Du temps et de l’attention pour les enfants de Manille
Être confronté à la réalité qu’est le quotidien des enfants philippins est parfois très dur. Cela n’a pas empêché Baptiste C. de partir à Manille pour donner. Il y reçoit une incroyable leçon de vie malgré les atrocités que les gamins ont dû traverser, et qui partagent une réelle joie de vivre. Témoignage.
Pourquoi as-tu pris la décision de consacrer une année de ta vie à cette expérience ?
J’ai eu l’occasion, durant mon cursus en école d’ingénieur, de m’impliquer dans la vie associative de mon école. Le fait de travailler avec une équipe volontaire et passionnée sans attendre de contrepartie m’a donné envie de pousser plus loin l’expérience, en mettant à profit cette passion. J’ai donc décidé de partir et de me mettre au service, de donner mon temps et mon énergie à ceux qui en ont le plus besoin, comme les enfants des rues de Manille.
Quelle est la situation des enfants de Manille ?
Manille est une métropole surpeuplée et surpolluée où la richesse côtoie la pauvreté. Certains de ces enfants vivent dans la rue. D’autres s’entassent dans les bidonvilles construits sur la Smokey Mountain, une immense décharge à ciel ouvert. Les conditions de vie de ces enfants sont tellement extrêmes qu’il est difficile de les décrire. Ceux vivant à la Smokey Mountain connaissent des conditions sanitaires très rudes et sont contraints de respirer les fumées émanant des fours à charbon. Ceux de la rue sont confrontés aux dangers liés à la prostitution et au trafic d’enfants très présents à Manille. Ils doivent se livrer à la mendicité et au vol pour se nourrir.
Quel est ton travail dans l’association dans laquelle tu t’es engagé ?
Je travaille pour la fondation « Tulay ng Kabataan » (www.tnkfoundation.org) qui signifie « un pont pour les enfants » en tagalog, la langue locale. Cette fondation, née en 1998, vient en aide à plus de 1 300 enfants à travers différents programmes. Les enfants concernés sont ceux qui n’ont plus de lien avec leur famille, ceux dont la famille ne peut supporter la charge, comme les enfants handicapés ou encore les enfants victimes d’abus ou impliqués dans des gangs. Dirigés par le père Mathieu Dauchez, les 150 employés philippins et les 6 volontaires français et espagnols œuvrent pour fournir un toit, de la nourriture, des soins et un accès à l’école à ces enfants répartis dans les 24 centres de la fondation.
Mon travail consiste à gérer l’approvisionnement des 24 centres en denrées périssables et non périssables. Cette première opération est appelée « feeding » et a lieu chaque semaine. La seconde est appelée « grocery ».Elle a lieu tous les mois. Je commence par récolter les besoins des différents centres, pour ensuite passer commande auprès de mes nombreux fournisseurs en négociant les prix, et, enfin, superviser la livraison et clore les comptes avec le comptable. Enfin, je démarche aussi les entreprises locales pour mettre en place des partenariats et obtenir des donations. Bien que cette mission soit très importante, il en est une autre tout aussi importante qui est celle de passer du temps avec ces enfants en organisant, par exemple, des entraînements de rugby, des projections de films ou, tout simplement, en leur donnant un peu d’attention car, avec le passé qu’ils ont vécu, c’est ce dont ils ont le plus besoin.
Propos recueillis par Guy Gouyet