an.
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