UNION CONFÉDÉRALE CFDT DES RETRAITÉS

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Des sangliers et des hommes


Longtemps cantonné aux forêts et aux haies, le sanglier est aujourd’hui aux portes de nos villes, responsable d’accidents routiers, de dégâts dans les champs ou de la transmission de maladies au bétail. Dès lors, des mesures de gestion et de régulation s’imposent au niveau des territoires.

Depuis quarante ans, le nombre de sangliers a progressé de manière exponentielle. De 35 000 animaux abattus dans les années 1970, on est passé à 800 000 en 2020. Dans le même temps, le nombre des collisions avec un véhicule a été multiplié par vingt et le montant des indemnisations versées aux exploitants agricoles augmente d’année en année.

L’accroissement de la population de sangliers s’explique par la gestion d’élevages, développés dans les années 1970 pour la chasse, par le changement climatique, les hivers plus doux, réduisant la mortalité naturelle, et par le déclin du nombre des chasseurs.

La plupart des espèces de gibiers font l’objet d’un plan de chasse annuel, négocié entre la fédération des chasseurs et l’État. Les mesures de gestion et de régulation résultent d’un compromis entre chasseurs, exploitants agricoles, pouvoirs publics et population. Lorsque les dégâts causés par les sangliers sont trop importants, l’État peut exiger un « accroissement de la pression de chasse », à savoir l’augmentation du nombre de prélèvements sur un territoire donné. Il peut accorder l’autorisation de piéger des sangliers, par un piégeur agréé. Il peut inciter une commune à organiser des « battues de décantonnement » destinées à effaroucher les sangliers et à leur faire quitter un territoire.

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Enfin, il peut décider d’une « battue administrative », sur un territoire. Les détenteurs de droit de chasse sont sollicités, accompagnés par des agents de la fédération de chasse et des lieutenants de louveterie, pour chasser le sanglier. Organisées sur une demi-journée, ces battues se déroulent en présence des services de l’État, qui rendent compte du nombre de prélèvements effectués.

Ces modes de gestion ne font pas l’unanimité et ont des résultats souvent décevants. Aussi, des expérimentations sont menées pour mieux comprendre comment les sangliers occupent un territoire et s’y déplacent, et imaginer comment l’homme et le sanglier pourraient mieux cohabiter.
Nicole Chauveau

Pour en savoir plus Sangliers. Géographies d’un animal politique, Raphaël Mathevet et Roméo Bondon, Actes Sud, « Mondes Sauvages », 2022.