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La Moldavie frappe à la porte de l’Union européenne


Petit pays coincé entre la Roumanie et l’Ukraine, la Moldavie se tourne résolument vers l’Occident face à une pression croissante exercée par la Russie. Avec pour objectif une entrée dans l’Union européenne à l’horizon 2030.

Une marée de drapeaux aux couleurs de l’Union européenne flottait sur la place centrale de Chisinau, la capitale de la Moldavie, le 21 mai dernier. Environ 75 000 personnes s’étaient rassemblées pour clamer leur désir de rejoindre l’Union européenne. La population répondait à l’appel de leur présidente Maia Sandu, favorable à une intégration de son pays « aussi rapide que possible ». Cet empressement n’a rien de surprenant. La Moldavie est en effet prise d’une inquiétude existentielle depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

Ce petit pays, de 2,6 millions d’habitants, est une ancienne république soviétique. Il comprend en outre une enclave pro-russe de 300 000 habitants, la Transnistrie, dont le statut reste incertain à la suite d’un conflit gelé depuis le début des années 1990. Autant d’éléments qui peuvent laisser craindre un scénario à l’ukrainienne.

Guerre hybride

Serguei Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères, interrogé sur une chaîne TV russe le 2 février dernier, disait sans détour que la Moldavie pourrait bien suivre le même chemin que l’Ukraine. « Sa présidente, installée par l’Occident à la tête de l’État selon des méthodes pas vraiment démocratiques, se jette elle-même dans les bras de l’Otan », justifiait-il alors.

La rhétorique a beau être habituelle, la menace est tout de même prise au sérieux à Chisinau, qui dénonce régulièrement les tentatives de déstabilisation de l’État orchestrées par la Russie. Une guerre hybride sur fond de désinformation, de provocations et de cyberattaques vise à raviver les tensions, au point que l’Union européenne annonçait au printemps l’envoi en Moldavie une mission civile d’une quarantaine d’experts en sécurité.

La Moldavie affiche les couleurs de l’Union europénne.
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Du rêve à la réalité

C’est donc pour garantir son intégrité et son attachement à la démocratie que la Moldavie frappe à la porte de l’Union européenne. « L’Europe est bien plus qu’un slogan politique, c’est un mode de vie, un rêve qui doit devenir réalité, le seul chemin pour que nos enfants puissent vivre en paix », a déclaré Maia Sandu. La Moldavie a obtenu, comme l’Ukraine, le statut de candidat officiel à l’adhésion à l’Union européenne en juin 2022 et espère une intégration avant 2030. Il reste à ce petit pays, le plus pauvre d’Europe, de nombreuses réformes institutionnelles à mener à bien pour rentrer dans les clous des critères européens. La lutte contre la corruption n’est pas le moindre de ces chantiers. C’est précisément sur cet engagement que l’actuelle présidente a été élue en 2020.

Solidarité syndicale

Les difficultés économiques n’ont pas empêché les Moldaves de faire preuve de solidarité vis-à-vis de leurs voisins ukrainiens depuis le début de l’invasion russe en février 2022. Le pays a accueilli 700 000 réfugiés depuis le début de la guerre, 100 000 y vivent encore. Le monde syndical en Moldavie a largement contribué à cet effort. La confédération nationale des syndicats de Moldavie (CNSM) a hébergé dans ses locaux des familles de réfugiés et fourni une aide humanitaire indispensable.

Le mouvement syndical européen, de son côté, très mobilisé aux côtés de la population et des syndicats ukrainiens, manifeste la même solidarité vis-à-vis des Moldaves. Preuve de cet engagement, la CNSM, comme ses homologues ukrainiens, rejoignait officiellement la Confédération européenne des syndicats (CES) à la fin de l’année 2022.

[Marie-Nadine Eltchaninoff