UNION CONFÉDÉRALE CFDT DES RETRAITÉS

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Questions à Lydie Nicol, secrétaire nationale de la CFDT, responsable de la politique d’immigration 5/5


« Respecter les droits fondamentaux inscrits dans notre Constitution et dans les textes internationaux ratifiés par la France »

Sommaire du dossier
 S’il te plaît, dessine-moi un immigré 1/5
 Les immigrés en France 2/5
 Droit du sang, droit du sol et aide médicale 3/5
 Le projet Migr’action de l’Union régionale CFDT Île-de-France 4/5
 Questions à Lydie Nicol, secrétaire nationale de la CFDT, responsable de la politique d’immigration 5/5

Fil Bleu. Les lois de certains pays européens ne respectent pas les règlements internationaux relatifs aux droits humains. En France, ce risque existe également, notamment en ce qui concerne l’accès aux soins et aux prestations sociales, ou le regroupement familial. De quoi cela est-il le signe dans la période actuelle ?

photo Joseph Melin

Lydie Nicole. Nous observons en effet depuis plusieurs années la montée d’une forme de populisme qui consiste à désigner les institutions internationales et européennes, et donc le droit et les normes qui s’y attachent, comme responsables de tous les maux des citoyens. C’est un discours qui trouve de l’écho dans des périodes de crises sociale et économique, qui sont aussi des périodes anxiogènes. Politiquement, cela se traduit par une forme d’acceptation de plus en plus large des discours d’extrême droite, du repli sur soi et du refus de l’autre, qui ont largement inspiré les débats et les amendements sur le projet de loi Immigration au Sénat. Il en est ressorti un texte indigne qui restera comme une tache pour la chambre haute avec certaines remises en cause des droits fondamentaux des étrangers en France. Les digues sautent les unes après les autres : cela dit de la période actuelle une perte de repères et de valeurs. C’est le rôle d’une organisation comme la CFDT de mener la bataille à tous les niveaux pour ne pas laisser s’installer cette idée que nous pourrions construire l’avenir en opposant les uns aux autres, sur les cendres de nos fondamentaux.

Peux-tu développer les raisons pour lesquelles la CFDT s’oppose au maintien de la liste des métiers en tension pour l’accès des étrangers au marché du travail ?

Le projet de loi Immigration propose la création d’un titre de séjour réservé aux métiers en tension pour les travailleurs sans-papiers présents depuis plusieurs années en France. Il ne s’agit pas ici de faire venir des travailleurs étrangers en France, mais de régulariser des personnes qui y sont déjà, travaillent, cotisent, participent à l’attractivité du pays, veulent s’intégrer. La CFDT est contre le principe de conditionner la régularisation et un titre de séjour à une liste de métiers établie par région. Non seulement ce titre enferme les travailleurs dans un statut précaire, mais c’est par ailleurs une barrière inutile puisque, de fait, ils travailleront dans ces métiers dits en tension. Les parcours de vie des travailleurs sans-papiers sont souvent éprouvants avant leur arrivée en France, et difficile ensuite, puisqu’ils doivent se cacher, d’affronter des problématiques de toute sorte dans leur vie de tous les jours pour se soigner, se loger… Il faut tout faire pour soutenir leur intégration. Inscrire les conditions de régularisation dans la loi est un premier pas positif : encore faut-il qu’elles ne soient pas trop restrictives.

La CFDT et les partenaires du Pacte du pouvoir de vivre revendiquent une loi digne pour traiter des problèmes de l’immigration et de l’asile. Quels sont les points incontournables pour que cette loi mérite cette qualification ?

Il ne faut pas confondre le débat d’idées, sain dans une démocratie, avec la remise en cause des principes et des valeurs qui fondent la cohésion sociale dans notre pays. Le point incontournable est de respecter les droits fondamentaux inscrits dans notre Constitution et dans les textes internationaux ratifiés par la France. Le Pacte du pouvoir de vivre porte comme principe que chaque citoyen doit pouvoir se nourrir sainement, se loger dignement, se soigner, s’éduquer ou se former, avoir une vie sociale, s’intégrer… Chaque loi devrait porter ses principes en elle. On en est loin ici.

Entretien réalisé par Michelle Aribaud