Blabla Banque. Le discours de l’inaction
Ce livre vise à déconstruire le discours du lobby bancaire à l’encontre des réformes bancaires et prudentielles dont il s’acharne le plus souvent à limiter la portée.
Le livre s’appuie sur la grille d’analyse proposée par Albert Hirschman dans Deux siècles de rhétorique réactionnaire dans lequel sont décrits « trois refrains de la rhétorique réactionnaire » : l’effet pervers (« le remède est pire que le mal ») ; l’inanité (« cela ne sert à rien ») ; la mise en péril (« ceci tuera cela »).
Hirschman s’intéressait aux réformes politiques et sociales. Couppey-Soubeyran transpose cette grille aux réformes bancaires.
La démonstration est plutôt réussie tant le lobby bancaire est parfois caricatural. Le troisième argument vise à faire prendre en compte le fait que l’économie pâtirait des règles mises en place, pour renforcer la sécurité du secteur bancaire et à faire passer la réglementation pour un étau. La stabilité financière mettrait en péril la croissance ? Il y a plutôt lieu de s’interroger quand un secteur bancaire pèse 4 à 5 fois de plus que le PIB sans être pour autant un véritable moteur de l’investissement des entreprises.
Pour conclure, l’auteure appelle à une plus grande transparence des données bancaires avec la création d’un « répertoire des données bancaires et financières » et à un équilibre subtil avec une réglementation qui protège sans déresponsabiliser. Pour qui s’intéresse aux rôles des banques dans l’économie et à la stabilité financière, ce livre est à lire et à méditer.
Jean-Pierre Moussy
261 pages. 19 €.