UNION CONFÉDÉRALE CFDT DES RETRAITÉS

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Covid-19, la CFDT Retraités vous appelle à témoigner

29 septembre 2020, 20:15, par Marie-Claude RATTIER

Bonjour, je vous transmets un témoignage d’une résidente en Ehpad de la Vendée, ancienne adhérente à la CFDT qui ne pleut plus adhérer du fait de sa situation financière à qui nous transmettons "Fil Bleu" puisque nous en recevons 2.

"Vie en EHPAD depuis mai 2015 et j’ai actuellement 86 ans.

9 mars 2020 = plus de visites,
16 mars 2020 = confinement total :

 Ne quitter la chambre sous aucun prétexte, enfermement entre 4 murs.
Je n’avais même pas le droit d’ouvrir ma porte-fenêtre sur le jardin où il n’y avait personne.
Le jardin était fermé avec des barrières et un ruban rouge et blanc ; aération seulement par la fenêtre de la loggia.
 Ne pas rencontrer les autres résidents ; les 3 repas étaient servis dans les chambres par le Personnel.
 Ne pas recevoir de courrier ni de produit de l’extérieur, ne pas envoyer de courrier non plus.
 Aucune animation dans l’EHPAD.
Du jour au lendemain : le vide total, sauf l’usage du téléphone : mais de nombreux résidents n’ont plus la faculté de s’en servir.

A partir du 4 mai, quelques allègements ont été mis en place progressivement :
 visites en box aménagé, sur rendez-vous, d’une ½ h, puis d’1 h, réservées aux familles.
N’ayant aucune famille en Vendée, j’ai demandé à recevoir quelques amis proches « en
remplacement »
réponse : « vous n’êtes pas prioritaire » j’ai pourtant 86 ans… Ma 1ère visite a été le 4 juin.
 Reprise du courrier dans les 2 sens,
 Possibilité de recevoir des paquets, remis après 48 h de décontamination régie par le service,
mais pas de denrées fraîches (fruits).
 Reprise de quelques animations dans le jardin de l’EHPAD.

A partir du 15 mai,
 Possibilités de sorties extérieures pour des consultations médicales, suivies d’une quatorzaine de
confinement total à nouveau : ce que j’ai dû vivre à la suite d’une consultation chez l’ophtalmo
le 15 mai.

A partir du 8 juin,
Inter ventions possibles dans l’EHPAD des coiffeuses, des auxiliaires personnels de santé
(podologues).

A partir du 18 juin
 Visites libres dans les chambres, et sorties extérieures libres, avec bien sûr, toutes les consignes de
sécurité sanitaire à respecter, ce qui était tout à fait normal.

Des choses ont bien fonctionné tout au long de ces 3 mois sous la responsabilité de l’animatrice :
 « Familéo » une fois par semaine,
 mail hebdomadaire aux familles, très contentes d’avoir des nouvelles de l’EHPAD et de leur
résident(e),
 liens avec les familles par tablettes,
 commandes groupées à l’animatrice pour des produits de « 1ère nécessité ».

Mon ressenti
 Poids énorme de « l’autorité » régissant absolument tout,
 plus aucune initiative possible,
 perte de sa responsabilité personnelle sur sa vie « on ne sait jamais ce qu’on peut faire ou ne pas
faire »
 sentiment d’être perpétuellement dans le flou, l’incertitude de ne pas faire ce qu’il faut, d’être dans
son tort,
 infantilisation énorme : avoir plus de 80 ans, ou plus de 90 ans, avec tout le poids d’une vie vécue,
assumée, et être traité comme un enfant de 3 ou 4 ans est profondément perturbant, déstabilisant.
 à la moindre erreur, même en toute bonne foi, réprimandes sévères, sans possibilité de s’expliquer,
sans dialogue possible car on nous coupait la parole : « on se faisait attraper » Des demandes
pourtant légitimes n’étaient pas reçues, « nous étions enfermés, prisonniers ».

« La fille d’une résidente, revenue à l’EHPAD après une intervention chirurgicale, a demandé à voir sa
maman, même seulement à travers une porte-fenêtre, cela ne lui a été accordé qu’après 4 jours.
La résidente a fait « un glissement », perte totale d’envie de vivre, et elle est décédée quelques jours
plus tard, malgré les visites de sa fille, malheureusement trop tardives.

Dans la nuit du 3 au 4 avril, une résidente s’est jetée par une fenêtre et est décédée à l’hôpital 2 h
plus tard, mais : « il ne faut pas parler de suicide, car ce n’était pas un suicide »…

Nous sommes sortis du confinement laminés :
 perte importante des forces physiques, psychologiques et mentales,
 plus de goût de vivre,
 augmentation de la désorientation, de la perte de mémoire, des repères dans le temps (à la fin du
confinement, je regardais, le matin, l’écran de mon téléphone pour savoir quel jour nous étions).

Pendant ces 2 mois et demi, nous avons beaucoup apprécié l’attitude du Personnel de base :
beaucoup d’attention et d’écoute de leur part, nous ont aidés à passer moins mal certains moments
plus difficiles, à pouvoir aussi nous exprimer.

Nous avons bien compris le poids de la responsabilité qui pesait sur les cadres, et celui des directives
venues « d’en haut », particulièrement autoritaires, mais il y a eu une absence de prise en compte
de l’humain, de respect de la personne, de respect de notre âge. Nous pourrions être leurs grands-
parents … Je n’ai jamais autant regretté l’absence des conseils de vie sociale et de maison, s’ils
n’étaient pas devenus des conseils fantômes, ils auraient pu provoquer des rencontres régulières
avec les cadres pour évaluer la situation, faire remonter des demandes.
Mais depuis l’application de la loi du 28/12/2015 et ses effets catastrophiques sur la vie des EHPAD,
ces conseils sont devenus inexistants.

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