UNION CONFÉDÉRALE CFDT DES RETRAITÉS

Action internationale


En Pologne, les retraités ne sont pas à la fête


Enseignante à l'Université, interprète, militante de Solidarnosc dès ses premières minutes en 1980, Teresa Zabza fut une des collaboratrices de Lech Walesa de 1983 à 1989. Retraitée, elle est toujours membre de la commission Entreprise à l'université de Gdansk, et de la commission Femmes de la Ferpa (Fédération européenne des retraités et personnes âgées affiliée à la CES). Analyse de l'évolution mouvementée des retraites.

En 1980, un premier mur tombait déjà. Celui des chantiers navals de Gdansk ébranlé par la grève des ouvriers. Lech Walesa, un modeste électricien fut interdit de chantier parce qu’il dirigeait la grève qui se terminera par les accords de Gdansk.

Il faudra attendre neuf ans pour vérifier les premiers changements. Le 4 juin 1989 se déroulent les premières élections parlementaires libres. À vrai dire semi-libres, car les communistes ne cédèrent pas si facilement.

Elles ont été les prémices de toute la série d’événements qui allaient bouleverser la géopolitique de l’Europe. Au cours de cette même année s’est tenue la table ronde ouvrant la voie aux conditions négociées de l’organisation d’une société libre, démocratique et indépendante.

Avant 1989, l’inflation galopait. Les prestations des retraites n’étaient pas valorisées. Le pouvoir d’achat des retraités baissait à la vitesse de l’éclair. La misère était pourtant moins différenciée qu’aujourd’hui. Les aspirations et exigences étaient moindres : un chien de garde toujours attaché se contente d’un plat de restes par jour.

Par contre, le système favorisait plusieurs catégories professionnelles. Les miliciens prenaient leur retraite après environ 15 ans de travail. Leur pension était convenable. Plus encore, ils pouvaient facilement trouver un travail, par exemple au vestiaire d’un restaurant, ce qui leur permettait d’établir des rapports aux services secrets tout en vendant en cachette de la vodka et des cigarettes.

Pas de pension garantie ?

Les retraites n’étaient pas énormes, mais l’argent ne manquait pas. Si le budget de l’État n’en avait pas suffisamment pour payer les salaires, le gouvernement puisait dans la caisse de retraites. Et inversement. Les gens ne vivaient pas très longtemps. Malades, ils ne demandaient pas de soins coûteux par méconnaissance de leurs droits. Dans les monstres industriels gérés par de fidèles « camarades », les accidents de travail décimaient les pensionnés potentiels.

En 1989 le niveau moyen annuel des retraites par rapport au niveau moyen des salaires s’élève à 48%. En 1995, cet indice est de 63% pour un montant moyen de 2 943 zlotys. Mais en 2008 il retombe à 42% : 1 252 zlotys soit un peu plus de 313 € (1).

Depuis peu, la revalorisation annuelle des retraites est une chose positive qui permet de maintenir le pouvoir d’achat. Malheureusement, pendant plusieurs années, cette valorisation avait été légalement supprimée. Pour cette raison, le rapport entre une retraite moyenne et un salaire moyen est actuellement plus bas que celui de 1989.

Maintenant on vit plus longtemps mais les écarts restent très grands. De nombreuses réformes sociales créent des règles différentes pour calculer les retraites... Jusqu’à l’absence de garantie d’une future pension pour celles et ceux de la génération née après les années 1960-65.

Teresa Zabza

(1) Quatre zlotys équivalent à environ un euro