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L’espérance de vie, espoir ou calcul fictif ?


Quand on évoque l’espérance de vie, on pense à l’espoir, celui du nombre d’années qu’il nous resterait à vivre. Or cette notion a été créée par les statisticiens qui ne sont pas des devins. En mathématiques, l’espérance est simplement l’autre nom donné à la « moyenne ».

Pour l’Académie française, c’est « la moyenne des valeurs possibles prises, pondérées par leurs probabilités ». Autrement dit, c’est un calcul fictif. Sur son blog, l’Insee explique ce qu’est l’espérance de vie à la naissance, à ne pas confondre avec l’âge moyen des décès des personnes nées une année donnée. En 2019, avant la pandémie de Covid-19, l’espérance de vie à la naissance des femmes était de 85,6 ans et celle des hommes de 79,7 ans.

Il s’agit de l’âge moyen auquel seraient décédés les femmes et les hommes qui auraient eu tout au long de leur vie les taux de décès par sexe et âge observés en 2019. Pour comprendre, l’Insee propose un exemple simplifié de calcul. Sur 100 personnes nées en 2019, on calcule combien décéderaient avant leur premier anniversaire « dans les conditions de mortalité de 2019 ».

Puis, sur les survivants, combien décéderaient avant leur 2e anniversaire en 2019. Et ainsi de suite jusqu’à ce qu’ils soient tous décédés. Il s’agit donc d’une « génération fictive » car personne n’aura au cours de sa vie à la fois 0 an en 2019, 1 an en 2019, 2 ans en 2019, etc. Pourquoi ne pas utiliser uniquement les données de l’état civil connues pour toutes les personnes effectivement décédées en 2019 et calculer l’âge moyen des personnes décédées ?

Le problème c’est que la population n’a pas la même structure par âge chaque année qui dépend fortement de la taille des générations nées par le passé. En 2014, 7 200 personnes sont décédées à 73 ans (nées en 1941), 11 200 en 2019 (nées en 1946).

L’espérance de vie devrait continuer d’augmenter

Or, pendant la seconde guerre, un creux des naissances a été constaté. En revanche, l’année 1946 a connu le début du baby-boom. De sorte que, mécaniquement, le nombre de décès a été beaucoup plus élevé en 2019, il y avait beaucoup plus de personnes âgées, alors même que la probabilité de décéder à 73 ans a diminué entre 2014 et 2019.

Une baisse de l’espérance de vie une année laisse généralement place à une hausse les années suivantes. C’est le cas en 2015 du fait d’un épisode grippal sévère (-0,2 an d’espérance de vie à la naissance pour les hommes et -0,3an pour les femmes). Il en a été de même en 2003, année de la canicule, l’espérance de vie a été freinée (-0,1an pour les femmes, +0,1 pour les hommes).

À chaque fois, l’espérance de vie est repartie à la hausse ensuite. L’une des causes est que les personnes fragiles décèdent plus tôt : ces décès « anticipés » diminuent d’autant ceux survenus l’année suivante.

En 2021, année où l’épidémie a entraîné des décès mais dans une moindre mesure par rapport à 2020, l’espérance de vie a remonté sans avoir retrouvé le niveau de 2019. Passé l’épidémie de la Covid-19, « l’espérance de vie devrait continuer d’augmenter » dans les années à venir selon les experts consultés pour établir les projections de population réalisées par l’Insee.

Source : Isabelle Robert Bobée, blog de l’Insee.