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La Grèce et ses créanciers


Les élections législatives en Grèce du 25 janvier ont amené au pouvoir « la gauche radicale » de SYRIZA (1). Son programme qui vise à mettre fin à l’austérité et à renégocier la dette, ont échauffé les esprits et relancé le débat sur la sortie éventuelle de la Grèce de la zone euro.

Ce débat a été alimenté par le journal allemand « le Spiegel » qui affirmait tout récemment que pour l’Allemagne l’abandon de l’euro par la Grèce était inévitable : cette « vraie-fausse » information prêtée à la Chancelière a ensuite été démentie : cependant le mal était fait et le doute s’est alors installé -d’abord dans les bourses européennes- puis chez les analystes et commentateurs.

Qu’en est-il exactement :
 les élections en Grèce se sont déroulées de façon démocratique : le pays est souverain dans les choix de sa représentation politique ;
 les chiffres sont connus : la dette du pays s’élève à 321 milliards (soit 175% du PIB), le taux de chômage est le plus élevé de l’UE à 26%. Cette dette n’est à l’évidence pas soutenable surtout quand les emprunts grecs se situent à des taux très élevés (environ 9%).
Dès lors de nouvelles discussions sur le plan d’aide à la Grèce sont, seront inévitables, elles porteront vraisemblablement le moment venu sur l’étalement du remboursement de cette dette et le niveau des taux d’intérêt.

Préalablement à ces élections, alarmer l’opinion européenne, les marchés, faire pression sur l’électorat grec n’ont servi strictement à rien : le principe de réalité va reprendre ses droits d’autant que différents pays ont aussi leurs propres intérêts : à commencer par l’Allemagne qui détient au total 63,6 milliards de la dette grecque et la France 47,8.

La décision étonnante de la BCE

Malgré les élections, les pressions ne sont pourtant pas apaisées puisque la Banque Centrale Européenne a pris le 5 février 2015 une décision étonnante concernant « l’éligibilité des obligations grecques utilisées en garantie des opérations de politique monétaire de l’euro-système ». Autrement dit la BCE intervient politiquement par un biais technique - la qualité des titres apportés en garantie - en faisant pression sur le nouveau gouvernement grec.

Le message de la BCE est clairement politique, il indique deux choses : la BCE ne souhaite pas être sortie du jeu de la « troïka » (2) (contrairement au souhait de Syriza qui ne veut plus entendre parler de cette « troïka ») et la BCE de plus milite pour la poursuite du « programme d’ajustement » dont tout le monde sait qu’il a surtout entraîné des dégâts économiques et sociaux considérables (chute très importante du PIB - poursuite de l’endettement intenable - chômage - dégâts sociaux).

Un accord pour quatre mois

La situation de la Grèce est donc à suivre avec attention d’autant que trois réunions de l’eurogroupe (5 ; 12 et 20 février plus une conférence téléphonique le 24 février) auront été nécessaires pour sortir - provisoirement - d’une situation conjoncturelle extrêmement délicate s’agissant de la dernière phase du second plan d’aide à la Grèce en vigueur depuis mars 2012. L’accord du 20 février 2015 prévoit d’étendre de quatre mois le programme de financement de l’Etat grec (qui venait à échéance fin février) à partir d’une liste de contreparties et de réformes à fournir d’ici fin avril.

Le « reliquat » du deuxième plan pourra ainsi être versé soit normalement : 1,8 milliard du FESF (fonds européen de solidarité financière), 1,9 de la BCE et selon toute vraisemblance 3,5 du FMI.
La « partie » n’est pas pour autant terminée avec l’accord du 20 février : la « fraîcheur » de Syriza se heurte à la lassitude des autres pays européens et en particulier de l’Allemagne.

Au-delà de la victoire sémantique : la « troïka » honnie par la nouvelle équipe gouvernementale de Grèce laisse place désormais aux « institutions » (avec cependant les mêmes acteurs : Commission Européenne/Euro-zone ; BCE ; FMI) la Grèce a obtenu - et c’est bien le moins - d’être un partenaire effectif des négociations et non plus un exécutant de l’ex –troïka ».
L’objectif final affiché est d’atteindre un ratio d’endettement de 120% du PIB à l’horizon 2020.

Pour ce qui est des mesures sociales de l’équipe TSIPRAS elles devront être gagées sur des économies budgétaires équivalentes (lutte effective contre la corruption et l’évasion fiscale – privatisations, etc.).

Le sujet grec sera à n’en pas douter à nouveau sur la table en avril.

Jean-Pierre Moussy

(*) Syriza (regroupe diverses formations situées à l’extrême gauche de l’échiquier politique) emmené par Alexis TSIPRAS a remporté un peu plus de 36% des suffrages mais il lui manque 2 sièges au Parlement pour avoir la majorité absolue ; il a donc décidé de faire alliance –mystère de la politique !– avec un petit parti de droite extrême, les « Grecs indépendants » (parti populiste, anti-immigration et nationaliste) pour constituer son gouvernement qui par ailleurs ne comprend aucune femme !
(**) Troïka : organe composé de la Commission européenne, du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque centrale européenne (BCE) représentant ses créanciers internationaux.

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