Un ancien de Solidarnosc préside le Parlement européen
Un polonais élu à la présidence du Parlement européen vingt ans après la chute du mur ! Le symbole s'avère fort. Un Parlement élu au suffrage universel.
Un fort taux d’abstention a marqué l’élection du Parlement européen au suffrage universel en juin dernier. Ceci mérite de s’interroger ! La seule institution européenne élue au suffrage universel ne mobilise pas. Pourtant, souvent, à juste titre, les citoyens européens expriment leur mécontentement sur l’Europe. Il y a là une contradiction. Le Parlement européen est un véritable contre-pouvoir politique face à la Commission européenne et au Conseil des ministres. Un contre-pouvoir complémentaire à celui exercé syndicalement par la Confédération européenne des syndicats (CES) et, en son sein, la Fédération européenne des retraités et personnes âgée (Ferpa).
Le nouveau Parlement installé
L’installation du Parlement européen nouvellement élu s’est déroulée à Strasbourg mi-juillet. Ne calquons pas le fonctionnement du Parlement européen sur celui de notre Assemblée nationale avec ses clivages permanents entre gauche et droite. Aucune famille politique n’atteint seule la majorité absolue de 369 sièges. Les compromis de majorité se feront au cas par cas en fonction des dossiers comme auparavant. Un accord technique reconduit une majorité entre le groupe des 265 conservateurs (parti populaire européen ou PPE) et le groupe des 184 sociaux-démocrates (alliance progressiste des socialistes et démocrates ou S&D, nouveau nom du groupe socialiste depuis l’arrivée du Parti démocrate italien).
La Pologne et les Polonais à l’honneur
C’est dans cet esprit que Jerzy Buzek est élu président du Parlement européen pour deux ans et demi (555 voix sur 719 votants !). Cette forte majorité s’est constituée sans les communistes, de certains verts européens et… des socialistes français ! La présidence suivante, pour le reste du mandat de cinq ans, sera assurée par Martin Schulz, actuel président du groupe S&D. Jerzy Buzek est bien connu par une CFDT engagée sans faille en faveur de Solidarnosc dès le début. En effet, Jerzy adhère à Solidarnosc dès sa création en 1980. Après l’instauration de la loi martiale le 13 décembre 1981 par le général Jaruzelski, il reconstitue dans la clandestinité les structures de Solidarnosc. Il occupe des fonctions régionales et nationales et préside plusieurs congrès de Solidarnosc.
Une seule Europe
Cette élection d’un polonais est un vrai et beau symbole, un an jour pour jour après la tragique disparition accidentelle de Borislaw Geremek, et près de vingt ans après la chute du mur de Berlin. Du nouveau président du Parlement européen on retiendra quelques expressions fortes : « C’est un grand jour pour nos dix pays de l’Est de l’Europe (...), il n’y a plus vous et nous, mais UNE Europe partagée… ». Il cite la devise française : « Liberté, égalité, fraternité. Chacun d’eux résonne avec force et assurance dans l’Union européenne d’aujourd’hui ».
Repères
Le Parlement européen s’affirme
Le Parlement entend bien jouer tout son rôle. Il montre déjà sa volonté d’être respecté : la ratification du futur président de la Commission européenne est remise à l’automne. Le conservateur José Manuel Barroso voulait être confirmé dans ses fonctions dès juillet avec l’accord des chefs d’État et de gouvernement. De plus, le parlement pose ses conditions à sa reconduction : il exige une déclaration d’engagement politique et un programme d’action sur les priorités de travail, notamment en matière économique, sociale et environnementale.