UNION CONFÉDÉRALE CFDT DES RETRAITÉS

Notre activité


Si la CSG est juste, sa hausse sur les retraites ne l’est pas


À partir de janvier 2018, la contribution sociale généralisée (CSG) augmentera de 1,7 point, tandis que les salariés bénéficieront d’un allégement sur leurs cotisations sociales. Cela donne du pouvoir d’achat aux salariés, mais pénalise les retraités qui ne bénéficient pas de baisse de cotisations sur leur pension. Le président Macron et son gouvernement l’assument et stigmatisent les retraités qualifiés de « nantis ». La CFDT dénonce une mesure injuste.

Signez notre pétition en ligne : Non à une hausse de la CSG pas équitable

Le gouvernement souhaite redonner du pouvoir d’achat aux actifs, soumis, selon lui, à une pression fiscale excessive. Ainsi 20 milliards de cotisations salariales vont basculer vers la CSG. Mais si le taux est plus faible, l’assiette s’avère plus large. Résultat : 7 milliards seront redistribués à « ceux qui travaillent », explique-t-on au gouvernement. Cette réforme met à contribution retraités et fonctionnaires bien qu’ils ne bénéficient pas de l’assurance chômage.

Du pouvoir d’achat pour tous…

Pour compenser la suppression des cotisations sociales chômage et maladie que payent les salariés, la CSG sera augmentée dès janvier 2018. Les salariés vont profiter de ce basculement en deux temps, - 3,15 % de cotisations, + 1,7 % de CGS, ce qui va, mécaniquement, augmenter leur salaire net de 1,45 %, soit 260 € par an pour un salarié au Smic, et 540 € par an pour un salarié touchant 4 000 € nets.
Aux indépendants qui n’acquittaient pas de cotisation chômage, on promet un allégement de leur cotisation famille et une exonération de leurs cotisations d’assurance maladie et maternité. Selon le gouvernement, 75 % des travailleurs indépendants bénéficieront d’une augmentation de revenu similaire à celle des salariés ; la réforme sera neutre pour les autres travailleurs indépendants. En revanche, l’impact de la réforme est plus complexe à évaluer pour les fonctionnaires. Le gouvernement envisage une opération blanche, sans gain ni perte de pouvoir d’achat.

… sauf pour une grande partie des retraités

C’est sur les retraités que pèsera le plus la mesure : leurs pensions sont soumises à la CSG mais pas aux cotisations sociales. Pas de transfert gagnant donc et aucune compensation annoncée. « Tout le monde gagnera en pouvoir d’achat, sauf les plus aisés des retraités », prônait le candidat E. Macron. Les retraités aux revenus modestes bénéficiant soit d’une exonération de CSG soit du taux réduit seront épargnés (moins de 14 404 € annuels de revenu fiscal pour une personne seule et 22 095 pour un couple). La CFDT Retraités a fait savoir à M. Macron qu’à ce niveau de revenus, pas plus les retraités que d’autres catégories sociales ne peuvent compter parmi les aisés. Pour plus de 60 % des retraités, la CSG passera de 6,6 % actuellement à 8,3 %. Voilà les grands perdants.

Suppression de la taxe habitation, revalorisation des pensions, ces arguments ne trompent pas les retraités

Le gouvernement le répète à l’envi : il n’y aura pas de perte de pouvoir d’achat pour les retraités touchés par la hausse de la CSG car ils bénéficieront de la suppression progressive de la taxe d’habitation sur la résidence principale. Or quatre Français sur cinq seraient concernés par une mesure qui ne cible pas les seuls retraités. Et si cet impôt est injuste, ce dont nous sommes convaincus, pourquoi ne pas le supprimer pour tous !

Quant à l’augmentation des retraites de base, elle résulte strictement de la loi en vigueur. Cette revalorisation répond mécaniquement au niveau d’inflation, en légère reprise cette année. Ce n’est donc pas un cadeau aux retraités, qui ne peuvent y voir une compensation car ils ne s’y trompent pas : contrairement aux autres catégories sociales, aucune contrepartie n’est prévue pour eux. Nous sommes bel et bien les dindons de la farce !

Ombretta Frache

Les résidents en maison de retraite passent à la trappe

Sans doute trop occupé à vanter les mérites de l’exonération de la taxe d’habitation pour les retraités, le gouvernement s’aperçoit que les résidents en maison de retraite sont les grands oubliés. En effet, ces derniers ne paient pas de taxe d’habitation, et l’argument de voir la hausse de leur CSG compensée par sa suppression fait un flop. Plus de 750 000 personnes vivent dans des maisons de retraite ou en Ephad.

Vers une prestation chômage universelle

En France, l’indemnisation du chômage est basée sur la notion d’assurance, d’où son nom d’assurance chômage. Les cotisations chômage garantissent des prestations de remplacement dépendantes du salaire. Avec la réforme annoncée d’une « prestation chômage pour tous » financée par la hausse de la CSG payée par tous, les retraités les plus modestes exceptés, un décrochage progressif entre le montant des salaires et le niveau des prestations chômage est à craindre. Beaucoup plus d’actifs seraient couverts – artisans, commerçants indépendants, entrepreneurs, professions libérales et agriculteurs –, mais avec le risque de percevoir une allocation de type allocation d’assistance nettement plus faible. D’ores et déjà une baisse de 10 milliards des dépenses est prévue. Aujourd’hui sous contrôle des partenaires sociaux, l’indemnisation chômage relèvera d’une gouvernance « publique », signifiant une plus grande part de l’État dans la gestion des prestations chômage.

À quoi sert la CSG ?

La CSG, créée en 1991, a permis que le financement de la protection sociale ne repose plus seulement sur les seuls revenus du travail mais aussi sur les revenus du capital. En plus d’alourdir le coût du travail, cela posait un problème d’équité car seuls les revenus du travail cotisaient. Les recettes de la CSG financent d’abord les régimes d’assurance maladie, une petite partie de la branche famille, le Fonds de solidarité vieillesse (FSV), la Caisse d’amortissement de la dette sociale (Cades), et la CNSA (Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie) pourvoyeur des prestations liées à la dépendance dont l’Apa. Aujourd’hui, la CSG rapporte un tiers des recettes de la Sécurité sociale. La nouvelle hausse programmée de la CSG ajouterait 22 milliards. La CSG est saluée comme étant le meilleur mode de financement de la Sécurité sociale : elle est universelle et concerne tous les revenus.