Annie Thomas : de La Poste à l’ambassade de France en Espagne
Annie Thomas, inspectrice des PTT, a été secrétaire du syndicat CFDT PTT de la Haute-Garonne, puis de l'Union régionale CFDT Midi-Pyrénées, est devenue membre du Bureau national, puis de la Commission exécutive de la CFDT et présidente de l'Unedic. Conseillère sociale à l'Ambassade de France en Espagne depuis le 1er juillet 2010, elle apporte un regard sur ses nouvelles responsabilités et sur la situation espagnole.
Fil Bleu. Comment conçois-tu ton rôle de conseillère sociale ?
Annie Thomas. Sous l’autorité de l’ambassadeur, j’analyse toutes les questions couvertes par les ministères sociaux : santé, travail, emploi, dialogue social, famille, dépendance, égalité entre les hommes et les femmes, immigration, etc. et j’en rends compte aux autorités françaises. J’ai aussi pour rôle de favoriser le rayonnement de notre pays en matière sociale en favorisant une meilleure compréhension de nos réalisations et de nos positions de manière à progresser ensemble dans la construction du modèle social européen. Ce point est extrêmement important pour moi. Je dois enfin faciliter et suivre l’application d’accords bilatéraux en matière sanitaire et sociale. Je peux citer à ce titre l’accord-cadre de coopération sanitaire franco-espagnol qui vient de trouver une première application avec l’inauguration en juin de l’hôpital de Puigcerdá, premier hôpital inter frontalier d’Europe.
La présidence espagnole de l’Union européenne s’est terminée le 30 juin, quel bilan ?
La présidence espagnole s’est déroulée dans un moment historiquement très fort. Je détacherais deux points en particulier : l’application du traité de Lisbonne et, bien sûr, la crise financière et économique qui frappe de nombreux pays européens et notre système monétaire. L’Espagne est elle-même particulièrement touchée. Malgré cela je peux témoigner que cette présidence a été portée avec brio. Elle a fait progresser les questions à propos de l’harmonisation économique, la priorité aux questions sociales et à la lutte contre la pauvreté, la protection des travailleurs déplacés. Elle a nourri l’élaboration de la stratégie pour l’Union européenne de 2020.
Quelle est la situation des retraités en Espagne ?
L’Espagne compte 9 millions de retraités. Le système espagnol est actuellement dans une situation financière très positive. Il a bénéficié de nombreux bonus démographiques avec l’arrivée des femmes et des émigrés sur le marché du travail. Mais la situation actuelle de crise diminue clairement les excédents. Se rajoute à cela l’espérance de vie qui est la deuxième au monde après le Japon. Le 29 janvier, le gouvernement a transmis à la Commission du pacte de Tolède un texte de réforme. Le processus de concertation est en cours. Notons parmi les propositions du gouvernement la volonté de porter l’âge légal de la retraite de 65 ans à 67 ans. De plus, les retraites seront gelées en 2011 excepté pour les retraites non contributives et les pensions minimales.
Qu’en est-il de la collaboration entre la France et l’Espagne ?
Cette collaboration est déjà très ancienne et très profonde. Elle s’exprime dans de nombreux secteurs, économiques, culturels, ceux liés à la sécurité, et aussi bien sûr diplomatiques.
L’Espagne est l’un de nos meilleurs partenaires au sein de l’Union européenne et nous partageons avec eux une fibre latine de par le monde. Le fonctionnement plus collectif au sein de la zone euro et dans le cadre du G 20 nous a encore rapprochés. En un mot, une relation faite de complicité, de coopération et d’amitié pour deux pays que ne séparent plus que les Pyrénées.
Propos recueillis par Jean-Pierre Bobichon