Simone Veil au Panthéon, la première femme présidente du Parlement européen
L’entrée au Panthéon, accompagnée de son mari Antoine, de Simone Veil le 1er juillet 2018 mérite de saluer grandement ce beau geste de reconnaissance profonde de respect et d’appropriation de l’Histoire de l’Europe et de la France.
Cet évènement historique se situe à moins d’un an des prochaines élections au Parlement européen, et au moment où l’Europe traverse des périodes difficiles avec des forces tentant de remettre en cause ses fondamentaux. Une fois de plus Simone Veil est là pour nous rappeler les valeurs qui transcendent notre bien commun : l’Europe.
Âgée de 89 ans, Simone Veil, figure européenne incontournable, née à Nice le 13 juillet 1927, est décédée le 30 juin 2017. Elle a été la première femme présidente du Parlement européen en 1979 et elle y a défendu des positions fédéralistes et supranationales. Elle a largement contribué au renforcement des pouvoirs de cette institution.
Écrire à propos de Simone Veil nécessite un développement passionnant pour toutes les richesses de sa belle et courageuse vie. Restons à un pan déterminant de sa vie pour elle et pour chacune et chacun d’entre nous : l’Europe.
« La paix, la défense des droits de l’homme, davantage de solidarité entre les riches et les pauvres »
Rappelons quelques propos choisis : « Pour ses fondateurs, l’Europe était avant tout un projet politique. Il faut revenir au concept qui l’avait inspirée en rénovant les institutions européennes dans le sens de la démocratie et de l’efficacité. Leur organisation et leur rôle doivent être revus dans la perspective du futur élargissement à vingt pays, voire davantage, en se limitant aux questions pour lesquelles la dimension européenne s’avère nécessaire ou utile. »
« Se fixant de grandes ambitions, l’Europe pourra faire entendre sa voix et défendre des valeurs fortes : la paix, la défense des droits de l’homme, davantage de solidarité entre les riches et les pauvres. L’Europe, c’est le grand dessein du XXIème siècle. »
Que ça fait du bien de se rappeler ses paroles fortes et simples dans cette période du chacun pour soi qui se développe dans l’Union européenne.
Sa carrière politique débute en 1974
En mars 1944, elle est arrêtée avec sa famille par la Gestapo, et elle est déportée au camp de concentration d’Auschwitz où elle est détenue durant 13 mois.
Après la guerre, elle entreprend des études à l’Institut d’Études Politiques de Paris, puis à la faculté de droit, et devient magistrate. Attachée à l’administration pénitentiaire, sa renommée grandit lorsqu’elle prête ses talents de juriste réformateur à la législation sur l’adoption d’enfants.
Sa carrière politique ne débute véritablement qu’en 1974 lorsqu’elle est nommée ministre de la Santé par le président Valéry Giscard d’Estaing, afin de résoudre l’épineux problème de la légalisation de l’avortement. Elle conserve cette fonction jusqu’en 1979.
Présidente du Parlement européen en 1979
À l’occasion des premières élections du Parlement européen au suffrage universel direct, Simone Veil est tête de liste de l’Union pour la démocratie française (UDF). Elle est désignée comme candidate du groupe libéral à la présidence du Parlement.
Le 17 juin 1979, il y a presque 40 ans, Simone Veil est élue présidente au second tour de l’assemblée élue au suffrage universel, par 192 voix. Elle devient ainsi la première femme à occuper ce poste.
Au cours de son mandat, elle défend avec force et énergie ses conceptions supranationales, et développe son action sur les sujets qui lui tiennent particulièrement à cœur.
Elle contribue, notamment, à faire connaître le Parlement européen à l’opinion publique européenne et à améliorer sa visibilité
Une vie riche : ministre, conseil constitutionnel, académie Française...
En janvier 1982, elle quitte cette présidence, mais poursuit son engagement actif dans la vie politique européenne, à la tête, par exemple, du service juridique du Parlement.
En 1984 elle dirige la campagne pour les élections européennes de la liste libérale Union pour la France en Europe (UFE). Puis, en 1989, refusant le rapprochement RPR-UDF, elle mène une liste centriste et ouvertement pro-européenne.
Elle restera députée européenne jusqu’en 1993, date à laquelle elle est nommée ministre des Affaires sociales dans le gouvernement français d’Edouard Balladur (1993-1995).
Au niveau européen, elle est de nouveau sollicitée en 1996 pour être membre de la commission internationale pour les Balkans, sous l’autorité de Léo Tindemans (homme politique belge).
Elle devient ensuite membre du Conseil constitutionnel français de 1998 à 2007, et appelle en 2005 à voter « oui » au référendum sur le traité établissant une constitution pour l’Europe.
Simone Veil entre à l’Académie française en 2010, remplaçant Pierre Messmer (ancien premier Ministre).
Jean-Pierre Bobichon
(avec l’aide de « Toute l’Europe »)