La chute du mur de Berlin, 30 ans après
Rostropovitch prend place à l’heure des journaux télévisés de la mi-journée. Il s’assoit et positionne son violoncelle sur un pan du mur de Berlin tombé à terre.
Nous sommes le 11 novembre 1989. Il interprète les Suites de Bach. Celles-là mêmes que le virtuose catalan Pablo Casals, dit-on, travailla pendant douze ans avant d’oser les jouer en public. Le Russe a, lui, le bonheur de vivre la fin du régime politique qui l’avait banni.
La chute du mur de Berlin signe l’effondrement du régime soviétique et met un terme au « partage du monde » dont les deux Allemagnes et la partition de Berlin étaient la « preuve matérielle ». La commercialisation des « bouts de mur » dans les coffrets CD de Rostropovitch et ailleurs permet à tous ceux qui, durant des décennies, se sont battus contre le totalitarisme de conserver une preuve de « leur » victoire.
La dissidence à l’Est
La CFDT peut s’enorgueillir d’avoir pesé en soutenant de manière indéfectible ceux qu’on appelait dissidents. Mais surtout en accompagnant l’émergence d’un syndicalisme qui ne soit pas inféodé au parti unique, en particulier en Pologne, dès 1970. Les accords de Gda ?sk, en 1980, affirment : « L’activité des syndicats en Pologne populaire n’a pas répondu aux espoirs et aux aspirations des travailleurs. On estime qu’il serait utile de créer des syndicats nouveaux autogérés qui seraient une représentation authentique de la classe laborieuse. » Le premier syndicat libre du bloc soviétique, Solidarno ??, sera interdit l’année suivante mais continuera à exercer une influence déterminante sur le cours de l’histoire. En 1988, il obtient des élections libres. En août 1989, la Pologne a le premier gouvernement non communiste en Europe de l’Est depuis les années 1940. La Hongrie emboîte le pas…
L’URSS ne réagit pas. Depuis 1985, les effets « glasnost » et « perestroïka » de Mikhaïl Gorbatchev tentent de sortir l’URSS de l’impasse économique et sociale communiste. Le Conseil européen de Strasbourg, les 8 et 9 décembre 1989, lui rend un hommage appuyé. « Une évolution aussi profonde, aussi rapide, n’eût pas été possible sans la politique d’ouverture et de réforme menée par M. Gorbatchev. » Václav Havel devient président de la République tout comme Lech Wa ??sa. Que des amis, pour la CFDT ! Mais ce n’est pas la révolution de velours partout. Ceau ?escu, le Roumain, est renversé, condamné à mort, et exécuté avec sa femme.
Le rôle des syndicats
Si l’Allemagne se réunifie à la suite de la chute du mur sans trop d’encombres, la dissolution du glacis soviétique mène à la guerre en Europe. Sudètes et Balkans, l’histoire bégaye. De nouvelles frontières délimitent de nouveaux États, quinze depuis 1989. La construction européenne s’ouvre aux anciens États du bloc de l’Est. L’effondrement des régimes communistes conduit à une recomposition territoriale et politique qui, trente ans après, continue à dérouler ses conséquences idéologiques et culturelles.
Nous n’avons plus de ces contradicteurs qui faisaient de l’Allemagne de l’Est un modèle en matière de pédagogie, de médecine, de prise en charge des handicapés, ou d’entraînements sportifs ! Cette alternative au capitalisme a échoué mais ce n’est pas la fin de l’histoire ! Le socialisme réellement existant, comme on disait, avait comme corollaire la négation des corps intermédiaires. Nous avons contribué, avec la Confédération européenne des syndicats, à l’émergence de vrais syndicats. Cette question des corps intermédiaires reste d’actualité partout en Europe et en particulier en France où le syndicalisme de proposition est malmené. C’est notre tâche de le promouvoir, ce syndicalisme, même à la retraite.
Gérard Lopez