UNION CONFÉDÉRALE CFDT DES RETRAITÉS

Notre activité


Transformer les Éhpad en lieux de vie attractifs


Ils s’appellent Tiers lieux, des espaces hybrides consacrés au faire ensemble. L’Éhpad devient un lieu pour se rencontrer, partager, apprendre. Un lieu basé sur la participation, ouvert sur son territoire. Cette conception présentée en novembre 2022 à Paris lors du colloque des approches non médicamenteuse est soutenue par la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie. Exemple dans les Côtes-d’Armor.

Rendre l’Éhpad attractif, tel est l’objectif porté par la directrice, Corinne Antoine-Guillaume, directrice de l’Éhpad Kersalic à Guingamp. « Pour transformer le fonctionnement de l’établissement, on a commencé à partager sur le rôle et la motivation de chacun, sachant que trop d’activités reposaient sur les aides-soignantes. »

Elle précise la démarche engagée depuis 2014 : « Des personnels de cuisine, de l’accueil, de l’animation, du soutien psychologique, tous se sont reconnus importants dans le prendre soin. Chacun a pris en compte l’utilité de sa participation et de son intérêt dans la dynamique collective pour le bien-être des résidents, désormais considérés comme des ”habitants”.  »

Repenser le pouvoir d’agir des résidents

L’autre étape pour cet Éhpad public a été de repenser le pouvoir d’agir des habitants, à partir de leurs savoir-faire et de leurs talents, afin de transformer les espaces. Du bar à la brasserie, en passant par les lieux de vie, les étages sont devenus des « villages ». Chaque habitant est invité à se découvrir un rôle à déployer dans la maison. Distribuer du courrier dans les boîtes à lettres des chambres appelées « appartements ». Tenir l’épicerie avec tous les produits nécessaires, se retrouver au café de la place du village ou au restaurant-brasserie avec des plats à la carte équilibrés. La vie quotidienne est organisée par un conseil des citoyens qui va permettre de renouveler le conseil de la vie sociale.

Chaque village breton, puisque nous sommes à Guingamp, a sa décoration dans laquelle se sont investis autant les professionnels que les habitants et leurs proches. Cette démarche participative renforce les liens sociaux et fidélise le personnel. Elle se développe en s’ouvrant largement à l’extérieur par des repas intergénérationnels, un café des familles, l’accès à la télémédecine, la mise à disposition de locaux pour des associations. Cette ouverture rencontre un bon écho. « Plus on est ouvert sur l’extérieur de l’Ehpad, moins on est critiqué et plus on attire », souligne la directrice.

Même avec 70 % de résidents touchés par des troubles cognitifs, cet Ehpad de 72 habitants a pris un autre visage, devenant un lieu de vie attractif autant qu’un lieu de soins.
[Jacques Rastoul

Bon à savoir

L’architecture, la clé pour se sentir chez soi

« Les Éhpad sont souvent conçus et organisés comme des “hôtels de soins”, avec des prestations et des prescriptions calquées sur celle du secteur sanitaire », explique Fanny Cérèse docteure en architecture. Dans une approche domiciliaire, il s’agit, selon cette experte de l’architecture en santé et qualité de vie, « de créer un environnement domestique pour que les personnes accueillies comprennent et s’approprient un lieu dans lequel elles vivent et ainsi se sentent chez elles ».

Cela demande un important changement de culture et d’organisation. Il faut « comprendre les attentes profondes des résidents avec plus d’empathie, initier des transformations concrètes et pertinentes sur l’aménagement des espaces et l’organisation quotidienne ».

Quelques Éhpad commencent à s’engager dans cette voie. Résidents, personnels et proches aidants doivent y trouver leur compte et plus de sens, malgré le manque de moyens.