UNION CONFÉDÉRALE CFDT DES RETRAITÉS

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La presse cherche la bonne route


La perte de confiance dans les médias est une tendance de fond. La diffusion des journaux est en baisse. Le pluralisme de l’information est mis à mal par la constitution de grands groupes de presse écrite et audiovisuelle. La presse quotidienne nationale fait figure d’exception. Elle a gagné 5,4 % l’an dernier. Les états généraux de l’information ont ouvert un chantier : « Avenir des médias d’information et du journalisme ».

Les chiffres restent moins bons qu’en 2021. La diffusion approchait les 3 milliards d’exemplaires de journaux diffusés (8,1 millions diffusés chaque jour) contre 2,7 milliards en 2022. La hausse du prix du papier suite à la guerre en Ukraine, l’augmentation considérable des coûts de l’énergie, la réduction des effectifs, l’engouement pour le numérique, etc. sont autant d’éléments qui expliquent la baisse de la diffusion de la presse écrite.

Le média télévision connaît, lui aussi, une baisse d’audience. Jean-Pierre Frank, retraité des Dernières Nouvelles d’Alsace et fidèle aux journaux télévisés, constate que « par le passé, les rédactions étaient à la fois soucieuses de traiter des sujets d’actualité aussi bien en politique nationale qu’internationale, alors qu’aujourd’hui, les reportages concernent avant tout les centres d’intérêt des téléspectateurs. »

Défendre le pluralisme de l’information

Dans le courrier daté du 25 juillet 2023, la CFDT Journalistes, le syndicat CFDT de l’édition (SNLE) et la fédération F3C-CFDT s’adressaient au ministre du Travail et aux organisateurs des états généraux de l’information lancés le 3 octobre. Ils dénoncent « la constitution de grands groupes de presse écrite et audiovisuelle qui entraîne un rétrécissement progressif du pluralisme de l’information, alors que les médias continuent d’avoir une place prépondérante dans le fonctionnement de notre démocratie ».

Ils constatent « l’accaparement des marchés, la constitution de ces empires qui entraînent aussi un appauvrissement de l’offre par les échanges et reprises d’un titre à l’autre des mêmes contenus éditoriaux ». La presse quotidienne nationale fait figure d’exception. Le Monde gagne 5,26 % en 2022-2023 indique l’Alliance pour les chiffres de la presse et des médias (APCM) Le Figaro : + 1,25 %, Libération : + 6,07 %. Seules les ventes de cette famille de presse grand public progressent (5,4 % sur un an) à 1,4 million d’exemplaires par parution dont environ les deux tiers sont désormais en numérique (928 000 exemplaires, en hausse de 20 %).

Ces titres avaient investi dans le digital. Pour Libération (près de 67 000 abonnés), le numérique représente désormais près des trois quarts de sa diffusion payée (un total de 90 000 exemplaires) en 2020.

Le succès du numérique

La fréquentation des sites numériques est orientée à la hausse. Le journal Ouest France (plus de 629 000 exemplaires vendus dont 97 000 pour le Web) est l’un des rares titres régionaux à enregistrer une progression (+ 0,5 %) en 2021.

Livrée à domicile et par portage, la presse papier quotidienne régionale et départementale était moins pressée d’investir le terrain numérique. Elle enregistrait un repli de 2,3 % à 6,6 millions de numéros au total par parution.

Les Français restent pourtant attachés à la presse papier dont ils apprécient la qualité. Pour les annonceurs, la publicité sur le papier est encore perçue comme un levier disposant d’un impact plus fort que la publicité sur le Web.

Lors des états généraux de l’information, citoyens et acteurs du secteur débattront de l’organisation, de l’éthique, de l’économie, de l’emploi, des conditions de travail et de leur avenir. Les neuf mois de travaux pourraient déboucher sur des propositions de réforme à l’été 2024.

[Denis Ritzenthaler