Une reconnaissance publique
Questions à Philippe Frémeaux Journaliste économique, ancien responsable du magazine Alternatives Économiques Cet acteur et observateur de l’économie sociale et solidaire depuis plus de 30 ans précise la reconnaissance nouvelle de ce secteur par les pouvoirs publics. Sa contribution au changement social dépend de son exemplarité.
En quoi la nouvelle loi de 2014 renforce l’économie sociale et solidaire (ESS) ?
La loi ESS adoptée fin juillet dernier a d’abord marqué la reconnaissance par l’État de l’économie sociale et solidaire. Elle en définit les contours, en associant les statuts mais aussi l’utilité sociale des structures. Au-delà, cette loi répond à toute une série de demandes des différentes organisations de l’ESS, qu’il s’agisse des Scop dont le développement est encouragé, des associations qui voient leurs ressources mieux sécurisées via une définition plus claire de la notion de subvention…
Quels sont les leviers qui permettent de donner plus de visibilité à l’ESS pour son développement ?
Le défi auquel est confronté l’ESS aujourd’hui est moins lié à son manque de visibilité qu’à sa dépendance à l’égard de l’argent public, une dépendance légitime, eu égard aux missions d’intérêt général qu’elle remplit. Si l’État a marqué sa volonté de soutenir le développement de l’ESS en dégageant des crédits via notamment la Banque publique d’investissement (BPI), la rigueur budgétaire actuelle, en revanche, contraint nombre d’associations à réduire leurs effectifs.
L’économie sociale et solidaire est-elle une alternative à l’entreprise classique ou contribue-t-elle à un rééquilibrage par rapport au modèle dominant ?
Je ne pense pas qu’elle soit une alternative ou, plutôt, je ne rêve pas d’un monde où la liberté d’entreprendre sous forme capitaliste aurait disparu ! En revanche, on peut penser, et c’est mon cas, que lorsque l’ESS se montre exemplaire dans ses pratiques démocratiques, quand elle produit des biens et services qui concourent au bien-être de tous sur un mode inclusif, en développant l’emploi et les pratiques coopératives sur les territoires, bref, quand elle donne envie, elle contribue alors au changement social et à l’émergence d’une société plus douce pour ses membres.
Propos recueillis par Guy Gouyet
Pour en savoir plus
– « La nouvelle alternative ? Enquête sur l’économie sociale et solidaire », Philippe Frémeaux, Alternatives Économiques, 2012.
– L’économie sociale de A à Z, hors-série « poche » n° 38 bis, Alternatives Économiques, mars 2009.
– Le Labo de l’économie sociale et solidaire, http://www.lelabo-ess.org.
– Regard d’économistes sur l’économie sociale et solidaire, par le Labo et Alternatives Économiques, série « Poche », novembre 2013.
– Le portail de l’ESS, http://www.economie.gouv.fr/ess-economie-sociale-solidaire.
– Chambres régionales de l’économie sociale et solidaire.