Donnons nous les moyens de financer notre stratégie énergie climat 2/5
La Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable fixe le cap sur le développement durable. le Conseil économique, social et environnemental (Cese) appelle de ses vœux une planification visant à accélérer la transition écologique et la nécessaire prise en compte des réalités des personnes les plus modestes et les plus vulnérables.
Sommaire du dossier– Pour une transition écologique juste 1/5
– Donnons nous les moyens de financer notre stratégie énergie climat 2/5
– Un débat démocratique sur le financement de la transition écologique juste 3/5
– Les Sentinelles vertes au service de la transition écologique juste 4/5
– Questions à Fabien Guimbretière, responsable CFDT de la politique du développement durable 5/5
Méga feux en Grèce, au Canada, en Finlande, en France, en Algérie, en Australie, en Californie, en Sibérie, ouragans, canicules, inondations, fonte des glaces et des glaciers, montée des eaux, érosion des littoraux, disparition d’espèces sauvages, perte de récoltes, accroissement de la pauvreté, migrations accrues, propagation des virus, etc. Si les conséquences du réchauffement climatique se font de plus en plus sentir à l’échelle mondiale mais aussi localement en France, ce n’est malheureusement que la bande-annonce de ce qui nous attend si nous continuons sur cette trajectoire. Ensemble, nous devons agir pour éviter le scénario du pire.
La Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable fixe le cap sur le développement durable. Elle pointe quatre enjeux écologiques majeurs : le changement climatique, la raréfaction des ressources, la multiplication des risques sanitaires environnementaux et la perte accélérée de la biodiversité. À cela, on peut ajouter la sobriété énergétique, l’effet de serre, la déforestation, la qualité de l’eau, la qualité de l’air, et la destruction de la couche d’ozone. Lors de sa prise de fonction comme secrétaire générale de la CFDT, Marylise Léon affirmait : « Il faut accélérer et faire en dix ans ce qui n’a pas été fait depuis trente ans. »
Depuis plus d’un an, le Conseil économique, social et environnemental (Cese) appelle de ses vœux une planification visant à accélérer la transition écologique et la nécessaire prise en compte des réalités des personnes les plus modestes et les plus vulnérables. De son côté, dans son rapport sur les incidences économiques de l’action publique sur le climat, France Stratégie observe que « faute de délibérer sur les critères d’équité qui fondent l’action publique et faute de construire un consensus autour d’un concept partagé d’équité climatique, le risque est grand d’aboutir à une solution qui ne sera ni économiquement efficace, ni socialement juste ».
Réformer le bouclier tarifaire
L’avis du Cese, intitulé « Financer notre stratégie énergie-climat : donnons-nous les moyens de nos engagements », adopté à l’unanimité en février dernier, insiste lui aussi sur une meilleure justice sociale, notamment en réformant le bouclier tarifaire afin de mieux cibler les aides versées. Toujours selon le Cese, ce bouclier tarifaire ciblerait les ménages les plus vulnérables et les très petites entreprises.
Parfois comparée aux révolutions industrielles du passé, la transition climatique est toutefois bien différente. Si on se réfère à France Stratégie, elle doit être pilotée d’abord par les politiques publiques et non par les innovations technologiques et les marchés. « C’est un fait, note Thierry Beaudet, président du Cese, ce sont bien les politiques européennes qui ont décidé de l’abandon du moteur thermique dès 2035 en Europe, en bousculant les acteurs du secteur. »
Pour Jean Pisani-Ferry et Selma Mahfouz, auteurs du rapport de France Stratégie, comme pour Julia Grimault, rapporteure de l’avis du Cese, il faudra que l’État mobilise 60 à 70 milliards d’euros supplémentaires par an, soit 2 à 4 % du produit intérieur brut (PIB). Tout dépend du contenu qui sera donné à l’échelon politique. « Mais si l’échelon politique se cantonne aux experts et aux gouvernements en place, le degré de défiance existant risque de créer une multitude de vagues de protestations ou de résistances comparables peu ou prou aux gilets jaunes », prévient Thierry Beaudet. On voit donc que faute d’assise dans la société, faute de veiller à l’équité et à l’acceptabilité, l’idéal démocratique pourrait être remis en cause et nos démocraties vaciller.