UNION CONFÉDÉRALE CFDT DES RETRAITÉS

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Un collectif veut faire entendre la voix des vieux


Le Conseil national autoproclamé de la vieillesse, né en décembre2021, a pour but la création d’une instance officielle qui serait consultée sur les politiques publiques pour les personnes âgées. L’habitat, l’urbanisme, les finances, la culture, l’accès aux droits et aux soins, autant de thèmes dans lesquels les vieux doivent agir pour créer un environnement dans lequel ils souhaiteraient vieillir.

« Rien pour les vieux sans les vieux. » Cette phrase résume le principal objectif de ce mouvement qui s’est très vite baptisé Conseil national autoproclamé de la vieillesse (CNaV). Un clin d’œil facétieux à l’autre Cnav, la Caisse nationale de l’assurance vieillesse en charge des retraites !

L’idée d’un CNaV naît le soir d’un débat sur « Quel avenir pour la loi Grand âge ? », organisé le 18 octobre 2021 à Paris par les associations Vieux et Chez soi, Grey-pride, Vivons en forme (Vif) et la Vie vieille. Devant l’enthousiasme des participants, les présidents de ces quatre associations, Francis Carrier, Éric Favereau, Nicolas Foureur et Véronique Fournier (que nous avons rencontrée à Amnéville), élaborent un premier manifeste fondateur où ils défendent la création du CNaV et proposent à un certain nombre de personnes qualifiées, susceptibles d’être intéressées, de le signer.

Le manifeste est très bien reçu, alors les fondateurs organisent, le 8 décembre, une première réunion du CNaV en visioconférence à laquelle sont invités les quarante premiers signataires. Deux décisions sont prises : écrire aux candidats à la Présidence de la République pour demander la création d’un officiel Conseil national consultatif des personnes vieilles ; écrire une tribune pour faire connaître le CNaV à travers une première prise de position dénonçant la refermeture des Ehpad liée à la recrudescence de la pandémie de Covid, « Vieux et malades à nouveau interdits de visite : arrêtons cela ! » (Le Monde, 21 décembre 2021).

Un article de la journaliste Béatrice Jérôme dans Le Monde du 28 décembre provoque un afflux de prises de contact de personnes souhaitant rejoindre le CNaV, ainsi que l’intérêt de beaucoup de médias.

Être considéré

Ce Conseil, précise le sociologue Michel Wieviorka, « ne demande pas d’être plus considéré que les autres catégories d’âge, pas plus, mais pas moins. Ce n’est pas un mouvement “catégoriel”. Nous ne demandons pas du tout que notre génération soit privilégiée. Aujourd’hui, une partie de notre population n’existe pas, n’est pas considérée... On espère susciter de l’intérêt. »

Aujourd’hui, plus de 500 000 vieux sont en état de mort cérébrale, 2 millions d’autres en situation de grand isolement. Le risque est encore plus grand si on est une femme. Ces indicateurs du baromètre des Petits frères des Pauvres (2021) marquent une forte aggravation depuis quatre ans. Ajoutons les difficultés pour les 4 millions de personnes exclues de la culture numérique et de tout accès à Internet. La situation des personnes âgées en France ne cesse de se détériorer, jusqu’à devenir très maltraitante. La crise sanitaire en fut un triste révélateur : « On a privilégié la survie au détriment du sens de la vie », a dénoncé dans Le Monde le professeur Didier Sicard, en évoquant ce qu’on a fait vivre aux résidents d’Ehpad. Et cela continue hélas, comme le constate tristement la psychologue, psychothérapeute et écrivaine Marie de Hennezel dans La Croix : « Les décisions sont prises sous le commandement de la peur, or la peur génère des comportements inhumains. »

Associer les vieux aux décisions

Le CNaV propose un changement total de paradigme : que les vieux ne soient plus séparés du reste de la société. « Dans les pays dits primitifs, l’expérience des vieux compte », constate Bernard Kouchner, cofondateur de Médecins du monde. « Associer les vieux aux décisions qui les concernent », ajoute-t-il. Et sans attendre ! Dans toutes ces déclarations, un mot est valorisé et répété de façon inhabituelle : celui de « vieux ».
Sans honte aucune, chacun s’assume vieux ou vieille, et espère que la vieillesse cessera d’être un repoussoir, car nous sommes convaincus : les personnes vieilles sont une richesse dans la société.

« Nous voulons créer un environnement dans lequel nous souhaiterons vieillir », indique la page Facebook de ce nouveau collectif.
« L’habitat, l’urbanisme, les finances, la culture, l’accès aux droits et aux soins, autant de thèmes dans lesquels nous devons agir. »

Ces considérations sont largement partagées dans le collectif mais aussi par d’autres. Les villes sont de moins en moins hospitalières aux vieux, les transports en commun souvent insuffisants, les logements inadaptés. Les vieux connaissent des difficultés pour accéder à la culture. La médecine est trop centrée sur le curatif. Les inégalités territoriales pour l’accès aux soins s’aggravent avec les déserts médicaux.

L’accompagnement de la fin de vie est insatisfaisant. Tous ces points font l’objet de groupes de travail agglomérant progressivement au collectif de départ des citoyens soucieux de réaffirmer les droits de la personne vieille. « Nous voulons faire monter la parole des plus âgés, qu’on arrête de parler en leur nom », déclare Francis Carrier, du collectif Grey Pride.

Annette Bon, membre du bureau de la CFDT Retraités et du Collectif CNaV

Pour en savoir plus Consulter le site : Le CNaV

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Contact : cnav.demain@gmail.com