L’habitat des aînés au centre du colloque du Réseau francophone Ville amie des aînés
La journée du 1er juillet 2021 a été consacrée au changement de philosophie dans la prise en charge des personnes âgées au sein de leur habitat. Des débats ont eu lieu lors de six tables rondes qui ont permis une analyse approfondie.
Le secteur des personnes âgées est plus dispersé que celui des personnes handicapées. La synthèse des nombreux travaux de recherche et rapports s’avère difficile.
Conserver son chez-soi, c’est possible
Les aînés ont évolué, et une réflexion s’impose sur une nouvelle façon de les prendre en charge. Rester chez soi, c’est repenser les quartiers, les territoires. Il faut créer un écosystème de vie favorable aux personnes âgées.
On doit distinguer la politique de l’âge et celle de la perte d’autonomie. Le besoin est différent de l’envie. Le besoin est exprimé par l’entourage et l’envie par la personne âgée elle-même.
On parle d’habitat et non pas uniquement de logement. L’ensemble du milieu de vie doit être pris en compte :
– un logement intergénérationnel, connecté, adapté ;
– un logement accessible à tous, prenant en compte le montant médian de la retraite, soit 1 100 euros ;
– l’accompagnement lors du déménagement devra être prévu ;
– s’autoriser des expérimentations ;
– ne pas négliger l’adaptation de l’existant ;
– inventorier le dispositif de viager social ou solidaire
Le parcours de vie inclut le parcours de lien social, le parcours résidentiel et le parcours de soins
Jusqu’à présent, le système fonctionne en silo sans connexion entre les services et les intervenants. Il faut en sortir pour permettre de mieux partager les informations, par exemple signaler les bénéficiaires de l’allocation personnalisée d’autonomie (APA) au centre communal d’action sociale (CCAS) /centre intercommunal d’action sociale (CIAS).
Les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) sont indispensables dans le parcours résidentiel. Ils doivent désormais s’ouvrir sur l’extérieur en devenant une plateforme de soins intégrant kinésithérapeute, infirmier, podologue, diététicien. Les personnes âgées pourront venir profiter de services tels que la restauration, l’animation afin de dédramatiser la vision qu’ils pourraient avoir de l’Ehpad. Une réflexion est à mener sur l’évolution des contrats des Ehpad vers des contrats de bail et des contrats de services.
Anticiper l’adaptation de l’habitat pour les années à venir
Dans dix ans, les 75 à 84 ans vont augmenter de 47 %, déplaçant le centre de gravité des décisions politiques. Les agences régionales de santé (ARS) ne seront plus au premier plan, les communes seront directement concernées. Le schéma gérontologique pourrait devenir le schéma départemental transgénérationnel.
Des pistes sont à l’étude quant à l’adaptation du logement et des territoires au vieillissement :
– un portail unique de la demande ;
– un nouveau design pour l’aide : MaPrimAdapt (équivalent MaPrimRénov) plus simple avec une éligibilité plus large, une assistance à maîtrise d’ouvrage et le concours d’ergothérapeutes ;
– une articulation avec les dispositifs locaux pour éviter que MaPrimAdapt complique la vie des acteurs locaux ;
– un opérateur unique (Agence nationale de l’habitat [Anah] ou Caisse nationale d’assurance vieillesse [Cnav]/réseau Caisse d’assurance retraite et de la santé au travail [Carsat]) ;
– en cas de sortie d’hospitalisation, recours à une procédure d’urgence pour aménager l’appartement.
Ce colloque a été riche de réflexions sur l’évolution souhaitable de la prise en charge de nos aînés, tout au long d’un parcours qui préservera leur autonomie, leur permettra de rester à domicile et, si nécessaire, les mènera à l’Ehpad en passant par des logements alternatifs existants et/ou à inventer.
Sylvie Ruffié